KESSLER SYNDROME DE
Dans un article publié le 1er juin 1978 dans la revue scientifique américaine Journal of GeophysicalResearch, les auteurs Donald J. Kessler et Burton G. Cour-Palais, deux experts de la NASA, identifiaient le risque d’une multiplication exponentielle du nombre de débris spatiaux (ou débris orbitaux) sous l’effet de collisions mutuelles, prévoyant déjà la création d’une ceinture formée par ces objets ou fragments d’objets autour de la Terre. Venant menacer à terme les activités spatiales, ce phénomène sera popularisé quelques années plus tard sous le nom de syndrome de Kessler.
La genèse du syndrome de Kessler
Quelques publications antérieures faisaient déjà état de la présence de débris laissés en orbite lors des opérations spatiales (étages supérieurs de lanceurs, satellites usagés, sangles, capots de protection des optiques des satellites…). Dès 1963, six ans seulement après le lancement de Spoutnik 1, premier satellite artificiel, Ernest W. Peterkin, de l’US Naval Research Laboratory, constatait que la moitié des objets en orbite autour de la Terre (on parle de population orbitale) étaient en fait des débris spatiaux – c’est-à-dire des objets ou fragments d’objets artificiels non fonctionnels – pour la plupart générés par des explosions accidentelles.
Donald Kessler, qui a commencé sa carrière en 1962 à la NASA en tant qu’astrophysicien, a d’abord été chargé d’étudier les météorites constituant l’environnement spatial auquel étaient confrontées les premières missions spatiales. Il s’est ensuite intéressé aux débris orbitaux et à leur mode de production, identifiant rapidement deux sources principales : les explosions de satellites et d’étages de fusée ; les collisions d’objets spatiaux entre eux. De telles collisions génèrent un grand nombre de débris secondaires : on estime ainsi que l’impact d’un débris d’un gramme sur une simple plaque métallique génère plus de cent grammes de nouveaux débris. Ce constat a amené Kessler et son collègue Cour-Palais à imaginer une réaction en chaîne, chaque débris générant un grand nombre de nouveaux débris, qui à leur tour en produisent d’autres, et ainsi de suite… En 1991, Kessler publie un article complémentaire qui met en équation sa théorie des débris et montre que la première région de l’espace à subir ce phénomène sera la zone autour de la Terre comprise entre 700 et 1 100 kilomètres d’altitude, là où se trouvent la plupart des satellites d’observation. Dans cette région, il prédit que, même dans le cas d’une suspension totale des activités spatiales (arrêt des lancements de satellites) et dans le cas idéal d’une absence d’explosion, le nombre d’objets orbitaux continuerait de croître pendant de nombreuses années.
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Écrit par
- Christophe BONNAL : ingénieur expert senior à la direction des lanceurs du Centre national d'études spatiales (CNES), président de la commission débris spatiaux de l'Académie internationale d'astronautique
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Média
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