SYNAGOGUE
Le mot synagogue, qui est l'appellation courante du lieu du culte juif, est un terme grec dont l'origine historique n'est pas déterminée. Il est attesté dans la traduction grecque de la Bible (LXX) et dans les écrits de Flavius Josèphe, où il désigne d'abord « l'assemblée des fidèles » (kenesset) pour devenir ensuite le nom spécifique de la maison où cette assemblée se réunit pour la prière (beth ha-kenesset). Dans le sanctuaire antique, l'espace consacré à la divinité – qu'elle fût évoquée par un symbole ou par une statue – n'était accessible qu'aux prêtres et aux officiants. Le Temple de Jérusalem, centre spirituel et cultuel du judaïsme jusqu'à sa destruction en 70 de notre ère, appartenait également à ce type de sanctuaire, avec la seule différence que l'espace sacré y demeurait vide, le vide étant la seule expression adéquate du Dieu transcendantal de la religion juive. La création d'un nouveau type d'édifice religieux ne fut que le signe extérieur de la transformation profonde qui bouleversa la vie religieuse du Proche-Orient et de l'Occident au début du Ier millénaire de notre ère. Le cadre architectural suscité par cette transformation prit naissance au sein de la civilisation juive. Ce nouveau type d'édifice allait devenir le modèle de tout lieu cultuel destiné au service des trois grandes religions monothéistes, modèle respecté encore de nos jours.
Les chercheurs avancent aujourd'hui l'hypothèse qu'en dehors de la Terre sainte il y eut des synagogues avant la destruction du sanctuaire de Jérusalem, notamment à Babylone, durant l'exil, à Shedia, dans la banlieue d'Alexandrie (iiie siècle avant notre ère). Des salles ayant servi à des offices religieux se trouvaient aussi dans les grands ensembles construits sous Hérode, à Hérodion et à Massada. Toutefois, le véritable essor de l'architecture synagogale n'est attesté qu'à partir du iiie siècle, au moment de la réorganisation de la vie religieuse par les autorités rabbiniques.
La réalisation architecturale des synagogues doit beaucoup aux modèles des constructions contemporaines, notamment aux basiliques gréco-romaines. Toutefois, la disposition interne des édifices, tout en subissant des modifications au cours des siècles, fut déterminée par certains postulats traditionnels. Déduites de textes bibliques ou d'enseignements rabbiniques, les prescriptions essentielles concernaient l'orientation des édifices vers Jérusalem (Daniel VI, 11), leur situation sur un lieu en élévation (Tosefta, Megilla, 4, 23) ou près d'eaux vives (Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XIV, 258 ; Actes des Apôtres XVI, 13), et la constitution d'un espace réservé aux femmes, comme cela avait déjà été pratiqué dans le Temple de Jérusalem (« parvis des femmes »).
Toute réalisation architecturale, dans la mesure où elle implique l'intervention de nombreux corps de métier, est dépendante des formes d'expression contemporaines, le style des synagogues – comme d'ailleurs celui des églises et des mosquées –, témoigne ainsi d'une grande diversité au cours d'une histoire qui s'étend sur près de deux mille ans.
Les synagogues en Terre sainte. IIIe-VIIe siècle
Une centaine d'édifices ont été mis au jour par les fouilles en Palestine. La plupart datent du iiie-ive siècle et un petit nombre de synagogues ont été construites jusqu'au viie siècle. Après l'écrasement de la révolte de Bar Kokhba (134 de notre ère), la Galilée devint le centre intellectuel et religieux du judaïsme, placé sous l'autorité des rabbins. Les synagogues galiléennes forment un groupe assez homogène, dans leur plan et dans leur décor. Les constructions en pierre de taille abritaient une salle principale, que trois rangées de[...]
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Écrit par
- Dominique JARRASSÉ : professeur d'histoire de l'art à l'université de Bordeaux-III
- Gabrielle SED-RAJNA : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S.
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