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SWAHILI

Naissance et histoire d'une communauté

Afrique orientale : côte swahili du X<sup>e</sup> au XV<sup>e</sup> s. - crédits : Encyclopædia Universalis France

Afrique orientale : côte swahili du Xe au XVe s.

L'histoire et l'archéologie révèlent l'ancienneté des échanges entre la péninsule arabique, le golfe arabo-persique et la côte orientale de l'Afrique. On possède quelques témoignages antérieurs à l'islam sur le commerce exercé par des Égyptiens et des Grecs qui troquaient sur la côte du métal et de la verrerie contre de l'ivoire, des écailles de tortues, de la myrrhe, des aromates et des esclaves. Mais après la naissance de l'islam, les chroniques et les récits des géographes sont plus précis. Ainsi al-Mas‘ūdī (mort en 956 env.), qui a fait deux voyages sur la côte orientale, fournit les premières indications sur l'existence d'établissements permanents dont la population mixte – musulmane immigrée et africaine – parle une langue locale qui, d'après le faible corpus de mots notés, pourrait déjà être le swahili. Par la suite, on cite beaucoup de mouvements d'immigration : d'Oman, de Daybul (nord-ouest de l'Inde), du golfe arabo-persique (aristocratie shirazi). D'abord installées à Mogadiscio, les familles shirazi se répandront vers le sud. Associées aux autres négociants arabo-musulmans et dominant une population africaine maintenue en semi-esclavage, elles contrôleront, pendant plusieurs siècles, des cités commerciales riches et puissantes, qui peu à peu deviendront autonomes les unes par rapport aux autres. Au xive siècle, le grand voyageur Ibn Baṭṭūta se réfère expressément à la communauté swahili lors de son voyage entre Mogadiscio et Kilwa. C'est l'époque où cette dernière ville, située au sud de la Tanzanie actuelle, impose sa prédominance aux établissements plus petits de la côte de Sofala et même, un moment, à Pemba et à Zanzibar.

Bâtie en « pierre de corail », Kilwa possédait des édifices (palais, mosquées, tombes) à l'architecture très riche, comme les fouilles menées par N. Chittick l'ont révélé. Elle était le nœud commercial pour l'or qui provenait du Zimbabwe et était échangé contre des cotonnades de fabrication locale. Comme la plupart des villes côtières, elle était entourée de plantations qui assuraient son ravitaillement en produits frais. Ce sont des villes très actives et très riches que les Portugais découvriront quand Vasco de Gama franchira le cap de Bonne-Espérance, en 1497-1498. Les ports étaient fréquentés par des dhows, ou boutres, de tout l'océan Indien, qui débarquaient des porcelaines, des soieries, des produits de luxe. La langue swahili était alors parlée sur toute la côte, et son utilisation par des commerçants navigateurs explique la richesse de sa terminologie maritime. Les Portugais s'installeront, au départ, à Malindi, qui désirait s'affranchir de la tutelle des principautés shirazi, et ils s'y imposeront avec une violence inouïe. En quelques années, Kilwa sera ruinée, avant d'être détruite lors de l'invasion zimba en 1587.

C'est plus au nord que la résistance s'organise, à Mombasa, qui a récupéré une grande partie de l'activité commerciale de Kilwa. Assiégé à partir de 1589 par les Portugais et les Zimba, le sultan de Mombasa tente une expédition contre Malindi ; il échoue, et les Européens s'emparent de sa ville en 1592. Ils y bâtissent Fort-Jésus. Le sultan d'Oman, après avoir recruté une armée parmi les révoltés de Pate, les en chasse le 13 décembre 1698. Toutes les villes, alors, tout en conservant leur autonomie, reconnaissent la suzeraineté d'Oman ; certaines, telle Malindi, disparaîtront. C'est Mombasa qui dominera sous la dynastie des Mazrui, jusqu'à ce que le sultan d'Oman, Sayyid Saïd Ben Sultān, s'installe à Zanzibar, au début du xixe siècle. Il y encouragea la culture du giroflier et développa le commerce à longue distance à l'intérieur[...]

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Écrit par

  • : anthropologue, maître de conférences à l'École des hautes études en sciences sociales

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Afrique orientale : côte swahili du X<sup>e</sup> au XV<sup>e</sup> s. - crédits : Encyclopædia Universalis France

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