SYNDICALISME
On ne peut parler de mouvement ouvrier avant la révolution industrielle. Cela ne veut cependant point dire qu'il n'y avait pas, auparavant, de travailleurs organisés au sein d'institutions spécifiques, mais les corporations de l'Ancien Régime relèvent d'une autre logique que celle du syndicalisme né du machinisme et de la séparation du travail et du capital.
Les syndicats ont pour objectif général la défense des intérêts des salariés face aux intérêts des employeurs. Leur fonction ainsi définie, on pourrait penser que les mouvements syndicaux, tels qu'ils se sont développés dans les divers pays à la faveur de l'extension progressive de la révolution industrielle, sont fondamentalement semblables.
Or, il n'en est rien. En effet, l'étude comparative des organisations syndicales actuelles montre qu'il en existe une variété considérable et, de plus, qu'elles présentent entre elles de véritables antagonismes. À l'origine de ces antagonismes, il y a la multiplicité des sociétés globales, dont l'institution syndicale est une des expressions. C'est ainsi qu'après 1917 et surtout 1945 une véritable coupure s'est progressivement instaurée entre, d'une part, le syndicalisme des pays « occidentaux » industrialisés et, d'autre part, celui des pays de l'Est européen ; si cette division est aujourd'hui en voie de résorption, une coupure continue d'être observée entre les formes d'organisation syndicale des pays développés et celles des pays du Tiers Monde. Par ailleurs, au sein de chacune de ces grandes catégories on peut observer des particularités nationales parfois très accusées. Enfin, à l'intérieur d'un seul et même pays peuvent coexister, pour différentes raisons, des modes d'organisation et des orientations syndicales fort différentes
Pour rendre compte de ces différences on peut – par analogie avec le titre d'un tableau célèbre de Gauguin (D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?) – s'intéresser successivement à l'histoire de la constitution du syndicalisme, à la description de ses structures actuelles, enfin aux problèmes auxquels il se trouve et se trouvera de plus en plus confronté.
Histoire du mouvement syndical
Il est possible de décrire l'histoire du mouvement syndical selon une démarche ternaire : sa naissance s'opère dans une période où il lui faut faire reconnaître sa légalité, son essor se réalise ensuite dans le cadre d'une législation qui définit sa nature et son domaine d'intervention ; son institutionnalisation se marque enfin parfois par une consécration constitutionnelle au plan national et plus généralement par la mise en place à différents niveaux – y compris au niveau international avec l'Organisation internationale du travail (O.I.T.) – de structures tripartites.
Naissance du mouvement syndical
Trois caractéristiques marquent l'histoire du mouvement syndical ouvrier dans les grandes nations occidentales, les premières à s'industrialiser : une série de révoltes ouvrières, la lutte pour imposer une reconnaissance légale, les efforts pour trouver des formes d'organisation originales.
Partout, les premières manifestations spécifiquement ouvrières sont violentes. Les nouvelles machines sont perçues comme créatrices de chômage. Aussi presque tous les pays s'éveillant à l'industrie connaissent-ils des troubles analogues au « luddisme », du nom de Ludd, qui participa au bris de machines et aux émeutes survenus en 1811 dans les Midlands. Mais, bien plus encore, l'exploitation qui n'est contestée par personne et la misère ouvrière qui caractérisent la première phase du capitalisme et que révèlent en Grande-Bretagne les rapports des inspecteurs de fabrique ou en France les enquêtes ouvrières comme celle du docteur Villerme[...]
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Écrit par
- Guy CAIRE : professeur de sciences économiques à l'université de Paris-X-Nanterre
- Thomas LOWIT : chargé de recherche au C.N.R.S.
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