- 1. Géographie de la Syrie
- 2. La Syrie avant la conquête arabe
- 3. La Syrie musulmane
- 4. La domination ottomane
- 5. Britanniques et Français
- 6. Le régime des colonels
- 7. Luttes pour l'indépendance politique
- 8. Stabilité retrouvée et consolidation du pouvoir du général Hafez al-Assad
- 9. Les longues années de « transition »
- 10. Succession dynastique et nouveaux enjeux régionaux
- 11. Révoltes de la société et résistance du régime Assad
- 12. Chronologie contemporaine
- 13. Bibliographie
SYRIE
Nom officiel | République arabe syrienne (SY) |
Chef de l'État et du gouvernement | Bachar al-Assad (depuis le 17 juillet 2000). Premier ministre : Hussein Arnous (depuis le 11 juin 2020) |
Capitale | Damas |
Langue officielle | Arabe |
Unité monétaire | Livre syrienne (SYP) |
Population (estim.) |
23 434 000 (2024) 2
|
Superficie |
185 180 km²
|
Article modifié le
Révoltes de la société et résistance du régime Assad
Le système Assad renouvelé au cours de la décennie 2000 paraît « stabilisé » dans une forme d'autoritarisme modernisé, à défaut d'être réformé. Le président lui-même semble s'en illusionner lorsqu'il répond au Wall Street Journal (31 janvier 2011), à l'heure où les « printemps arabes » commencent à ébranler le régime de Moubarak, après avoir fait chuter celui de Ben Ali, que la Syrie est à l'abri de tels développements. Cet aveuglement est démenti en mars 2011 à Deraa, une petite ville agricole du sud, laissée complètement à l'écart de la modernisation des années 2000.
La naissance du « volet » syrien du printemps arabe
Les protestations commencent après l'arrestation et la torture par les services de sécurité de quinze jeunes collégiens qui avaient inscrit sur des murs, par imitation des révolutions tunisienne et égyptienne (les images vues sur Al-Jazirah), le slogan « Le peuple veut la chute du régime ». La ville de Deraa se mobilise massivement dans des manifestations pacifiques, réprimées par des unités prétoriennes du régime (commandées par le frère du président, Maher al-Assad) ; les images de la répression violente provoquent en retour des protestations dans d'autres régions rurales ou périphériques des villes, par effet d'imitation, dans ces périphéries elles aussi délaissées par la modernisation, et qui étaient, dans les années 1970-1980, le pilier sunnite rural du régime Assad d'où sont issus de nombreux cadres baassistes.
Plus généralement, la circulation des images et les conversations sur les réseaux sociaux provoquent un effondrement du « mur de la peur », qui était un levier mis en place par le régime Assad (père, puis fils), comme en témoignait le rôle central des services de renseignement. Les multiples revendications socio-économiques mobilisent les larges « périphéries » du régime, tous ceux dans le monde rural mais aussi urbain (et qui représentent une majorité) qui ne profitent pas de ce régime, n'ont pas accès à ses réseaux pour obtenir au mieux un petit emploi permettant de survivre et n'ont aucune perspective en Syrie. Ces revendications se politisent (par exemple autour de la question de la levée de l'état d'urgence, régulièrement renouvelé malgré les promesses, de la libération des prisonniers, de la fin de la censure, etc.) et se cristallisent autour de slogans génériques de plus en plus politiques, demandant la liberté (huriyya), la dignité (karama), ou l'humanité (insaniyya), reprenant des slogans entendus en Tunisie, en Égypte et en Libye. L'attitude du pouvoir, qui fait la sourde oreille et engage la répression, nourrit rapidement une rage politique exigeant « la chute du régime ». Des mobilisations massives, non sectorielles (pas seulement les libéraux et la gauche comme en 2000, les Kurdes comme en 2004), interclassistes (des jeunes désœuvrés côtoient leurs congénères des classes moyennes), non dirigées par un courant politique (mais organisées par des coordinations locales à la base, reliées par des réseaux sur Internet et des pages Facebook), non armées et pacifiques (le slogan selmiyye, « pacifiquement ») tentent de prendre le contrôle de l'espace public. La jeunesse de la population joue un rôle important, une jeunesse présente massivement, même si la Syrie se trouve en pleine transition démographique (plus différenciée qu'ailleurs, les sunnites et les Kurdes étant moins avancés que d'autres groupes de la société syrienne). La population syrienne a augmenté d'un quart au cours des années 2000 et un tiers des Syriens environ a moins de quinze ans.
L'engrenage de la violence
La spécificité de la trajectoire syrienne dans les « printemps arabes » est la résistance du régime Assad,[...]
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Écrit par
- Fabrice BALANCHE : maître de conférences à l'université de Lyon-II-Louis-Lumière
- Jean-Pierre CALLOT : ancien élève de l'École polytechnique
- Philippe DROZ-VINCENT : professeur des Universités en science politique
- Philippe RONDOT : docteur en sociologie politique des relations internationales
- Charles SIFFERT : spécialiste économique et politique pour le Proche-Orient, conseiller privé
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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ÉTAT ISLAMIQUE (EI) ou DAECH ou DAESH
- Écrit par Encyclopædia Universalis
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