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SYRIE

Nom officiel

République arabe syrienne (SY)

    Chef de l'État et du gouvernement

    Bachar al-Assad (depuis le 17 juillet 2000). Premier ministre : Hussein Arnous (depuis le 11 juin 2020)

      Capitale

      Damas

        Langue officielle

        Arabe

          Unité monétaire

          Livre syrienne (SYP)

            Population (estim.) 23 434 000 (2024) 2
            • Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés estimait, en novembre 2017, que, depuis le début de la guerre civile, près de 5,3 millions de Syriens avaient quitté le pays pour chercher refuge à l'étranger
            Superficie 185 180 km²

              Article modifié le

              Les longues années de « transition »

              Les années 1990 sont celles de la lente transition politique sous l'effet de deux contraintes. D'une part, le régime d'Hafez al-Assad reste bien en place, la contestation organisée est faible, divisée, poussée à l'exil ou anesthésiée par la répression du soulèvement de Hama (1982). Mais derrière l'apparente unanimité, des demandes d'ouverture résonnent : à l'heure où le régime de Ceaucescu s'effondre en Roumanie, des slogans qualifiant la Syrie de Chām-escu (Chām signifiant la Syrie au sens géographique) apparaissent sur les murs de Damas. D'autre part, la Syrie ne peut plus compter sur le contrepoids que représentait l'URSS qui s'effondre au début des années 1990, et se retrouve prisonnière de la politique de sécurité régionale menée par les États-Unis, devenus l'unique puissance au Moyen-Orient. Mais toute transition politique de la Syrie est obérée par la mauvaise santé du président, dessinant une décennie perdue au cours de laquelle les évolutions sont bloquées et la question de la « succession » est dans tous les esprits.

              Les blocages structurels du régime syrien

              La maladie du président à partir de la seconde moitié des années 1990 obère toute possibilité d'évolution. Hafez al-Assad quitte rarement le palais présidentiel, consacre l'essentiel de son temps à visiter les unités militaires et effectue quelques voyages brefs en Iran, Russie, France et Égypte. Il est préoccupé par la contestation latente, écho de la vague de démocratisation liée à l'instauration de démocraties dans le monde de l'après-guerre froide. La Syrie n'est plus un pays totalement fermé sur lui-même comme dans les années 1980 : interdits officiellement mais tolérés en pratique par le régime, le fax puis les antennes paraboliques, les téléphones cellulaires et enfin Internet (autorisé à la fin de la décennie 1990) font leur apparition. Le débat public s'en trouve modifié et beaucoup plus ouvert, même s'il se déroule souvent par l'intermédiaire des quotidiens libanais.

              Le régime répond à cette contestation par des libérations de prisonniers politiques, dont l'ancien président Nūr al-Dīn al-Atāsī ou le général Salah Jedid, ancien rival au sein de l'armée de Hafez al-Assad, mais aussi des centaines de Frères musulmans. Le pouvoir syrien opère une réconciliation prudente avec ces derniers, permettant le retour d'anciens hauts responsables de la confrérie (le guide Ali Sadreddin al-Bayanouni reste toutefois en exil à Londres). Le régime accepte une « réislamisation » de la société, avec la multiplication des voiles chez les femmes, des prières collectives du vendredi ou des écoles religieuses.

              Pour répondre plus directement aux aspirations d'ouverture politique des Syriens, le gouvernement Assad réserve, à partir de mai 1991, des sièges (84 sur 250) au Parlement (Majlis al-Chaab) aux candidats dits « indépendants », c'est-à-dire non soumis au Baas ou aux partis autorisés groupusculaires (regroupés au sein du Front national progressiste). Des hommes d'affaires liés au régime, des notables locaux, des prêcheurs religieux, des leaders tribaux ou des vedettes de la télévision font ainsi leur entrée au Parlement et redonnent du lustre à des élections qui fonctionnaient à l'unanimisme, permettant ainsi une participation plus forte des électeurs en 1991 (environ 60 %). Des élites nouvelles très différentes de la nomenklatura traditionnelle du Baas font entendre une voix alternative au sein même du système. Mais les « indépendants » développent, en général, un discours apologétique encore plus fort que les cadres du Baas envers le président Hafez al-Assad. Le 17 novembre 1991, le Parlement approuve à l'unanimité la candidature d'Hafez al-Assad pour un quatrième mandat : il est réélu avec 99,8 % des suffrages.[...]

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              Écrit par

              • : maître de conférences à l'université de Lyon-II-Louis-Lumière
              • : ancien élève de l'École polytechnique
              • : professeur des Universités en science politique
              • : docteur en sociologie politique des relations internationales
              • : spécialiste économique et politique pour le Proche-Orient, conseiller privé
              • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

              Classification

              Médias

              Syrie : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

              Syrie : carte administrative

              Syrie : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

              Syrie : drapeau

              Restitution du portique-galerie d'une maison de Sergilla, Syrie - crédits : C. Duvette

              Restitution du portique-galerie d'une maison de Sergilla, Syrie

              Autres références

              • ÉTAT ISLAMIQUE (EI) ou DAECH ou DAESH

                • Écrit par
                • 2 494 mots
                • 2 médias
                Au début de 2011, en Syrie, l’insurrection contre le régime de Bachar al-Assad tourne rapidement à la guerre civile. C’est une occasion que saisit l’EII, dont les militants traversent sans difficulté la frontière irako-syrienne. Fin 2012, les groupes d’opposants syriens, majoritairement laïques...
              • FRANCE - L'année politique 2016

                • Écrit par
                • 4 170 mots
                • 4 médias
                ...s’est aussi illustrée par une action diplomatique intense au sein du Conseil de sécurité des Nations unies à la suite des crimes de guerre commis en Syrie. Elle est parvenue, après deux vetos russes au cours de l’année, à faire voter en décembre par le Conseil de sécurité une résolution censée assurer...
              • FRANCE - L'année politique 2015

                • Écrit par
                • 4 400 mots
                • 7 médias
                ...au côté de la coalition internationale contre l’État islamique (E.I.). En 2015, les opérations extérieures s’amplifient, avec les frappes aériennes en Syrie, décidées après les attentats de novembre. Beaucoup de spécialistes militaires s’inquiètent toutefois des limites des capacités de l’armée française,...
              • JIBRIL AHMED (1938-2021)

                • Écrit par
                • 754 mots

                Ahmed Jibril fut leleader du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG), un groupe palestinien né à la fin des années 1960, proche du régime syrien baathiste.

                Né en 1938 à Jaffa (en Palestine alors sous mandat britannique), d’un père palestinien et...