- 1. Caractéristiques physiques et humaines
- 2. Chinois et Occidentaux
- 3. Une colonie japonaise
- 4. La république de Chine
- 5. De l'isolement international à la reprise de liens informels
- 6. Les prémices de la démocratisation
- 7. Politique et société contemporaine
- 8. Le développement économique
- 9. La littérature
- 10. Le cinéma
- 11. Bibliographie
TAÏWAN [T'AI-WAN]
Nom officiel | Taïwan, République de Chine (TW) [n'est plus membre de l'O.N.U. depuis 1971] |
Chef de l'État | Lai Ching-te, également connu sous le nom de William Lai (depuis le 20 mai 2024) |
Chef du gouvernement | Cho Jung-tai (depuis le 20 mai 2024) |
Siège du gouvernement | Taipei |
Langue officielle | Chinois mandarin |
Unité monétaire | Nouveau dollar de Taïwan (TWD) |
Population (estim.) |
23 356 000 (2024) |
Superficie |
36 198 km²
|
Une colonie japonaise
Taïwan passait sous la domination coloniale du Japon et devait y rester cinquante années. Pendant toute cette période, les rapports entre la colonie et la métropole s'organisèrent selon le modèle colonial le plus classique : subordination étroite de l'économie, contrôle politique, oppression culturelle. Ces rapports furent mis en place sous le proconsulat de Goto (1898-1906), qui est le contemporain de Doumer en Indochine et de Curzon aux Indes britanniques ; il organisa le pouvoir colonial japonais à Taïwan selon les mêmes principes.
Le Japon transforme Taïwan en producteur des denrées dont il a directement besoin : le sucre (la production passe de 45 000 t en 1902 à 498 000 t en 1925), le riz, dont la production quintuple, la patate douce, la banane. La moitié du riz, les trois quarts des bananes partaient pour le Japon. Mais le thé, qui concurrençait le thé japonais et qui était jusqu'en 1895 une exportation renommée de l'île, décline brusquement. Entre 1897 et 1935, le commerce de Taïwan avec la métropole augmente plus de cent fois (de 5 millions à 532 millions de yen), tandis que les échanges avec les pays étrangers ne font que tripler (de 25 millions à 81 millions de yen).
Goto développe en effet l'infrastructure ferroviaire, routière et portuaire, pour permettre à la fois le drainage vers le Japon des produits de l'île et la distribution des produits fabriqués japonais. Il n'existe en revanche aucune industrie, sinon les sucreries nécessaires pour exporter le produit sous une forme plus maniable. La Banque de Taïwan, liée aux gros monopoles japonais (Mitsui, Mitsubishi), contrôlait l'agriculture, le commerce, la monnaie, et fut de 1910 à 1930 un des principaux instruments de la pénétration impérialiste japonaise en Chine du Sud.
Sur le plan politique, le contrôle japonais est aussi strict. La « loi 63 », promulguée dès 1896, donnait au gouverneur général japonais le pouvoir exécutif et législatif intégral. Goto, en 1902, avait solidement réorganisé la police. Celle-ci contrôlait les recensements, les changements de domicile, les naissances et les décès ; un système de responsabilité collective, analogue au vieux baojia patriarcal de la Chine ancienne, fut introduit, à peu près au moment où en Chine propre Chiang Kai-shek (Tchiang Kai-chek) le réintroduisait pour tenter de placer la population sous l'autorité répressive du KMT. Goto réorganisa aussi le cadastre, dans le but de faire rendre davantage à la machine fiscale, fondée essentiellement sur l'impôt foncier. Les grosses firmes japonaises ne payaient pratiquement pas d'impôt.
Les efforts faits dans le domaine médical (contre les épidémies et la consommation de l'opium) contribuèrent à l'expansion démographique : il y avait deux millions et demi d'habitants en 1893 et cinq millions en 1935 (auxquels s'ajoutaient 270 000 Japonais).
Aussi rigoureux était le barrage éducatif et culturel. En 1935, la totalité des enfants japonais de Taïwan était scolarisée, mais seulement la moitié des garçons chinois et un quart des filles chinoises. Des quotas sévères limitaient l'accès des Chinois à l'enseignement secondaire et surtout supérieur. L'université impériale de Tokyo ne fut ouverte aux étudiants de Taïwan qu'en 1928, les mariages mixtes ne furent autorisés qu'en 1932. Avec la Seconde Guerre mondiale et l'encerclement de l'Empire japonais par les Alliés, cette politique coloniale répressive et ségrégationniste fut tardivement abandonnée pour une politique d'assimilation : trois Taïwanais furent admis à la Chambre des pairs de Tokyo en 1939, les programmes de radio furent diffusés dans la seule langue japonaise ; en 1942, tous les Taïwanais furent autorisés à prendre des noms japonais ; en 1945, le suffrage universel fut instauré dans l'île. Mais la capitulation japonaise du mois d'août était déjà[...]
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Écrit par
- Philippe CHEVALÉRIAS : docteur en études chinoises (Institut national des langues et civilisations orientales, Paris), maître de conférences en langue et civilisation chinoises à l'université Charles-de-Gaulle Lille 3
- Évelyne COHEN : chercheur de troisième cycle à l'université de Paris-VII
- Jean DELVERT : docteur ès lettres, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne
- François GODEMENT : maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales, maître de recherche à l'Institut français des relations internationales
- Adrien GOMBEAUD : journaliste
- Frank MUYARD : maître de conférences, responsable du centre de Taipei de l'Ecole française d'Extrême-Orient
- Angel PINO : professeur émérite des Universités, université Bordeaux Montaigne
- Isabelle RABUT : professeure émérite à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO)
- Pierre SIGWALT : docteur de troisième cycle en études sur l'Extrême-Orient et l'Asie-Pacifique, consultant-formateur Chine, journaliste
- Charles TESSON : critique de cinéma, maître de conférences en histoire et esthétique de cinéma, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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