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TABAC

Les dangers du tabagisme

Campagne contre le tabagisme - crédits : www.inpes.sante.fr

Campagne contre le tabagisme

La fumée d'une cigarette est composée d'un mélange hétérogène d'une phase « gazeuse », formée de gaz permanents et de vapeurs non condensées, et d'une phase particulaire constituée par un aérosol dont les particules ont de 0,1 à 0,8 m. Pour étudier les constituants de ces deux phases, les différents centres d'analyse ont été amenés à utiliser des « machines à fumer » dont les conditions d'aspiration ont été normalisées d'après les moyennes statistiques recensées chez les fumeurs. On sépare les deux phases par l'utilisation d'un filtre ou de l'azote liquide à basse température.

La combustion est une pyrolyse qui modifie complètement la nature des éléments du tabac. On relève dans chacune des phases plus de cinq cents composés différents. De plus, la température de combustion entraîne la distillation de certains composants, telle la nicotine. Si la composition qualitative varie d'un tabac à l'autre, elle varie aussi de façon importante entre le début et la fin de la combustion : ainsi, la concentration d'oxyde de carbone et d'acétaldéhyde double entre la première et la dernière bouffée ; la concentration en nicotine peut parfois quintupler.

Retenons quatre groupes de substances incriminées et dans l'étiologie des maladies à l'usage du tabac : la nicotine et ses dérivés ; l'oxyde de carbone ; les substances irritantes de la phase « gazeuse » (aldéhydes) et de la phase particulaire (phénols) ; les « goudrons », substances cancérigènes (hydrocarbures polycycliques) ou cocancérigènes (phénols et esters).

La nicotine

On connaît la double action stimulante (à dose faible) et paralysante (à dose élevée) de la nicotine. On a cru longtemps que celle-ci n'avait qu'une action très limitée sur le cerveau. Mais on retrouve dans le diencéphale de fortes quantités de nicotine (marquée au carbone 14) injectée par voie intraveineuse (Appelgren, Hansonn et Schmiterlow, 1962). De plus, on a observé des effets importants de la nicotine sur l'acquisition des conditionnements et sur le seuil de vigilance chez l'animal et l'homme.

Les effets cardio-vasculaires sont cependant les plus graves : une augmentation très nette du rythme cardiaque apparaît, accompagnée d'une augmentation de la pression artérielle systolique et de la pression diastolique. On enregistre en même temps une chute de la température cutanée qui marque une baisse de circulation périphérique.

Oxyde de carbone et oxycarbonémie

Les concentrations d'oxyde de carbone de la fumée du tabac sont importantes (de 3 à 4 p. 100 dans la fumée de cigarette, 6 p. 100 dans la fumée du cigare, 2 p. 100 dans celle de le pipe). Une telle concentration dans l'atmosphère serait rapidement mortelle, mais l'oxyde de carbone parvient dans les voies respiratoires inférieures très dilué, et, de plus, la fréquence d'inhalation d'un fumeur moyen est rarement supérieure à une inhalation pour huit aspirations. L'absorption reste donc modérée : de 15 à 20 ml par cigarette. En revanche, un fumeur inhaleur peut présenter un taux de carboxyhémoglobine de plus de 14 p. 100 : la quantité d'hémoglobine susceptible d'assurer le transfert d'oxygène étant réduite de façon importante, tout se passe alors comme si le fumeur vivait à plus de 2 000 mètres.

Associé à la nicotine, l'oxyde de carbone peut ainsi entraîner une hypoxémie extrêmement dangereuse pour les coronariens.

Les irritants

La présence d'irritants dans la fumée du tabac est trop évidente pour quiconque a fumé un jour ou l'autre : les muqueuses des grands fumeurs sont hypertrophiées et tapissées de sécrétions. Ces altérations peuvent s'étendre au larynx et aux bronches lorsque le sujet inhale la fumée. La bronchite[...]

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