- 1. Caractéristiques physiques et humaines
- 2. Chinois et Occidentaux
- 3. Une colonie japonaise
- 4. La république de Chine
- 5. De l'isolement international à la reprise de liens informels
- 6. Les prémices de la démocratisation
- 7. Politique et société contemporaine
- 8. Le développement économique
- 9. La littérature
- 10. Le cinéma
- 11. Bibliographie
TAÏWAN [T'AI-WAN]
Nom officiel | Taïwan, République de Chine (TW) [n'est plus membre de l'O.N.U. depuis 1971] |
Chef de l'État | Lai Ching-te, également connu sous le nom de William Lai (depuis le 20 mai 2024) |
Chef du gouvernement | Cho Jung-tai (depuis le 20 mai 2024) |
Siège du gouvernement | Taipei |
Langue officielle | Chinois mandarin |
Unité monétaire | Nouveau dollar de Taïwan (TWD) |
Population (estim.) |
23 356 000 (2024) |
Superficie |
36 198 km²
|
La république de Chine
Le statut international
Décidée à l'occasion des conférences internationales du Caire (1943) et de Potsdam (1945), la restitution de Taïwan à la Chine devint effective en août 1945, immédiatement après la capitulation japonaise. Les forces aéronavales américaines permirent aux troupes du Kuomintang de débarquer immédiatement dans l'île, d'obtenir la reddition de la garnison japonaise et de réoccuper Taïwan.
Mais le pouvoir du KMT était aussi précaire à Taïwan que dans le reste du pays. Les étudiants de Taïwan participèrent à la grève générale des étudiants chinois de décembre 1946, pour protester contre le viol d'une étudiante de Pékin par un soldat américain. Le 28 février 1947, une révolte contre le KMT, dirigée par des éléments du centre démocratique et soutenue par les communistes, éclata à Taïwan ; du 8 au 16 mars, plus de dix mille opposants furent tués par la police et l'armée du Kuomintang (massacre du 2-28).
L'autorité de Chiang Kai-shek n'était pas bien établie à Taïwan quand, en 1949, les communistes parvinrent au pouvoir. Acculé à la défaite, Chiang décida de se réfugier sur l'île, avec l'aide militaire et l'appui politico-financier des Américains. En juin 1950, alors qu'une offensive communiste contre Taïwan semblait imminente, éclatait la guerre de Corée, fournissant aux États-Unis l'occasion de renforcer leur contrôle sur Taïwan.
Le 27 juin 1950, un executiveorder du président Truman décidait que l'avenir de Taïwan ne pouvait être décidé qu'une fois la paix revenue et que l'île était provisoirement « neutralisée ». La VIIe flotte américaine, en conséquence, prenait position dans le détroit de Formose. Mais Washington abandonna vite cette solution d'attente. Une mission militaire américaine arriva dans l'île dès mai 1951. En 1953, le principe de neutralisation posé en 1950 par Truman fut officiellement abandonné par Eisenhower, qui annonçait que les nationalistes chinois de Taïwan étaient « lâchés », laissés libres d'attaquer la Chine populaire. En 1954, après la fin des guerres de Corée et d'Indochine, les États-Unis signaient des traités militaires avec Syngman Rhee, le président sud-coréen, d'une part, Chiang Kai-shek de l'autre, garantissant leur pouvoir et leur accordant leur plein appui militaire, diplomatique et financier.
Taïwan était donc complètement intégrée au système géopolitique américain d'encerclement de la Chine populaire en Asie orientale, système fondé sur une chaîne de régimes autoritaires, impopulaires, largement subventionnés de l'extérieur : Corée du Sud, Philippines, Vietnam du Sud, Thaïlande et Taïwan.
Sur le plan diplomatique international, ce statut nouveau de Taïwan eut d'importantes conséquences pour le fonctionnement de l'Organisation des Nations unies. Dès la fondation de celle-ci, en effet, la Chine détenait un siège permanent au Conseil de sécurité, assorti du droit de veto. En 1950 (et jusqu'en 1971), la majorité proaméricaine de l'ONU reconnut le gouvernement du KMT réfugié à Taïwan comme titulaire de ce siège, refusant du même coup l'accès de l'ONU à la Chine populaire.
Taïwan se trouva ainsi constituer une sorte de test pour la politique extérieure d'un gouvernement, tant en ce qui concerne le vote à l'O.N.U. sur la question du titulaire du siège chinois qu'en ce qui concerne les relations bilatérales entre États. Pendant toute cette période, la décision d'entretenir des relations diplomatiques avec Taïwan plutôt qu'avec Pékin était un signe sûr de l'orientation proaméricaine d'un gouvernement. Mis à part le cas des régimes autoritaires d'Extrême-Orient déjà mentionnés plus haut, qui étaient unis à Taïwan par une solidarité naturelle, la compétition entre Taïwan et Pékin fut particulièrement[...]
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Écrit par
- Philippe CHEVALÉRIAS : docteur en études chinoises (Institut national des langues et civilisations orientales, Paris), maître de conférences en langue et civilisation chinoises à l'université Charles-de-Gaulle Lille 3
- Évelyne COHEN : chercheur de troisième cycle à l'université de Paris-VII
- Jean DELVERT : docteur ès lettres, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne
- François GODEMENT : maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales, maître de recherche à l'Institut français des relations internationales
- Adrien GOMBEAUD : journaliste
- Frank MUYARD : maître de conférences, responsable du centre de Taipei de l'Ecole française d'Extrême-Orient
- Angel PINO : professeur émérite des Universités, université Bordeaux Montaigne
- Isabelle RABUT : professeure émérite à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO)
- Pierre SIGWALT : docteur de troisième cycle en études sur l'Extrême-Orient et l'Asie-Pacifique, consultant-formateur Chine, journaliste
- Charles TESSON : critique de cinéma, maître de conférences en histoire et esthétique de cinéma, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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