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PARENTÉ SYSTÈMES DE

La théorie de la filiation

La théorie de la filiation tient une place déterminante dans l'anthropologie anglaise qui s'est appliquée à expliquer le fonctionnement de la société par l'interaction des groupes de filiation. W. H. R. Rivers entendait par filiation (en anglais, descent) ce qui permet aux groupes sociaux de se constituer, puisqu'elle transmet la qualité de membre d'un groupe. Mais il ne s'agit pas pour lui de n'importe quel groupe ; la famille ou la parentèle sont des groupes trop peu distincts les uns des autres pour que la filiation détermine seule leur composition ; Rivers écrit : « Nous parlons de filiation patrilinéaire lorsque l'enfant appartient au groupe social de son père, matrilinéaire lorsqu'il appartient au groupe social de sa mère [...]. L'emploi du mot (filiation) n'a de valeur que lorsque le groupe est unilinéaire. C'est pourquoi les groupes auxquels il s'applique de la façon la plus définie sont le clan et la moitié où, du fait du principe d'exogamie, un enfant doit appartenir au groupe de son père ou de sa mère, mais ne peut appartenir aux deux. » De même, E. R. Leach explique Rivers en écrivant : « La notion de filiation renvoie à la qualité de membre d'un groupe représentant une section de la société totale, cette qualité étant dénuée d'ambiguïté, permanente et involontaire. »

À cette définition claire de la filiation, les anthropologues britanniques ont peu à peu substitué des sens différents, tout en accentuant l'importance de l'explication par la filiation. Pour Radcliffe-Brown en effet, la filiation vise essentiellement à transmettre tous les droits qui concourent à la détermination du statut d'un individu. Meyer Fortes écrit que, pour Radcliffe-Brown, « patrilinéarité et matrilinéarité sont simplement deux solutions alternatives du problème fondamental de la succession [...] : déterminer sans équivoque où résident les droits sur des personnes et stabiliser ces droits ». Ainsi, tandis que pour Rivers l'exogamie et le mariage étaient déterminants, seule importe maintenant la succession des droits détenus par les groupes. Meyer Fortes, après avoir ainsi fait de la filiation un concept juridique, la juge plus importante pour expliquer les arrangements structuraux que la parenté elle-même avec ses concepts de consanguinité et d'affinité. La parenté serait ainsi subordonnée à l'organisation des groupes de filiation unilinéaire ; ceux-ci privilégient une ligne de filiation par laquelle se transmettent les principaux éléments juridiques et politiques du statut des personnes. Mais, comme certains éléments ont une autre origine, Meyer Fortes introduit le concept de filiation complémentaire pour expliquer la transmission de tous les droits résiduels. La structure sociale est dominée ici par les groupes de filiation. L'exogamie et les relations d'affinité sont négligées – Leach ira même jusqu'à écrire « déguisées sous l'expression de filiation complémentaire. L'essence de ce concept [...] est que Ego est apparenté aux consanguins de son père et de sa mère parce qu'il descend de ses parents et non parce que ses parents ont été mariés ». Le mariage et l'affinité, selon Meyer Fortes lui-même, ne lient pas entre eux les groupes de filiation ; « ils sont effectifs [...] parce qu'ils donnent naissance à des liens de parenté matrilatéraux ». Une telle conception complique plus qu'il n'est besoin l'analyse des phénomènes de parenté, car elle n'utilise qu'un concept – la filiation – pour tout expliquer et se prive d'une notion capitale et universelle : la relation d'alliance. Louis Dumont a clairement montré la signification de ce débat : « De quoi s'agit-il en fait ? Il s'agit essentiellement[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales

Classification

Médias

Cousins parallèles et croisés - crédits : Encyclopædia Universalis France

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