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BAIRD TADEUSZ (1928-1981)

Moins connu en France que Penderecki ou Lutosławski, Baird fait partie, comme eux, des figures marquantes de la musique polonaise contemporaine, à laquelle il a apporté un langage nouveau dans un style authentiquement slave qui lui valut d'emblée l'adhésion populaire.

Tadeusz Baird voit le jour à Grodzisk Mazowiecki le 26 juillet 1928, dans une famille d'origine écossaise : ses ancêtres, des catholiques persécutés par les anglicans, vinrent se réfugier en Pologne au milieu du xviiie siècle. Il commence ses études musicales pendant la guerre, à Łódź, où il travaille la composition avec Boleslav Woytowicz et Kazimierz Sikorski (1943-1944). Puis il prend part à l'insurrection polonaise ; il est fait prisonnier et ne doit la vie qu'à l'arrivée des alliés. Après la guerre, très affaibli, il entre au Conservatoire de Varsovie où il est l'élève de Piotr Rytel et de Piotr Perkowski (1947-1951). Il travaille aussi le piano avec T. Wituski et la musicologie avec Zofia Lissa à l'université de Varsovie (1948-1952).

Dès 1949, il fonde le Groupe 49 avec deux autres compositeurs, Jan Krenz et Kazimierz Serocki ; leur objectif est d'écrire une musique simple et expressive qui s'inscrive dans la ligne idéologique du réalisme socialiste. Dès 1951, Tadeusz Baird remporte le Prix national polonais (qui lui sera à nouveau décerné en 1964), suivi du prix Fitelberg (1958), du prix de la Tribune internationale des compositeurs de l'U.N.E.S.C.O. (1959, 1963 et 1966), du prix de la Ville de Cologne (1963), du prix Koussevitski (1968), du prix de la fondation Alfred-Jurzykowski (New York, 1971)...

En 1956, il fonde, avec Serocki et quelques autres compositeurs polonais, l'Automne musical de Varsovie, qui s'impose rapidement comme l'un des festivals de musique contemporaine les plus importants et les plus ouverts aux différentes esthétiques de tous les pays du monde. Dès 1958, avec ses Quatre Essais pour orchestre, Baird est considéré comme l'un des piliers de la vie musicale polonaise puis internationale. Il est nommé professeur de composition à l'École supérieure de musique de Varsovie et occupe l'une des deux chaires les plus importantes de son pays.

L'esthétique de Tadeusz Baird peut se résumer en deux tendances contradictoires tempérées par un caractère individualiste, romantique, mélancolique, cependant ouvert à l'impressionnisme : il éprouve un penchant certain pour la musique ancienne de son pays mais cherche aussi à élaborer un langage nouveau. De 1949 à 1957, la première tendance domine son œuvre : le Concerto pour piano (1949), l'Ouverture dans le style ancien (1950), la Symphonie no 1 (1950) et la Symphonie no 2 (1952) sont autant de pages profondément enracinées dans le folklore polonais. Puis vient une seconde période, où son langage change radicalement : il s'appuie sur le dodécaphonisme et cherche une voie nouvelle. C'est l'époque où la musique polonaise connaît une crise profonde : les compositeurs refusent les directives esthétiques du pouvoir et créent une véritable avant-garde. Baird restera en deçà de cette avant-garde car, pour lui, l'essentiel en musique est expressif et non formel. Il découvre rapidement les limites du dodécaphonisme, qu'il considère comme un système « physiologiquement mort », mais il continuera néanmoins à l'utiliser, de façon souple et modérée. Baird est alors influencé par deux grands compositeurs : Debussy, dont l'impressionnisme trouve un écho dans son orchestration, et Berg, dont la force dramatique apparaît dans son œuvre sur le plan expressif. À ces deux grands modèles, il faut ajouter un guide inconscient, Webern, dont le pointillisme marque alors toute la musique polonaise. Sans en faire un usage systématique, comme Penderecki ou Lutoslawski, Baird lui accordera une large[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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