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CHANGES MULTIPLES SYSTÈME DES

La multiplicité des taux de change ne doit pas être confondue avec leur variabilité qui a lieu librement ou entre des parités limites, selon la situation du marché sur lequel s'échangent les devises ; ils varient également suivant qu'il s'agit d'opérations au comptant ou à terme. Mais on ne peut parler de taux de change multiples que lorsqu'il existe, dans un pays donné, plusieurs modalités différentes d'échange entre la monnaie nationale et les monnaies étrangères. Cette multiplicité peut résulter d'une situation de fait généralement illégale. Tout contrôle des changes entraîne la formation d'un marché parallèle sur lequel la monnaie contrôlée se vend et s'achète à des cours inférieurs à ceux du marché licite. Mais les taux de change multiples sont parfois institués par les gouvernements et les autorités financières, soit en vue d'atteindre des objectifs économiques déterminés, soit à l'appui d'une politique monétaire et financière générale. On peut ranger dans la première catégorie la création, entre les deux guerres mondiales, des devises touristiques : plusieurs pays ont alors accordé à leurs visiteurs étrangers la faculté d'acheter un certain montant de monnaie nationale à un cours inférieur à celui du marché ordinaire. Ces avantages au tourisme ont subsisté, notamment sous la forme indirecte de réductions sur les prix des carburants ou des billets de chemin de fer. Dans la seconde catégorie, on peut rappeler notamment le régime de change spécial appliqué par la république fédérale d'Allemagne au Mark bloqué (Sperrmark) à la suite de la crise monétaire de 1931. D'autres pays ont ultérieurement créé un double marché des changes en vue d'éviter ou de limiter la spéculation sur leur monnaie. Ces systèmes ont pour principe de réserver chacun des taux établis à la couverture de catégories d'opérations déterminées. C'est ainsi que dans le régime institué, en 1955, par l'Union économique belgo-luxembourgeoise les taux du marché officiel s'appliquaient aux opérations de change relatives aux importations ou exportations de biens et de services, ainsi qu'aux rémunérations du travail, cependant que ceux du marché libre, dont les fluctuations n'étaient soumises à aucune restriction, s'appliquaient à la couverture des opérations financières (investissements, paiements de dividendes et d'intérêts, transactions boursières). Les intéressés disposaient d'ailleurs d'une certaine liberté de choix entre les deux taux. La France a adopté un système analogue en 1971, à la suite de la crise du dollar, en créant, parallèlement au rétablissement de certaines mesures de contrôle des changes, un marché libre du « franc financier », tout en maintenant le marché officiel des changes réservé aux opérations sur marchandises.

— Georges BLUMBERG

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Écrit par

  • : licencié en droit, diplômé de l'École nationale des langues orientales vivantes, professeur à la faculté libre, autonome et cogérée d'économie et de droit, Paris

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  • FRANC FRANÇAIS

    • Écrit par
    • 9 714 mots
    • 5 médias
    ...restent artificielles par rapport aux cotations du marché noir. Il s'ensuit, en 1948 et en 1949, une série d'ajustements, les uns transitoires (cours de change multiples, de janvier 1948 à avril 1949), les autres plus durables (dévaluation du 20 septembre 1949, qui accompagne celle de la livre sterling...
  • YEN

    • Écrit par et
    • 7 691 mots
    ...production, sont source d'inflation parce que la dépense publique est financée par la création monétaire. Ce système de subventions est équivalent à un système complexe de changes multiples. Les subventions sont dissimulées dans l'importation. En utilisant un compte spécial, le gouvernement vend les importations...