SYPHILIS
La syphilis, ou vérole, est une maladie infectieuse due au tréponème de Schaudinn et Hoffmann.
C'est une maladie essentiellement contagieuse, transmissible en général par les rapports sexuels, beaucoup plus rarement par accident (piqûre), par voie sanguine (transfusion), ou par voie transplacentaire (mère à fœtus : syphilis congénitale). Elle est totalement différente de la blennorragie ou « chaude-pisse » (cf. m.s.t.).
C'est une maladie à évolution cyclique où l'on distingue, en cas d'absence de traitement :
– la syphilis récente, qui comprend la période d'incubation (25 jours en moyenne), les accidents classiques primaires (45 jours en moyenne), les accidents classiques secondaires (de 1 à 2 ans), la syphilis sérologique récente (du début de la contamination jusqu'à la troisième année) ;
– la syphilis latente, lorsque les lésions récentes ont disparu et que seule persiste la positivité de la sérologie ;
– la syphilis symptomatique tardive (phase tertiaire), survenant cinq, dix ou vingt ans plus tard chez trois malades sur quatre, qui peut se signaler sous forme de manifestations cutanées ou viscérales, notamment cardio-vasculaires ou nerveuses.
C'est encore une maladie imprévisible dans son évolution, capable de simuler de nombreuses autres affections, d'atteindre « tous les tissus, tous les organes » et de rester latente pendant des années.
C'est enfin une maladie bénigne si elle est traitée précocement, grave si elle est méconnue ou négligée.
Le caractère épidémiologique de la syphilis a entraîné pendant des siècles une certaine terreur. Avec la découverte de la pénicilline, certains l'ont crue exterminée. Or, d'après les statistiques de l'O.M.S., il existait en 1995 dans le monde 30 millions de syphilitiques et la permissivité en matière de pratiques sexuelles n'a pas contribué à réduire ce nombre depuis lors.
Cela exige donc une bonne connaissance des aspects cliniques, des conditions du diagnostic, de la responsabilité du malade devant sa maladie, puisqu'il s'agit d'une maladie sexuelle transmissible.
Origine
Deux grandes théories s'affrontent quant à l'origine de la syphilis :
– La théorie colombienne, ou américaine, affirme que la maladie, inconnue jusque-là en Europe, a été importée en mars 1493 par les marins de Christophe Colomb, au retour des Antilles (cf. tableau). Cette théorie a d'ardents défenseurs.
– La théorie uniciste estime, d'une part, que la tréponématose aurait existé dès la préhistoire, mais qu'on l'aurait confondue avec d'autres maladies, notamment la lèpre ; d'autre part, qu'il existe dans le monde des formes très différentes suivant les conditions climatiques, sociales, économiques ; la syphilis actuelle ne serait qu'une de ces formes. À côté de la syphilis actuelle, à transmission essentiellement vénérienne, on cite en effet des tréponématoses à transmission non vénérienne, tels la pinta (Amérique du Sud), le pian (Amérique centrale, Antilles, Afrique, Asie du Sud-Est), la syphilis endémique (climats chauds et secs).
En faveur de la théorie uniciste, on a fait appel à des arguments archéologiques. Rokhlin aurait identifié la syphilis sur des squelettes provenant de Russie centrale et datant de 2000 avant J.-C.
L. Christensen (1962) donne un avis contraire, puisque, après avoir étudié seize mille cinq cents crânes venant de toutes les parties du monde, il conclut que les lésions osseuses de la syphilis ne se manifestent qu'après l'année 1500 de notre ère.
Des dizaines de millions d'individus moururent de cette maladie en l'absence d'une thérapeutique vraiment efficace.
Il fallut attendre le xixe siècle pour que l'on prescrivît iode et iodure. C'est en 1910 qu'une préparation arsenicale administrée par voie intraveineuse[...]
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Écrit par
- Michel POITEVIN : docteur ès sciences naturelles, ancien chef de l'unité de biologie des tréponématoses, Institut Alfred-Fournier, centre collaborateur de l'Organisation mondiale de la santé
- André SIBOULET : chef de consultation à l'hôpital Saint-Louis, ancien directeur de l'Institut Alfred-Fournier
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Médias
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