- 1. Caractéristiques physiques et humaines
- 2. Chinois et Occidentaux
- 3. Une colonie japonaise
- 4. La république de Chine
- 5. De l'isolement international à la reprise de liens informels
- 6. Les prémices de la démocratisation
- 7. Politique et société contemporaine
- 8. Le développement économique
- 9. La littérature
- 10. Le cinéma
- 11. Bibliographie
TAÏWAN [T'AI-WAN]
Nom officiel | Taïwan, République de Chine (TW) [n'est plus membre de l'O.N.U. depuis 1971] |
Chef de l'État | Lai Ching-te, également connu sous le nom de William Lai (depuis le 20 mai 2024) |
Chef du gouvernement | Cho Jung-tai (depuis le 20 mai 2024) |
Siège du gouvernement | Taipei |
Langue officielle | Chinois mandarin |
Unité monétaire | Nouveau dollar de Taïwan (TWD) |
Population (estim.) |
23 356 000 (2024) |
Superficie |
36 198 km²
|
Chinois et Occidentaux
Le peuplement chinois
Connue des Chinois depuis des siècles, Taïwan n'avait longtemps été fréquentée que par des pirates, des contrebandiers du sel, des pêcheurs, des marchands. En effet, le jeu alterné des moussons en faisait un relais commode, en direction soit du Japon, soit du Sud-Est asiatique, soit de la côte chinoise du Fujian. Ces aventuriers chinois se heurtaient à l'hostilité des aborigènes (Atayal, Saisiyat, Bunun, Tsou, Rukai et Ami), venus de Malaisie ou d'Indochine en des temps anciens.
Au xviie siècle, alors que commençait l'émigration massive de paysans chinois venus s'installer sur les meilleures terres à riz des plaines, arrivèrent les Portugais, les Espagnols, les Hollandais. Un moment implantés dans l'archipel voisin des Pescadores (« les pêcheurs »), les Portugais s'effacèrent vite. La rivalité entre Espagnols et Hollandais fut plus sévère, marquée par plusieurs guerres. Les Espagnols ne se maintinrent dans le nord de l'île que de 1626 à 1642. Les Hollandais, qui avaient bâti en 1624 dans le sud de l'île la grosse forteresse de Zeelandia, consolidèrent peu à peu leur pouvoir ; ils tinrent tête aux expéditions des tribus aborigènes, repoussèrent des attaques japonaises, conclurent un accord avec le gouvernement chinois qui tolérait leur présence. Ils encouragèrent la venue de paysans chinois, tirant de gros profits du commerce du sucre, de l'indigo, du poisson séché. Mais cette première période coloniale de l'histoire de Taïwan se termine avec l'arrivée en 1661 de la flotte de Zheng Chenggong, un chef nationaliste resté fidèle à la dynastie déchue des Ming. Il vint s'y installer avec ses partisans, pour continuer la lutte contre les Mandchous devenus maîtres du reste de la Chine.
Zheng Chenggong (appelé Koxinga par les Occidentaux) était un pirate-marchand qui menait depuis quinze ans (les Ming avaient perdu Pékin en 1644) une guérilla navale très efficace contre les Mandchous, sur les côtes de Chine du Sud. Son mouvement de dissidence politique n'était pas seulement fondé sur le protonationalisme (sous la forme du loyalisme pro-Ming), mais aussi sur les aspirations d'un capitalisme mercantile que les rigueurs de la bureaucratie économique d'État poussaient vers les voies les plus illégales. Ces deux aspects – lutte contre la dynastie étrangère et lutte contre les monopoles économiques par la piraterie – se trouvaient confondus dans son appartenance à la Triade, la grande organisation antimandchoue de Chine du Sud ; Taïwan, de par sa situation insulaire, fournissait un cadre géopolitique très adapté à ce double objectif.
Ayant échoué dans une attaque contre Nankin en 1658-1659, Koxinga se replie en 1661 sur Taïwan et en chasse les Hollandais par de vigoureuses offensives. L'île devient une principauté autonome, dirigée après la mort de Koxinga (1662) par son fils. Des dizaines de milliers de partisans des Ming quittent les régions côtières de la Chine du Sud, malgré les interdictions officielles ; ils contribuèrent au développement économique de Taïwan : pêche, culture du riz, de la canne à sucre et de la patate ; le commerce de Taïwan avec le Japon, le Vietnam, le Cambodge, le Siam, les Philippines était prospère. Les Mandchous ne réussirent à reprendre le contrôle de l'île qu'en 1683.
Aux xviiie et xixe siècles, le développement de Taïwan se poursuit. L'émigration paysanne chinoise continue, depuis les plaines côtières surpeuplées du Fujian et du Guangdong. Mais cette émigration entraîne de fréquents heurts avec les aborigènes, qui résistent.
Chez ces émigrés chinois venus de Chine du Sud, les sociétés secrètes étaient aussi influentes que dans leurs districts d'origine. Les révoltes contre les fonctionnaires mandchous étaient fréquentes. Le proverbe disait : « Tous les[...]
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Écrit par
- Philippe CHEVALÉRIAS : docteur en études chinoises (Institut national des langues et civilisations orientales, Paris), maître de conférences en langue et civilisation chinoises à l'université Charles-de-Gaulle Lille 3
- Évelyne COHEN : chercheur de troisième cycle à l'université de Paris-VII
- Jean DELVERT : docteur ès lettres, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne
- François GODEMENT : maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales, maître de recherche à l'Institut français des relations internationales
- Adrien GOMBEAUD : journaliste
- Frank MUYARD : maître de conférences, responsable du centre de Taipei de l'Ecole française d'Extrême-Orient
- Angel PINO : professeur émérite des Universités, université Bordeaux Montaigne
- Isabelle RABUT : professeure émérite à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO)
- Pierre SIGWALT : docteur de troisième cycle en études sur l'Extrême-Orient et l'Asie-Pacifique, consultant-formateur Chine, journaliste
- Charles TESSON : critique de cinéma, maître de conférences en histoire et esthétique de cinéma, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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