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SYMBOLE

L'interprétation symbolique

Interpréter un symbole, c'est évidemment se demander de quoi il est symbole. La psychanalyse, l'histoire de l'art (du moins celle qui ne se contente pas d'assurer la chronologie) se posent la question d'une manière très apparente : il en est de même, d'une manière plus seconde mais tout aussi importante, à l'intérieur d'une problématique des « langages » qu'ils soient « naturels » ou mathématiques. Que représente exactement le signe +, le signe −, ou le signe =, ou tout autre ? On a dit : une opération à effectuer sur des grandeurs. Mais ils représentent tout autant l'existence d'un système où ces opérations sont possibles. Le graphisme = a ainsi double statut : en tant que signe, il marque l'équivalence ; en tant que symbole, il marque la possibilité d'un système d'équivalences. Mais entre quoi et quoi ? Si j'écris :

ce n'est pas la même chose que si je note « 1 kilo de pommes = 1 franc » ou que je suggère « le lion = le courage ». Dans le premier cas, on a affaire au symbole logico-mathématique stricto sensu, dans le sens où Ortigues définit celui-ci comme « tendant à ramener la question du sens à une question de syntaxe, d'expression bien formée, de telle sorte qu'au simple examen de la formule on puisse juger de sa validité ». Dans le deuxième cas, le symbole = indique les possibilités d'existence, et en même temps le résultat du marché proposé ; il implique un accord, un consensus pour payer tel objet à tel prix, faute de quoi la transaction ne peut se faire. Dans le premier cas, il y avait convention et accord sur la convention ; dans le deuxième, il y a proposition (sociale) et accord (social) sur la proposition. Dans le troisième cas, il y a également proposition (qui relève plus du mythologique que du sociologique), mais l'accord général qui règne à son propos repose sur une convention, ce qui revient partiellement au premier cas. L'essentiel est de pouvoir conclure que le symbole logico-mathématique n'est pas neutre. Il est certes extérieur à ceux qui le formulent ou qui doivent l'appliquer, mais les conditions de cette prescription sont, elles, contingentes, immanentes, en un mot : socialisées.

Les progrès spectaculaires de la linguistique depuis quelques décennies ont attiré à juste titre l'attention sur les conditions de la communication. Mais cet intérêt s'est manifesté le plus souvent en excluant du champ de l'observation la réalité d'une dimension symbolique du langage. Tel qu'il sert de base depuis Martinet à tous les travaux sérieux dans le domaine linguistique, le principe de la double articulation a éclipsé en partie la possibilité d'intégrer l'étude des faits de symbolisation à l'intérieur de la réflexion linguistique, qui était encore entière chez Saussure avec la célèbre distinction du signifiant et du signifié. La distinction entre monèmes et phonèmes, si capitale par ailleurs, laisse de côté tout le symbolisme qui est à l'œuvre dans la communication ; on ne le considère que de manière marginale, en notant sa présence, dans une certaine mesure, au stade phonétique (allitération, assonance, intonation, rythme et débit, etc. : mais il ne s'agit plus là de phonèmes en tant que tels). En termes de linguistique, le symbole, adhésion libre à un pacte, s'oppose au signal, producteur de réflexes conditionnés ou servant à un traitement de l'information, et au signe, qui suscite simplement et le plus souvent arbitrairement une réaction pertinente. Le symbole apparaît ainsi parasitaire, trop chargé de contenu émotif ou affectif pour une théorie du langage, lors même que celle-ci rencontre à tout instant des faits de symbolisme.

Il en est ainsi par exemple du code de la route,[...]

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  • : conseiller en musique du xxe siècle, producteur à France-Musique

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