KESSLER SYNDROME DE
La réalité du syndrome de Kessler
Depuis l’élaboration du syndrome de Kessler, nous ne savons toujours pas formellement si cette réaction en chaîne a démarré, car la modélisation des phénomènes de collision en orbite et du devenir des débris associés est extrêmement complexe. Même si une grande partie des débris finit par se disloquer et se détruire en entrant dans la haute atmosphère, force est cependant de constater que la masse de la population orbitale a crû continûment depuis 1957 (7 500 tonnes en 2017), tout comme le nombre de débris (18 200 objets de plus de 10 cm en orbite en juin 2017 contre 3 866 en 1978). Plus de 310 objets en moyenne viennent grossir chaque année la population orbitale, ce qui correspond à la borne basse prédite par Kessler (320). Ces débris proviennent notamment de deux événements majeurs : le premier, en 2007, est dû à l’explosion volontaire par la Chine d’un de ses satellites non fonctionnels pour tester l’efficacité d’un missile ; le second, en 2009, résulte de la collision accidentelle de deux satellites de communication en orbite basse (Cosmos 2251, satellite russe hors service, et Iridium 33, satellite américain alors en fonctionnement).
Pourtant, la communauté internationale avait déjà réagi à cette pollution spatiale en proposant des règles de bonne conduite. La première était celle de la NASA en 1995, préparée par Donald Kessler, devenu le premier directeur du bureau chargé des débris de l’agence spatiale américaine. Ont suivi les réglementations japonaise en 1997 et française en 1999, avant d’aboutir au premier texte international, publié en 2002 par l’Inter-Agency Space Debris Coordination Committee (IADC) et approuvé à l’unanimité des onze agences spatiales majeures. Ce texte a été étendu, en mai 2011, à toutes les activités spatiales, institutionnelles ou privées, via une norme ISO (International Organization for Standardization) couvrant tous les volets des débris spatiaux.
Malheureusement, cette réglementation est mal suivie, n’étant appliquée que dans 60 p. 100 des cas environ, ce qui est insuffisant pour endiguer l’augmentation de la population orbitale. De plus, de nouvelles pratiques qui consisteront, à partir de 2019, à lancer des grappes de plusieurs milliers de satellites en orbite basse font craindre une augmentation bien plus forte encore de ces débris dans un avenir proche.
Espérons que les mesures mises en place permettront de réagir à cette pollution spatiale qui risque de compromettre l’utilisation de l’espace dont dépendent désormais de nombreuses activités humaines (météorologie, observation de la Terre, géolocalisation, diffusion des chaînes télévisuelles, accès à Internet…).
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Écrit par
- Christophe BONNAL : ingénieur expert senior à la direction des lanceurs du Centre national d'études spatiales (CNES), président de la commission débris spatiaux de l'Académie internationale d'astronautique
Classification
Média
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