TADJIK
Ethnie dont on trouve des éléments de population en faible part en Iran (dont ils sont originaires), mais pour l'essentiel en Afghānistān, dans les républiques d'Asie centrale et également en Chine (où ils seraient 30 000 en 2000). Leur nom vient, par extension, de celui que l'on donne traditionnellement à ces populations sédentaires du Caucase qui, en Union soviétique, parlaient une variante du persan tadjik et, en Afghānistān, le persan moderne. Les Tadjik étaient les héritiers et les propagateurs de cette culture sédentaire de l'Asie centrale qui, dès la préhistoire, se diffusait à partir du plateau iranien jusqu'à la mer Caspienne et aux confins de la Chine.
En Afghānistān, où on les estime à environ quatre millions, les Tadjik forment quatre groupes ethniques distincts. À l'ouest, ceux de l'oasis de Harāt parlent le dialecte fārsī (persan de l'Ouest), sont musulmans de rite sunnite dans leur majorité, sont établis comme paysans sédentaires, commerçants ou artisans et sont dans l'ensemble plus alphabétisés que les autres populations afghanes. Viennent ensuite ceux que l'on appelle les Tadjik des plaines, habitants du Turkestan afghan, que l'on désigne aussi sous le nom de Fārsīwān : ils sont proches de leurs frères du Tadjikistan, parlent le persan (c'était la langue vernaculaire de l'Asie centrale), sont musulmans sunnites et s'adonnent depuis fort longtemps au commerce puisqu'ils assumaient déjà celui-ci sur la route de la soie ; citadins, ils ont perdu toute trace d'organisation tribale. Les Tadjik du Dar-i Shikari, établis sur les versants nord de l'Hindū Kūch, forment le troisième groupe : nomadisant l'été avec leurs troupeaux et habitant sous une sorte de yourte (caciq), ils pratiquent quelques cultures céréalières, présentent des traits mongoloïdes marqués et sont également sunnites. Enfin viennent ceux que les Russes appellent Gornyi Tadjik ; habitants des montagnes de l'Hindū Kūch et du Pamir, ils constituent l'un des plus anciens peuplements d'Asie centrale et, isolés, ont conservé un type physique très pur ; établis depuis les Paropamisades à l'ouest jusqu'aux régions sino-soviétiques du Pamir, ils occupaient le centre de l'Afghānistān avant l'arrivée des Hazāra ; hors les groupes du Pamir, qui sont ismaéliens, ce sont des musulmans sunnites qui, paysans sédentaires, vivent dans de petits villages de torchis au fond des vallées et cultivent le blé, l'orge, le pavot et les fèves. On comptait, lors du recensement de 2003, 4 200 000 Tadjik au Tadjikistan, soit 62 p. 100 de la population, 1 900 000 en Ouzbékistan et 3 300 au Kirghizstan en 1998 ; au Tadjikistan, on distingue deux groupes de Tadjik : les Pamir Tadjik (Vakhan, Shugnan, Rushan, Khuv, Yazgulem, Ishkashim) et les Yagnob, qui habitent le bassin de la Zeravchan. Comme chez les Gornyi Tadjik, les maisons sont souvent à deux étages ; mais, au lieu de vivre sous le même toit, les frères une fois mariés vivent dans des maisons voisines. Dans chaque village du Tadjikistan existe une abu-khana, maison d'hôte publique qui est à la charge de la commune ; en Afghānistān, elle est à la charge de la mosquée. Généralement, la femme a un statut social inférieur et vit recluse ; la polygamie est admise et le lévirat pratiqué. Peu belliqueux, les Tadjik furent souvent victimes de leurs envahisseurs.
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Écrit par
- Jean-Charles BLANC : diplômé de l'École des langues orientales, journaliste
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