- 1. Géographie de la Syrie
- 2. La Syrie avant la conquête arabe
- 3. La Syrie musulmane
- 4. La domination ottomane
- 5. Britanniques et Français
- 6. Le régime des colonels
- 7. Luttes pour l'indépendance politique
- 8. Stabilité retrouvée et consolidation du pouvoir du général Hafez al-Assad
- 9. Les longues années de « transition »
- 10. Succession dynastique et nouveaux enjeux régionaux
- 11. Révoltes de la société et résistance du régime Assad
- 12. Chronologie contemporaine
- 13. Bibliographie
SYRIE
Nom officiel | République arabe syrienne |
Dirigeant de facto | Ahmed al-Charaa - depuis le 1er décembre 2024 (de son nom de guerre Abou Mohammed al-Joulani) |
Premier ministre de transition | Mohammed al-Bachir - depuis le 10 décembre 2024 |
Capitale | Damas |
Langue officielle | Arabe |
Population |
23 594 623 habitants
(2023)
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Superficie |
185 180 km²
|
Article modifié le
La domination ottomane
En 1515, la Syrie fut envahie par une nouvelle armée, celle des Turcs ottomans qui venaient de détruire l'empire byzantin (prise de Constantinople, 1453). Les Ottomans rencontrèrent les Mamlouks à Dābiq, au nord d'Alep, et les battirent, en 1516. En 1517, ils conquirent l'Égypte et fondèrent un nouvel empire qui allait dominer tout l'Orient arabe pendant quatre siècles.
La Syrie, province de cet empire, fut divisée en trois, puis quatre pachaliks : Damas, Tripoli, Alep puis Saïda (Saydā). Elle ne fut pas plus heureuse sous le gouvernement des pachas turcs que sous celui des na‘ībmamlūk. Aussi instables que leurs prédécesseurs, ils se montrèrent également corrompus et se livrèrent aux mêmes exactions.
Les Syriens, malgré le poids de ce régime, réussissaient à développer leur commerce avec les puissances méditerranéennes, avec l'Angleterre et les pays germaniques. Quelques petites principautés bédouines ou kurdes parvenaient à sauvegarder leur autonomie. Au Liban, les émirs Ma‘ān (Maan) arrachaient même leur indépendance, et pendant deux siècles et demi, le Liban allait non seulement échapper à la tutelle ottomane, mais encore arbitrer, grâce à la vaillance de son armée, les conflits entre pachas.
Peu de grands événements politiques marquèrent l'histoire de la Syrie jusqu'en 1832. Tout au plus peut-on signaler, pendant cette période, l'apparition de Bonaparte qui se retira du pays après son échec devant Saint-Jean-d'Acre, en 1799 ; une invasion des Wahhābites, secte rigoriste qui venait de prendre le contrôle de l'Arabie, en 1810, les révoltes des janissaires qui occupèrent Damas en 1812 et Alep de 1812 à 1819.
En 1832, un ambitieux vice-roi d'Égypte, Muhammad ‘Alī (Méhémet-Ali), qui avait réussi à se libérer complètement de la tutelle turque, envoyait son fils Ibrāhim à la conquête de la Syrie. Non seulement Ibrāhim battit les armées du sultan (Homs, Bailān, 1832), mais encore il les poursuivit jusqu'en Anatolie. Le sultan prit peur et signa un arrangement assurant à Muhammad ‘Alī la possession viagère de la Syrie et de la Cilicie.
