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GERMAIN SYLVIE (1954- )

Sylvie Germain - crédits : Sophie Bassouls/ Sygma/ Getty Images

Sylvie Germain

Sylvie Germain est née en 1954 à Châteauroux. Dès ses études de philosophie, elle jette les fondements d'un univers très personnel. Dans son mémoire de maîtrise, elle étudie la métaphysique de l'ascèse dans la mystique chrétienne. Le jeu du visible et de l'invisible chez Vermeer et Watteau est au centre de son D.E.A. en esthétique. Quant à son doctorat de 3e cycle, elle y explore, sous l'inspiration d'Emmanuel Levinas, le thème du visage comme manifestation de l'autre.

L'image qui éveille son premier désir d'écriture romanesque est celle de la lutte de Jacob avec l'ange. Il lui faut deux romans (Le Livre des nuits, 1985, et Nuit d'ambre, 1987) pour explorer les remous de la mémoire personnelle et collective que soulève cette image insaisissable. La question du mal y est posée à travers l'évocation des guerres qui ont sévi régulièrement dans la zone frontalière des Ardennes où vivent les personnages, êtres mythiques, parfois à la limite du monstrueux, appartenant à la dynastie des Péniel, nom du lieu où Jacob lutta avec l'ange.

Les premiers romans de Sylvie Germain sont rarement lus dans la perspective d'une quête de sens dans la nuit du doute et du mal. L'écrivain est plutôt reconnu pour la puissance de son imaginaire, la luxuriance de son écriture, l'univers mystérieux des forêts et des rivières auquel appartiennent ses livres. Elle obtient le prix Fémina dès son troisième roman, Jours de colère (1989). Il s'agit à nouveau d'une fable, liée à ce monde terrien où elle a forgé son identité : elle a passé son enfance entre la Lozère, les Vosges et le Morvan. Dans Jours de colère une autre forme de lutte se joue dans les forêts du Morvan, celle qui oppose Ambroise Mauperthuis, saisi par la passion du pouvoir et de la possession de la terre et des êtres, à Edmée Verselay, vieille femme lumineuse.

Opéra muet (1989) ouvre la série des romans citadins. Dans ces livres, plus dépouillés, la violence et la souffrance se révèlent davantage intériorisées, liées à la solitude, à la désillusion, à la trahison de l'amour et de ses promesses. Le personnage de ce récit est un photographe dont l'art et la vie s'étiolent à la suite d'un désastre amoureux ; une fresque publicitaire peinte sur un mur lui tient lieu de compagnie. Quand le mur s'écroule, Gabriel, ayant perdu tout repère et toute prise sur le monde, s'effondre à son tour. La présence des tableaux, de l'image obsédante est très forte dans les livres de Sylvie Germain. Dans L'Enfant méduse (1991), situé dans les marécages de la Brenne, une petite fille, victime d'un inceste, se crée à force de révolte et de douleur, un regard de Méduse. Le livre s'ouvre sur une éclipse de soleil et se clôt sur la description d'une fresque de Taddeo Gaddi, représentant une Nativité baignée dans une trouble lumière d'éclipse qui, cette fois, est porteuse d'apaisement et d'espérance.

L'écriture de Sylvie Germain s'incarne profondément dans les lieux. Son séjour à Prague (1986-1993) lui inspire trois livres : La Pleurante des rues de Prague (1992), Immensités (1993), Éclats de sel (1996). Le premier est le récit d'une errance à travers les rues et la mémoire de Prague. L'image d'une géante claudicante, au corps lourd bien qu'immatériel, bruissant de larmes, apparaît et disparaît à chaque étape de ce parcours. Elle est l'image de la détresse humaine, de tous les chagrins laissés pour compte. Dans Immensités, Sylvie Germain raconte l'histoire d'un homme, dissident pris dans les drames d'une paternité douloureuse et d'un amour perdu, et qui ne retrouve que lentement un équilibre après le changement survenu dans son pays en 1989. À force de ruptures, il parvient à une liberté intérieure qu'il ne soupçonnait pas.[...]

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Sylvie Germain - crédits : Sophie Bassouls/ Sygma/ Getty Images

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