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SYPHILIS

Schéma évolutif de la maladie

Évolution de la syphilis acquise non traitée - crédits : Encyclopædia Universalis France

Évolution de la syphilis acquise non traitée

C'est par une excoriation cutanéo-muqueuse, en général lors d'un rapport sexuel, que le tréponème s'insère dans l'organisme. S'il se développe normalement, il déclenche l'apparition d'une syphilis récente, qui va suivre son destin classique d'évolution au grand jour (fig. 2). Mais le tréponème peut aussi évoluer de façon inapparente ; cette possibilité est, actuellement, de plus en plus fréquente, du fait de la prescription d'antibiotiques pour les maladies les plus banales. Cette infection, à évolution extrêmement lente, va se développer en plusieurs phases.

Période d'incubation

La période d'incubation, c'est-à-dire le nombre de jours entre le moment de la contamination et l'apparition du premier signe clinique, est silencieuse (de 2 à 5 semaines, en moyenne 25 jours). Toutefois, en présence de lésions préexistantes (herpès, balanite par exemple), l'examen au fond noir peut mettre en évidence des tréponèmes dès le septième jour. Il existe actuellement des cas où la période d'incubation est prolongée de quatre, cinq voire six semaines et même plus. Cette période est impossible à préciser, d'une part, quand il s'agit des femmes, chez lesquelles l'« accident initial », le chancre primaire, passe le plus souvent inaperçu, d'autre part, après des traitements intempestifs par des antibiotiques qui, en outre, peuvent modifier l'aspect du chancre et retarder la séroconversion. À ce stade de la maladie, les réactions sérologiques sont négatives.

Période primaire

La période classique primaire est représentée par le chancre et son adénopathie satellite. Le chancre siège au point d'inoculation ; il est constitué en cinq à six jours. Ses caractéristiques typiques sont : une petite érosion (exulcération) unique, arrondie ou ovalaire, à contours régulièrement tracés, de quelques millimètres à 1 à 2 centimètres de diamètre, indolore, siégeant sur une base indurée, s'accompagnant d'une adénopathie (augmentation de volume d'un ganglion) de voisinage.

En réalité, de nos jours, le chancre d'inoculation peut revêtir des aspects cliniques extrêmement divers, tel l'aspect multiple : 18 p. 100 des chancres génitaux (R. Degos) ; l'aspect ulcéreux : sur 2 300 cas de syphilis récente observés en sept ans par Degos, 25 p. 100 de chancres sont constitués par des ulcérations profondes (un aspect particulièrement fréquent chez les Africains) ; l'aspect inflammatoire : l'adénopathie satellite peut même perdre ses caractères classiques (ganglion unique non douloureux) pour être constituée de ganglions multiples et inflammatoires. Le chancre peut occuper une localisation atypique telle que le pubis (siège fréquent chez les Nord-Africains), le méat (intérieur ou périphérie), l'urètre (déclenchant dans ce cas une sécrétion purulente qui peut faire penser à tort à une blennorragie), ou la région anale.

Chez la femme, le chancre génital n'est pas dépisté dans 95 p. 100 des cas, d'où les difficultés de l'éradication de l'infection syphilitique.

Enfin, aussi bien chez l'homme que chez la femme, les chancres de l'amygdale, de la langue et des lèvres ne sont pas exceptionnels.

C'est à ce stade primaire qu'il importe de faire le diagnostic de la maladie en recherchant le tréponème au microscope à fond noir, à partir d'un prélèvement effectué directement sur le chancre. En cas de résultat négatif, il faut ponctionner le ganglion satellite pour rechercher les tréponèmes dans le suc ganglionnaire. Normalement traité, le chancre guérit en quelques jours. Le danger de la maladie provient du fait que, même non traité, le chancre disparaît spontanément en trente à quarante jours environ. Mais, à ce stade, les réactions sérologiques commencent à[...]

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Écrit par

  • : docteur ès sciences naturelles, ancien chef de l'unité de biologie des tréponématoses, Institut Alfred-Fournier, centre collaborateur de l'Organisation mondiale de la santé
  • : chef de consultation à l'hôpital Saint-Louis, ancien directeur de l'Institut Alfred-Fournier

Classification

Médias

Syphilis : origine - crédits : Encyclopædia Universalis France

Syphilis : origine

Évolution de la syphilis acquise non traitée - crédits : Encyclopædia Universalis France

Évolution de la syphilis acquise non traitée

Autres références

  • ARSENIC

    • Écrit par
    • 4 498 mots
    • 2 médias
    ...monosodique ou Tripoxyl (formule 1) et le N-phénylglycinamide-p-arsinate de sodium (formule 2). L'acétarsone (formule 3) a été employé dans le traitement de l'amibiase et dans celui de la syphilis. Associé à la quinine, l'acétarsone a été préconisé dans le traitement du paludisme.
  • ATAXIE

    • Écrit par
    • 132 mots

    Perturbation de la motricité (volontaire et involontaire) qui fait suite à une altération de la sensibilité profonde. La possibilité de mouvements normaux sous le contrôle de la vue contraste dans l'ataxie avec les troubles qui se produisent dès l'occlusion des yeux. Lorsque ses yeux sont fermés,...

  • CHANCRES

    • Écrit par
    • 436 mots
    • 1 média

    Désignation traditionnelle de certaines ulcérations cutanées ou muqueuses qui accompagnent l'inoculation de certains microbes : tréponème de la syphilis, bacille de Ducrey, bacille de Koch. Le chancre syphilitique survient trois semaines après la contagion. Sur les muqueuses,...

  • EHRLICH PAUL (1854-1915)

    • Écrit par
    • 682 mots
    • 1 média

    Savant allemand, prix Nobel de médecine (1908), qui a largement contribué à la naissance ou au développement de nombreuses disciplines biologiques telles que l'hématologie, l'immunologie, la chimiothérapie, la pharmacologie et la cancérologie. Né en Silésie, neveu d'un fabricant...

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