- 1. Géographie de la Syrie
- 2. La Syrie avant la conquête arabe
- 3. La Syrie musulmane
- 4. La domination ottomane
- 5. Britanniques et Français
- 6. Le régime des colonels
- 7. Luttes pour l'indépendance politique
- 8. Stabilité retrouvée et consolidation du pouvoir du général Hafez al-Assad
- 9. Les longues années de « transition »
- 10. Succession dynastique et nouveaux enjeux régionaux
- 11. Révoltes de la société et résistance du régime Assad
- 12. Chronologie contemporaine
- 13. Bibliographie
SYRIE
Nom officiel | République arabe syrienne (SY) |
Chef de l'État et du gouvernement | Bachar al-Assad (depuis le 17 juillet 2000). Premier ministre : Hussein Arnous (depuis le 11 juin 2020) |
Capitale | Damas |
Langue officielle | Arabe |
Unité monétaire | Livre syrienne (SYP) |
Population (estim.) |
23 434 000 (2024) 2
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Superficie |
185 180 km²
|
Article modifié le
Le régime des colonels
Fait significatif, les États libérés de la tutelle française optent pour un système politique républicain, et la Syrie, au lendemain des élections de juillet 1943, n'échappe pas à cette règle. L'unité nationale, laissée à peu près intacte par le mandataire, était minée par les privilèges accordés aux minorités (Grands Nomades, Druzes, ‘Alawītes). Aussi le pouvoir républicain installé à Damas tente-t-il de les limiter. Sǔkrī al-Quwwatlī (Choucri Kouatli), premier président de la jeune République et Sa‘ād Allāh al-Jalrī, qui a formé le gouvernement, ont fort à faire pour secouer le joug d'une classe dirigeante qui, à l'image même de la IIIe République en France, s'est emparée du pouvoir. Les grands bourgeois, propriétaires terriens, seigneurs de la finance et du commerce, officiers supérieurs éduqués à l'occidentale, précipitent l'avènement d'une série de coups d'État. La conscience aiguë de leur appartenance à l' arabisme, le traumatisme subi à la suite de la guerre en Palestine et la rancœur des vaincus de 1948 ébranlent le régime. Mais cela ne suffit pas à entraîner le changement radical auquel aspirent les cadres de l'armée ; hypersensibilisés par un arabisme révolutionnaire cultivé de 1947 à 1949 à l'école militaire de Homs, ils fournissent des générations de jeunes officiers influencés par les théories nationalistes.
Si le 17 avril demeure le jour de la fête nationale célébrant le départ, en 1946, du dernier soldat étranger, le 29 mars de la même année marque l'avènement d'une Syrie qui se veut moderne. Le putsch, conduit par le chef d'état-major général Husni al-Za‘īm, avait pour but de mettre fin au régime des nantis, responsable de la situation lamentable du pays. Les théories sociales du dictateur montraient la voie de l'avenir, mais son culte de la force et de l'ordre civil, dictés par son admiration pour l'œuvre de Mustafa Kemal Atatürk, menčrent ą l'échec un socialisme encore balbutiant. Toujours à l'exemple de Mustafa Kemal, sa lutte contre la pesante tradition islamique fut, certes, courageuse, mais l'armée, irritée par les habitudes pro-occidentales du maréchal-président, se ligue avec les ex-parlementaires, les commerçants, les religieux et les bourgeois conservateurs, et bientôt Za‘īm se retrouve seul. L'unique point positif de son court règne fut de réunir une Assemblée constituante, apportant ainsi quelques satisfactions à la gauche syrienne. Un colonel des blindés, Sāmi Hinnāwi, réédite le coup de Za‘īm qui ne s'était maintenu au pouvoir que 134 jours. Hinnāwi fait arrêter et exécuter son prédécesseur. Plus indépendant que ce dernier, il aurait pu réussir d'autant plus qu'il s'était entouré de Akram Awrāni, qui s'occupe alors d'un premier projet de réforme agraire, et de Michel Aflak, fondateur du Baas (Parti socialiste de la renaissance arabe), qui devient ministre de l'Éducation nationale et multiplie les écoles primaires et normales.
Mais l'indépendance syrienne était en jeu ; l'union avec l'Irak, prônée par les Britanniques (dont, semble-t-il, Hinnāwi était l'agent), aurait conduit à admettre l'hégémonie anglaise ; or ni l'armée, ni le parti de Awrāni, ni le Baas ne pouvaient cautionner une telle politique. Le réflexe patriotique joua pour la troisième fois en neuf mois et l'armée intervint sous le commandement d'un colonel plus jeune, Adib Sǐsǎklī ( Chichakli). Prudent, ce dernier commence par se tenir sur la réserve, et se contente du poste de chef d'état-major adjoint, tout en constituant un comité militaire secret dont il s'adjuge la direction. Une nouvelle Constitution, proclamée le 5 septembre 1950, garantit, pour la première fois, le droit, et, surtout, déclare le pays partie intégrante des nations arabes.[...]
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Écrit par
- Fabrice BALANCHE : maître de conférences à l'université de Lyon-II-Louis-Lumière
- Jean-Pierre CALLOT : ancien élève de l'École polytechnique
- Philippe DROZ-VINCENT : professeur des Universités en science politique
- Philippe RONDOT : docteur en sociologie politique des relations internationales
- Charles SIFFERT : spécialiste économique et politique pour le Proche-Orient, conseiller privé
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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