Une fois de plus, la Syrie se trouva placée sous une domination égyptienne. Elle s'en trouva bien, au début. Libéral, Muhammad ‘Alī supprima toute discrimination entre musulmans et chrétiens, réforma la police, surveilla l'impartialité des tribunaux, assura la sécurité. Malheureusement, ses besoins militaires l'amenèrent à instituer une fiscalité abusive et une conscription impopulaire. Des révoltes éclatèrent, le sultan jugea le moment venu de tenter une reconquête de la Syrie, et il envoya dans le pays une armée de 50 000 hommes ; Ibrāhim la rencontra à Nizib, près d'Alep, et lui infligea une sanglante défaite (1839). L'Angleterre intervint alors ; l'instauration en Égypte d'un régime fort, soumis de plus à l'influence française (Muhammad ‘Alī était entouré de conseillers français), lui paraissait une menace contre la route terrestre des Indes. Elle réussit à gagner à sa cause l'Autriche, la Prusse et la Russie qui enjoignirent à Muhammad ‘Alī de restituer la Syrie à son suzerain ; devant son refus, une flotte alliée bombarda les ports du Levant, et débarqua des troupes à Saïda, Jbayl, Batrūn et Acre ; en même temps, les Libanais se révoltaient, Ibrāhim se préparait à contre-attaquer depuis Damas. Mais son père, peu soucieux d'entrer en conflit avec les trois quarts de l'Europe, lui ordonna d'évacuer le pays (1840). Ce nouvel épisode égyptien dans l'histoire syrienne n'avait duré que huit ans.
La Turquie reprit le pays en main, supprimant même l'indépendance du Liban, où elle nomma un gouverneur. Mais, après la guerre de Crimée, en 1855, les puissances européennes lui imposèrent un acte proclamant l'égalité de tous les citoyens de l'Empire, sans distinction de race ni de religion. Délivrés d'entraves séculaires, les chrétiens s'enrichirent. Les musulmans et les Druzes grondèrent. Attisé secrètement par les Turcs, leur mécontentement se transforma bientôt en explosion violente. Au mois de mai 1860, les Druzes du Liban passèrent à l'attaque des chrétiens ; du Liban, les troubles gagnèrent Damas où, du 9 au 12 juillet, les musulmans se livrèrent à un sanglant massacre. Les puissances européennes décidèrent d'intervenir et, au mois de septembre, un corps expéditionnaire français de 6 000 hommes débarqua à Beyrouth.
Le Liban retrouva son autonomie, mais la Syrie, partagée entre les deux wilayets de Damas et d'Alep, demeura soumise à une administration tellement centralisée que, de 1864 à la Première Guerre mondiale, son histoire peut être confondue avec celle de la Turquie.
En 1913, les tentatives d'assimilation des Jeunes-Turcs, qui exerçaient le pouvoir à Constantinople, provoquèrent dans le pays le réveil du nationalisme arabe (Congrès syrien de Paris, 1913), et se traduisirent par une résistance passive des Syriens qui refusèrent de participer aux élections législatives. Cette résistance provoqua une répression qui se fit brutale après l'entrée en guerre de la Turquie aux côtés de l'Allemagne. Djemal pacha, responsable militaire du pays, poursuivit durement les autonomistes, qui furent déportés ou pendus. Aussi, lorsque les opérations furent engagées, les soldats syriens désertèrent-ils en masse l'armée turque, occupant les gorges de l'Anti-Liban, d'où ils harcelaient la voie ferrée Damas-Deraa, tandis que les Druzes et les ‘Alawītes se barricadaient dans leurs montagnes.
Le 20 septembre 1918, le général Allenby, à la tête d'un corps anglo-français, infligeait aux Turcs une défaite décisive à Sarona. En octobre, les Turcs évacuaient Damas, Homs, Hamā, Alep. Le 31 octobre, ils demandaient l'armistice. L'une des périodes les plus longues et les plus ternes de l'histoire de la Syrie prenait fin.
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Écrit par
- Fabrice BALANCHE : maître de conférences, université Lyon 2
- Jean-Pierre CALLOT : ancien élève de l'École polytechnique
- Philippe DROZ-VINCENT : professeur des Universités en science politique
- Philippe RONDOT : docteur en sociologie politique des relations internationales
- Charles SIFFERT : spécialiste économique et politique pour le Proche-Orient, conseiller privé
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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