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SYPHILIS

La syphilis n'est pas héréditaire

La femme enceinte peut, par voie placentaire, transmettre des tréponèmes au fœtus à partir de la douzième semaine d'aménorrhée. Avant cette date, on estime que le tréponème ne peut franchir la membrane cellulaire des villosités choriales. Cependant, plus la syphilis maternelle est récente et proche de l'accouchement, plus le risque de contamination du fœtus est élevé, bien que le placenta ne soit pas forcément traversé, comme le prouvent certaines observations dans lesquelles, sur deux jumeaux, un seul naît syphilitique.

La syphilis du nouveau-né ne dépend en aucune façon de caractères héréditaires. L'expression syphilis congénitale (ou prénatale) a remplacé le terme hérédosyphilis. Elle désigne une maladie infectieuse acquise, due à la méconnaissance de la syphilis maternelle. Cette syphilis congénitale est actuellement rare en France du fait, d'une part, de la pratique systématique du dépistage sérologique obligatoire au troisième mois de la grossesse, d'autre part, des examens sérologiques prénuptiaux.

Chez le nouveau-né, l'infection syphilitique peut se manifester dès la naissance : il s'agit alors d'une syphilis congénitale précoce.

À côté de cette forme visible, il existe dans 30 p. 100 des cas environ une syphilis congénitale latente que l'on peut dévoiler par la mise en évidence de la syphilis chez la mère et une sérologie positive chez le nourrisson : présence d' anticorps fœtaux spécifiques de type IgM. Mais un nouveau-né sain, non syphilitique, peut présenter à la naissance des réactions sérologiques positives lorsqu'on examine le sang pris au cordon ; ces réactions peuvent rester positives durant trois à six mois. En effet, la mère, correctement traitée, peut garder des anticorps résiduels de type IgG, et ceux-ci sont capables de traverser le placenta. Cela entraîne parfois des discussions sur le plan thérapeutique. En cas de doute, on n'hésitera pas à traiter l'enfant par la pénicilline.

La syphilis congénitale peut aussi se manifester tardivement, qu'il s'agisse d'une syphilis latente révélée à l'occasion d'une enquête familiale ou d'un sérodiagnostic des tréponématoses (40 p. 100), ou bien d'une syphilis révélée par un accident évolutif (60 p. 100).

En conclusion, la base de la prophylaxie de la syphilis congénitale réside dans la détection et le traitement de la syphilis de la mère avant le quatrième mois de la grossesse. Un examen sérologique du sang du cordon à la naissance doit être systématiquement pratiqué pour rechercher l'existence d'IgM spécifique. Mais cela n'exclut pas l'existence d'une syphilis materno-fœtale aiguë très récente. D'où l'importance du suivi clinique et sérologique mère/enfant. Sauf en cas de lésions cicatricielles, le traitement par la pénicilline donne d'excellents résultats. On se méfiera particulièrement d'une possibilité de réaction d'Herxheimer due à la destruction brutale des tréponèmes sous l'influence de traitement (fièvre, maux de tête, etc.). Enfin, malgré sa rareté actuelle, la syphilis congénitale constitue une affection redoutable.

C'est à tort qu'on a rattaché à la syphilis congénitale des malformations, osseuses notamment, et des maladies mentales qui sont dues à d'autres facteurs, soit eux-mêmes infectieux (rubéole), soit hormonaux, soit métaboliques.

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Écrit par

  • : docteur ès sciences naturelles, ancien chef de l'unité de biologie des tréponématoses, Institut Alfred-Fournier, centre collaborateur de l'Organisation mondiale de la santé
  • : chef de consultation à l'hôpital Saint-Louis, ancien directeur de l'Institut Alfred-Fournier

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Syphilis : origine - crédits : Encyclopædia Universalis France

Syphilis : origine

Évolution de la syphilis acquise non traitée - crédits : Encyclopædia Universalis France

Évolution de la syphilis acquise non traitée

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