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SYNTHÈSE, philosophie

Pour présenter la synthèse, on s'inspirera plus particulièrement de deux philosophes qui ont fait d'elle un moment essentiel de la pensée : Kant et Hegel. Kant introduit la distinction entre les jugements analytiques, qui élucident et expliquent un concept sans communiquer d'information nouvelle (par exemple : « Tous les corps sont divisibles »), et les jugements synthétiques, qui sont informatifs et associent deux concepts différents (par exemple : « Tous les corps sont pesants »). La synthèse est un acte effectif de l'esprit qui « ajoute » un concept à un autre et doit, pour ce faire, s'autoriser soit de l'expérience (jugement synthétique a posteriori) soit de l'intuition pure et de l'expérience possible (jugement synthétique a priori). Plus profondément, la synthèse est, chez Kant, l'acte fondamental de l'esprit par lequel il unifie le divers ; le concept est précisément cette fonction d'unification. « Tout objet est soumis aux conditions nécessaires de l'unité synthétique du divers de l'intuition dans une expérience possible » (Critique de la raison pure). Si penser, c'est « connaître par des concepts », c'est donc aussi effectuer des synthèses.

Chez Hegel, le développement dialectique de la pensée comporte trois moments que l'on a pris l'habitude de nommer respectivement thèse, antithèse, synthèse et que Hegel désigne parfois comme « immédiateté » « médiation » et Aufhebung (ce que l'on peut traduire par le fait de « supprimer en conservant »). Ainsi, l'être pur se voit opposer le non-être, et le devenir constitue l'unité dynamique de l'être et du non-être. L'être sortant de son immédiateté se trouve médiatisé par le non-être et réciproquement ; en se déterminant, l'être et le non-être prennent une forme nouvelle ; ils sont harmonisés en un tout qui les dépasse et résout la contradiction première. La synthèse est la forme supérieure de la pensée.

— Françoise ARMENGAUD

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Écrit par

  • : agrégée de l'Université, docteur en philosophie, maître de conférences à l'université de Rennes

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