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MAZOWIECKI TADEUSZ (1927-2013)

Tadeusz Mazowiecki, 1989 - crédits : Thierry Orban/ Sygma/ Getty Images

Tadeusz Mazowiecki, 1989

Premier chef de gouvernement non communiste derrière le rideau de fer, Tadeusz Mazowiecki n’a gouverné que seize mois, du 24 août 1989 au 4 janvier 1991. Pourtant il a profondément marqué par sa personnalité, sa pensée et son action politique la Pologne de la seconde moitié du xxe siècle. Ses convictions personnelles étaient connues de tous, elles n’ont guère varié durant les soixante années de sa participation à la vie politique polonaise. Catholique fervent, attaché aux droits de la personne et à la défense des droits de l’homme, député d’opposition aux communistes dès les années 1960, conseiller des grévistes de Gdansk en août 1980, puis de Solidarność, il a toujours défendu un catholicisme social et libéral, dit de gauche, jusque dans la Pologne d’aujourd’hui. Sans être « l’homme de l’Église catholique », il sut défendre auprès des autorités religieuses l’indépendance du mouvement social, grâce aussi à sa grande proximité avec le pape Jean-Paul II.

Né le 18 avril 1927 à Plock, Tadeusz Mazowiecki fait des études de droit à Varsovie et s’engage jeune dans l’action caritative. Surtout, rejoignant en 1948 l’organisation « catholique progressiste » du nouveau régime, Pax, il se lance dans le journalisme avec un goût inébranlable pour la vérité, et se heurte aussitôt au discours dominant. Ce qui le conduit à une réflexion critique, en relation avec le philosophe personnaliste français Emmanuel Mounier. Il est, sur cette base, un des animateurs d’un groupe interne d’opposition, la « fronde ». Expulsé de Pax en 1955, il se rapproche des catholiques libéraux de Cracovie et, profitant des concessions des communistes après octobre 1956, il s’engage dans la construction d’organisations catholiques indépendantes dans tout le pays – les Clubs intellectuels catholiques ou K.I.K. – et l’édition de la revue indépendante, Więź(« Le Lien »), qui est restée une référence de la vie intellectuelle polonaise. De 1961 à 1972, Tadeusz Mazowiecki tente avec le groupe de députés catholiques Znak (« Le Signe ») une opposition modérée, qui est peu efficace ; sinon par des protestations courageuses contre la campagne antisémite du pouvoir en 1968, ou contre la répression des étudiants en mars 1968 et les fusillades contre les ouvriers en décembre 1970. Écarté de la Diète, il devient la référence pour un milieu catholique réformateur, qui joue un rôle décisif dans le réveil démocratique de la Pologne. Tadeusz Mazowiecki se rend à Gdansk, avec Bronislaw Geremek, dès les premiers jours de la grève d’août 1980 aux chantiers navals, et dirige un groupe de conseillers pour la négociation avec le pouvoir communiste. Dès lors, son courant devient une composante essentielle de l’opposition et de Solidarność. Il se distingue du K.O.R. (Comité de défense des ouvriers), plus social-démocrate, ou des nationalistes radicaux. L’unité de l’opposition face au pouvoir vacillant du général Wojciech Jaruzelski permet, alors que le mécontentement social grandit, d’imposer une « table ronde » en février 1989. Mazowiecki y siège au côté de Lech Wałeşa. Des élections libres deviennent possibles ; elles ont lieu en juin.

Le chef de gouvernement nommé en août 1989 s’attaque donc à la grande transformation avec une conviction profonde. Il constitue une équipe efficace. En quelques mois, il a l’audace d’engager des réformes économiques radicales (la « thérapie de choc » du plan de son vice-Premier ministre, Leszek Balcerowicz), une révision démocratique de la Constitution, un renversement des alliances vers l’O.T.A.N. et la Communauté européenne, tout en refusant une politique de règlement de comptes envers les anciens responsables communiste (le choix du « gros trait » sur le passé), mais en cédant à certaines pressions de l’Église (catéchisme dans l’école publique). Pragmatique et volontaire, son gouvernement[...]

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Écrit par

  • : historien, chargé d'enseignement à l'Institut d'études européennes, université de Paris-VIII

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Tadeusz Mazowiecki, 1989 - crédits : Thierry Orban/ Sygma/ Getty Images

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