SYPHILIS
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La syphilis – familièrement « vérole », anciennement « mal français » ou « mal de Naples » – est une maladie infectieuse sexuellement transmissible (IST) due à la bactérie Treponema pallidum .
La maladie est contagieuse, transmissible en général par les rapports sexuels, beaucoup plus rarement par accident (piqûre), par voie sanguine (transfusion), ou par voie transplacentaire (mère à fœtus : syphilis congénitale).
C'est une maladie à évolution cyclique où l'on distingue, en cas d'absence de traitement :
– la syphilis récente, qui comprend la période d'incubation (25 jours en moyenne), les accidents classiques primaires (45 jours en moyenne), les accidents classiques secondaires (de 1 à 2 ans), la syphilis sérologique récente (du début de la contamination jusqu'à la troisième année) ;
– la syphilis latente, lorsque les lésions récentes ont disparu et que seule persiste la positivité de la sérologie ;
– la syphilis symptomatique tardive(phase tertiaire), survenant cinq, dix ou vingt ans après la contamination chez trois malades sur quatre, qui peut se signaler sous forme de manifestations cutanées ou viscérales, notamment cardio-vasculaires ou nerveuses.
La syphilis est imprévisible dans son évolution, capable de simuler de nombreuses autres affections, d'atteindre tous les tissus, tous les organes et de rester latente pendant des années.
C'est enfin une maladie bénigne si elle est traitée précocement, grave si elle est méconnue ou négligée.
La syphilis a provoqué pendant des siècles une terreur certaine, largement évoquée dans la littérature dès son apparition en Europe au xve siècle, puis en particulier à partir des années 1880. Avec la découverte de la pénicilline, certains l'ont crue éradiquée. Il n’en est rien et la maladie est plutôt en progression régulière. Ainsi, pour la seule année 2022, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estimait qu’environ 8 millions de sujets dans le monde ont été nouvellement infectés ou réinfectés.
Traits historiques de la syphilis
Deux grandes théories s'affrontent quant à l'origine de la syphilis :
– La « théorie colombienne » affirme que la maladie, inconnue jusque-là en Europe, a été importée en mars 1493 par les marins de Christophe Colomb, de retour des Antilles.
– La « théorie uniciste » estime que la tréponématose aurait existé dès la préhistoire, mais qu'on l'aurait confondue avec d'autres maladies, notamment la lèpre ; aussi en existe-t-il dans le monde des formes très différentes suivant les conditions climatiques, sociales, économiques, et la syphilis actuelle ne serait qu'une de ces formes. On connaît aussi des tréponématoses à transmission non vénérienne, tels la pinta (Amérique du Sud), le pian (Amérique centrale, Antilles, Afrique, Asie du Sud-Est), la syphilis endémique ou béjel (climats chauds et secs).
Les arguments archéologiques (présence de lésions osseuses caractéristiques ou probables sur les squelettes) ne se sont pas révélés conclusifs. Les données de paléogénomique (recherche de l’ADN du tréponème dans des os humains), sans être totalement conclusives, sont plutôt très en faveur d’une origine américaine de la maladie. Sa diffusion en Europe – extraordinairement rapide – serait alors bien liée au retour des marins européens.
Il faut attendre le xixe siècle pour que l'on prescrive iode, iodure et sels de mercure comme traitements. C'est dans les premières années du xxe siècle qu'une préparation arsenicale – le Salvarsan, encore appelé 606, popularisé par la chanson « La formule 606 », de 1910 – administrée par voie intraveineuse, transforme le pronostic de la maladie.
L'introduction de dérivés du bismuth en 1921 allait compléter le traitement. Les cures alternées d'arsenicaux et de bismuth[...]
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Écrit par
- Michel POITEVIN : docteur ès sciences naturelles, ancien chef de l'unité de biologie des tréponématoses, Institut Alfred-Fournier, centre collaborateur de l'Organisation mondiale de la santé
- André SIBOULET : chef de consultation à l'hôpital Saint-Louis, ancien directeur de l'Institut Alfred-Fournier
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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