TABAC
La production du tabac
Aperçu botanique
Originaire des pays chauds, exemple type des plantes rudérales, mais susceptible de prospérer sous des climats très divers, le tabac se cultive depuis le 60e degré de latitude nord (Finlande et Suède) jusqu'au 40e degré de latitude sud (Australie). Sa durée de végétation relativement courte (de deux à cinq mois) lui permet de trouver sur la plus grande partie du globe une période suffisamment longue pour parvenir à maturité.
Dans la famille des Solanacées, le genre Nicotiana, groupe, entre autres, tous les tabacs cultivés. Le genre fut décrit par Tournefort pour la première fois en 1719 : plante à tiges herbacées (annuelles) ou sous-ligneuses (pérennantes) ; feuilles isolées et entières ; inflorescence complexe, cymes plus ou moins ramifiées ; calice tubuleux ; corolle en tube, limbe à cinq lobes ; cinq étamines sur la corolle ; ovaire à deux ou quatre loges entouré à la base d'un nectaire, stigmate en forme de tête aplatie ; capsule à deux ou quatre valves bifides ; graines très petites (de 1 200 à 400 m de longueur, de 700 à 300 m de largeur), à téguments au relief sinueux ; embryon charnu.
Deux espèces, groupant un très grand nombre de variétés, nombre qui ne cesse de croître, sont cultivées pour la consommation : N. rustica et N. tabacum.
Nicotine et autres alcaloïdes du tabac
Parmi divers autres alcaloïdes, la nicotine confère au tabac ses caractères propres : elle est l'alcaloïde principal de cette plante et représente de 0,5 à 1,4 p. 100 du poids sec. Isolée par Posselt et Reimann en 1828, sa synthèse fut réalisée en 1913 par Pictet. Les divers alcaloïdes du tabac subissent de nombreuses transformations au cours du séchage, de la fermentation et de la combustion. Ces transformations, encore assez mal connues, sont d'une importance majeure puisqu'elles influent grandement sur la saveur et sur la force des tabacs consommés.
L'action pharmacologique de la nicotine est bien connue et l'on sait qu'elle porte surtout sur les ganglions du système neurovégétatif.
La nocivité des alcaloïdes du tabac explique les vertiges, nausées, vomissements que le fumeur débutant éprouve souvent. Plus sérieuses que ces désagréments impliquant l'appareil digestif sont les atteintes à la fonction cardio-vasculaire : troubles de l'excitabilité cardiaque, tachycardie. Elles annoncent le risque de crises angoreuses et d'infarctus du myocarde.
La nicotine est présente dans chaque partie de la plante, mais très inégalement répartie (de 0,2 p. 100 dans la racine à plus de 5 p. 100 dans la feuille) ; les feuilles restent les parties les plus riches en nicotine, quoique la teneur en alcaloïde soit extrêmement variable selon qu'il s'agit de plantes porte-graines (teneur plus faible) ou de plantes écimées. D'une façon générale et schématique, la teneur en nicotine croît avec la hauteur des feuilles sur la tige de façon assez régulière, et dans la feuille elle-même de la base vers le sommet et de la côte vers les bords. Cette teneur est essentiellement fonction de la variété envisagée : il y a des tabacs riches en nicotine. Le climat et la densité des plants jouent aussi un rôle prépondérant à cet égard, mais c'est au niveau du séchage et de la fermentation que se décide de façon décisive la teneur définitive du tabac commercialisé.
Étapes de la production
Culture
Le tabac cultivé compte un grand nombre de variétés, très différentes les unes des autres par le goût, l'arôme, la combustibilité, la structure ou l'aspect. Ces variations déterminent des « crus » que l'on sélectionne et que l'on mélange de façon à obtenir pour un usage déterminé un produit homogène et constant.
La graine de tabac a besoin d'humidité : elle s'imbibe d'eau et gonfle jusqu'à un seuil de saturation à partir duquel[...]
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Écrit par
- Olivier JUILLIARD : écrivain
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias
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