SYMBOLISME Littérature
Des hommes et des œuvres
Les générations symbolistes
Au moins quatre générations littéraires participent au symbolisme, à des degrés divers. Il y a d'abord celle des maîtres, quadragénaires au début du mouvement : Villiers, Verlaine, Mallarmé. Contemporains des naturalistes et des parnassiens, comme Anatole France et Catulle Mendès, ils ont participé au premier Parnasse contemporain. Bien que Verlaine ait publié maints recueils avant 1884, leur notoriété – et puis la gloire – commence avec la constitution de l'ensemble symboliste. On peut y ajouter Huysmans, Bourget, Bloy nés vers 1850, qui ont déjà produit des œuvres d'importance. Peu d'entre eux participent au mouvement, mais ce sont les aînés immédiats, et ils servent de référence à la génération symboliste proprement dite. C'est la génération de Mirbeau, Loti, Maupassant.
La véritable génération des symbolistes naît entre 1855 et 1865 : c'est celle d'Émile Verhaeren et Georges Rodenbach, de Jean Lorrain, Jean Moréas, Remy de Gourmont, Albert Samain, Péladan, Kahn, Laforgue, Charles Morice, Félix Fénéon, Saint-Pol-Roux, Van Lerberghe, Le Roy, Maeterlinck, Elskamp, Ghil, Barrès, Paul Adam, Marie Krysinska, Quillard, Henri de Régnier, Francis Vielé-Griffin, Fontainas...
Enfin, la dernière, trop jeune pour participer à l'élaboration même du symbolisme, naît autour de 1870 et a donc vingt ans à peu près à l'époque du mouvement : Marcel Schwob, Léon Daudet, Claudel, Jammes, Gide, Valéry, Pierre Louÿs, Royère, Paul Fort, Camille Mauclair, Jarry.
On n'aura garde d'oublier Tristan Corbière (1845-1875) et surtout Arthur Rimbaud dont l'œuvre était inconnue avant 1884 et dont Illuminations furent publiées en 1886.
La génération née vers 1860 a constitué le système littéraire symboliste. C'est elle qui fait le succès d'À rebours et la gloire de Verlaine. Peu d'écrivains de cet âge échappent au symbolisme, et tous en sont marqués à des degrés divers, même Rosny aîné ou Paul Margueritte qui commencent une carrière de romanciers naturalistes, mais répudient Zola en 1887 (le Manifeste des cinq). Pour elle, en effet, le symbolisme n'est pas seulement une école qu'on peut railler. C'est, en un autre sens, une condition faite à la vie littéraire. Ainsi l'historien est-il autorisé à parler d'un système symboliste des lettres françaises, duquel nul ne peut s'abstraire. On peut lire Poil de carotte sans penser à Mallarmé, mais non L'Écornifleur sans deviner une situation de la littérature propre à ce temps – et Jules Renard est un des fondateurs du Mercure de France.
Les revues symbolistes
Là encore, trois « générations » de revues. Sans doute la presse et les grandes revues, souvent critiques, accompagnent la naissance et le développement du symbolisme en s'ouvrant progressivement à ses représentants. Néanmoins, le phénomène des « petites revues », précédant d'ailleurs le symbolisme, est caractéristique des années 1880. D'abord, jusqu'en 1885, des revues comme La Nouvelle Rive gauche, qui devient Lutèce (dirigée par Léo Trézenik), abritent, sans exclusive, les écrivains « décadents ». Leur programme est surtout de rendre compte, de façon souvent provocante, de la « modernité » littéraire. Ainsi, avec un autre ton, des revues belges telles que l'Art moderne d'E. Picard et La Jeune Belgique (1881) ; La Société nouvelle (Verhaeren, Maeterlinck) à Bruxelles (1884) et l'Élan littéraire d'A. Mockel (Liège) qui en 1886 deviendra La Wallonie, ou, à Paris, de la Revue indépendante en 1884, de la Revue contemporaine en 1885.
Les Taches d'encre de Barrès (1884) prélude à une vague nouvelle de revues plus doctrinaires : en 1885, La Revue wagnérienne dirigée par Dujardin et, en 1886, Le Décadent, La Pléiade[...]
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Écrit par
- Pierre CITTI : docteur d'État, ancien élève de l'École normale supérieure, professeur de littérature française à l'université de Tours
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