SYNDICALISME
Structures des organisations syndicales
La compréhension de l'organisation syndicale passe aussi par un regard porté sur les appareils dont se dotent les travailleurs, ce qui va nous conduire à examiner successivement les formes d'organisation possibles et les modes de fonctionnement employés
Formes d'organisation
Les organisations syndicales peuvent être décrites à travers les modalités de recrutement des adhérents et les structures d'encadrement mises en place.
La fonction de recrutement
On peut adhérer à un syndicat à partir de différents critères qui donneront naissance à des organisations syndicales différentes.
– Le syndicalisme de métier est la forme la plus ancienne, à tel point que certains ont pu voir en lui, à tort, un prolongement du système corporatif. Concernant des travailleurs qualifiés, le syndicalisme de métier est un syndicalisme d'élite conduit par une série de mesures (règles relatives à l'apprentissage, parfois monopole de l'embauche, etc.) à pratiquer une politique de raréfaction de l'offre pour faire monter le prix de la force de travail. L'organisation syndicale des ouvriers de la presse parisienne en fournit encore actuellement un exemple. Mais, avec la division du travail, l'évolution économique engendre l'éclatement des métiers et la parcellisation du travail en même temps que l'apparition de spécialisations nouvelles. Parallèlement, le phénomène de concentration économique conduit les organisations syndicales à faire prévaloir les solidarités économiques de l'industrie sur les solidarités sociales du métier, minant ainsi cette forme d'organisation qualifiée de « vieil unionisme ».
– Le syndicalisme d'industrie est lié à la seconde révolution industrielle, marquée par le phénomène de la taylorisation et l'irruption, de ce fait même, des ouvriers spécialisés sur la scène économique. Syndicalisme de masse, cette forme d'organisation, dite « nouvel unionisme », entraîne, au niveau de l'action syndicale, l'apparition de tactiques nouvelles (manifestations de rue pour faire pression sur les pouvoirs publics, occupations d'usines pour contraindre l'employeur), et également au niveau de l'organisation, une délégation accrue des pouvoirs et une centralisation accentuée de la décision.
– Le syndicalisme d'entreprise, qui caractérise le système de relations industrielles japonais basé sur l'engagement à vie mais qui particularise aussi le syndicalisme des entreprises multinationales, rompt sans doute avec les solidarités de formation professionnelle ou de secteur d'activité mais en crée d'autres, notamment internationales. Privilégiant l'optique financière, il est une tentative d'adaptation de la lutte ouvrière au terrain même de l'adversaire.
– Le syndicalisme d'union générale, comme par exemple les Teamsters (camionneurs) américains, regroupe des effectifs importants pouvant relever des secteurs d'activité les plus divers et de métiers très différents. Cette forme d'organisation peut être adoptée parce que certaines catégories délaissées par des modalités d'organisation plus traditionnelles peuvent trouver là un accueil, ce qui semble la situation américaine ; elle peut aussi être la conséquence de regroupements de syndicats de métier ou d'industrie à effectifs insuffisants, ce qui paraît être la situation britannique ; elle peut enfin tout simplement résulter de la faiblesse des effectifs syndicables, ne permettant pas l'éclosion de modalités d'organisation plus élaborées, ce qui caractérise un grand nombre de pays sous-développés
– Le syndicalisme de catégorie ne constitue pas un retour au syndicalisme de métier puisque, par exemple, quoique pratiquant le même métier, des enseignants pourront se retrouver[...]
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Écrit par
- Guy CAIRE : professeur de sciences économiques à l'université de Paris-X-Nanterre
- Thomas LOWIT : chargé de recherche au C.N.R.S.
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