SYSTÉMISME
Les risques du syncrétisme
Les quelques illustrations précédentes révèlent à elles seules la variété des objets et l'étendue des registres pour et au sein desquels, à défaut d'appliquer à la lettre les préceptes de L. von Bertalanffy, l'approche systémique peut révéler sa valeur heuristique. De fait, le systémisme a connu depuis les années 1970 des destins multiples, pour ne pas dire contradictoires. Il sert aussi bien à conforter les raisonnements des théoriciens de l'individualisme méthodologique (Boudon, 1979), à reprendre à nouveaux frais les questions de reproduction sociale (Barel, 1979), à jeter de nouvelles bases épistémologiques au profit du constructivisme (Lemoigne, 1977) ou encore à exalter les vertus de la pensée complexe (Morin, 1994).
Un tel constat de syncrétisme ne justifie-t-il pas ce double reproche, tôt adressé à la théorie des systèmes ? Celui d'abord de faire preuve d'une trop grande vague vacuité conceptuelle ; celui, ensuite, de se montrer incapable, à force d'ambition impérialiste, de désigner un ensemble qui ne soit pas un système. Si elle vise juste, cette interrogation ne doit pas occulter l'existence d'efforts rigoureux émanant de sociologues aussi éminents que Niklas Luhmann (1987) pour fonder une nouvelle théorie capable à la fois de faire un sort aux vieilles oppositions de type système/environnement et d'énoncer de nouvelles « lois » systémiques à portée générale : corrélation nécessaire entre différenciation fonctionnelle et spécification croissante des besoins consensuels, accroissement simultané de l'interdépendance et de l'indépendance entre les systèmes, intensification de l'interaction par imperméabilisation des entités...
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Michel LALLEMENT : professeur de sociologie au Conservatoire national des arts et métiers
Classification
Autres références
-
FONCTIONNALISME
- Écrit par Michel LALLEMENT
- 2 947 mots
La seconde condition à la structuration des systèmes d'action est d'ordre proprement fonctionnel. Comme le montrent les sciences du vivant, tout système doit satisfaire un certain nombre de besoins élémentaires qui ont à voir avec son environnement et son organisation interne. Dans les Working Papers... -
FONCTIONNALISME, géographie
- Écrit par Régis KEERLE
- 1 247 mots
L'idée de fonction, empruntée à la physiologie, et sa mise en doctrine(s) sous la forme du fonctionnalisme n'appartiennent pas en propre à la géographie. Dans les approches fonctionnalistes qui se sont développées au xxe siècle en sciences humaines et sociales à partir notamment des...
-
FONCTION SOCIALE
- Écrit par Claude JAVEAU
- 1 345 mots
...fonctionnaliste des ordres sociaux est celui du sociologue américain Talcott Parsons (1902-1979), qui lui a donné le nom de structuro-fonctionnalisme. S'il doit survivre, un système social doit reposer sur quatre prérequis fonctionnels, à savoir : l'adaptation à l'environnement physique ; la capacité... -
INSTITUTION
- Écrit par Delphine DULONG
- 1 614 mots
Faut-il alors en déduire que les institutions constitueraient finalement des paramètres neutres dans le jeu des acteurs ? C'est ce qu'affirmel'analyse systémique (Karl Deutch et David Easton). Dans cette perspective, les institutions gouvernementales sont conçues comme une sorte de réseau central...