TADJIKISTAN
Nom officiel | République du Tadjikistan (TJ) |
Chef de l'État | Emomali Rahmon (depuis le 16 novembre 1994, sous le nom d'Emomali Charipovitch Rakhmonov jusqu'en 2007) |
Chef du gouvernement | Qohir Rasoulzoda (depuis le 23 novembre 2013) |
Capitale | Douchanbé |
Langue officielle | Tadjik |
Unité monétaire | Somoni (TJS) |
Population (estim.) |
10 273 000 (2024) |
Superficie |
141 400 km²
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Le Tadjikistan indépendant
Pour le Tadjikistan, les premières années d'indépendance ont constitué une période tragique, durant laquelle une guerre civile – particulièrement virulente en 1992 puis larvée jusqu'en 1997 – s'est soldée par plus de 50 000 victimes. Cette guerre civile a profondément déstructuré l'organisation politique, économique et identitaire du pays, en en faisant l'un des plus pauvres de l'espace postsoviétique. Aujourd'hui, la situation du Tadjikistan peut être considérée comme une situation de post-guerre civile tout autant que de post-soviétisme. Le conflit tadjik a mis en évidence une structuration des identités partisanes et communautaires que l'on retrouve, à maints égards, dans les autres pays d'Asie centrale sans qu'elles débouchent pour autant sur des conflits armés. Sa position géopolitique, à la frontière de l'Afghanistan, en fait un nœud stratégique où se jouent les rivalités entre Russie, États-Unis, Chine et États d'Asie centrale.
Contexte de développement de la guerre civile
Après les années de perestroïka, le Tadjikistan faisait figure, au sein de l'ex-URSS, de pays parmi les plus en pointe en matière de liberté d'expression et de réformes démocratiques. Des partis d'opposition, démocrates (Parti démocratique), nationaliste (mouvement Rastakhiz) et islamistes (Parti de la renaissance islamique, PRI), ont ainsi pu s'exprimer sur la scène publique, participer à des élections et siéger au Parlement. Cependant, les élections et l'apparition d'une opposition islamiste et démocrate vont déboucher sur une série de conflits armés. Cette transformation du jeu politique pacifique a été rendue possible par un engagement partisan des organes de sécurité interne tout autant que par le refus, par certaines des parties, de valider le résultat des urnes : les institutions de sécurité intérieure sont devenues des acteurs de la lutte partisane ou ont adopté une position de neutralité.
Cette crise des institutions et des formes de régulation démocratique de la passation des pouvoirs trouve également son origine dans les modalités de répartition des espaces politiques et économiques issus de la période soviétique, sur des bases régionales : Parimiri, Kouliabi, Khodjandi. Ceux-ci, contrairement au discours de façade insistant sur les modes d'accession au pouvoir démocratique et logico-administratif, ont toujours été largement manipulés par les autorités soviétiques sur le principe d'un clientélisme régionalisé. Par exemple, les terres des kolkhozes mises en exploitation pendant la période soviétique dans les nouvelles zones d'irrigation regroupaient des communautés paysannes par origine régionale. Les différentes institutions étaient, également, dévolues à des clientèles selon ces mêmes critères régionalistes. Traditionnellement, les factions issues de la riche ville industrielle de Khodjand occupaient les postes clés du pouvoir politique au sein du parti et de l'État. Une clientèle pamiri assurait quant à elle la mainmise sur la sécurité intérieure (KGB). L'armée restait dirigée par des officiers d'origine slave, une division russe (201e) était basée dans le pays.
Déroulement des affrontements
En février 1990, de premières émeutes voient s'affronter l'opposition issue de la perestroïka et le pouvoir communiste. L'échec du putsch de Moscou d'août 1991 contraint le président Qahhar Mahkamov à la démission. Il est remplacé par Rakhmon Nabiev, qui a déjà dirigé le Tadjikistan de 1982 à 1985, jusqu'à son éviction par Gorbatchev ; c'est donc un représentant de la « vieille garde communiste ». Celui-ci se montre, tout d'abord, tolérant à l'égard de l'opposition. Après avoir remporté l'élection présidentielle de novembre 1991, il engage une politique de renforcement de ses[...]
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Écrit par
- Isabelle OHAYON : docteure en histoire, chargée de recherche au CNRS
- Arnaud RUFFIER : anthropologue, chercheur à l'Institut français d'études sur l'Asie centrale
- Denis SINOR : professeur émérite d'études ouraliennes et altaïques, professeur d'histoire à l'université d'Indiana, Bloomington
- Julien THOREZ : docteur en géographie, chargé de recherche au C.N.R.S., membre de l'U.M.R. 7528 Monde iranien et indien (C.N.R.S., Sorbonne nouvelle, EPHE, INALCO)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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