- 1. Caractéristiques physiques et humaines
- 2. Chinois et Occidentaux
- 3. Une colonie japonaise
- 4. La république de Chine
- 5. De l'isolement international à la reprise de liens informels
- 6. Les prémices de la démocratisation
- 7. Politique et société contemporaine
- 8. Le développement économique
- 9. La littérature
- 10. Le cinéma
- 11. Bibliographie
TAÏWAN [T'AI-WAN]
Nom officiel | Taïwan, République de Chine (TW) [n'est plus membre de l'O.N.U. depuis 1971] |
Chef de l'État | Lai Ching-te, également connu sous le nom de William Lai (depuis le 20 mai 2024) |
Chef du gouvernement | Cho Jung-tai (depuis le 20 mai 2024) |
Siège du gouvernement | Taipei |
Langue officielle | Chinois mandarin |
Unité monétaire | Nouveau dollar de Taïwan (TWD) |
Population (estim.) |
23 356 000 (2024) |
Superficie |
36 198 km²
|
De l'isolement international à la reprise de liens informels
Taïwan se trouve en décembre 1978 dans la situation internationale la plus difficile de son histoire depuis 1949 : le président
Jimmy Carter annonce la reprise des relations diplomatiques avec la Chine populaire, ce qui entraîne le retrait de l'ambassade américaine à Taïwan. La fin de l'appui américain exclusif, bien qu'elle eût été largement anticipée par le rapprochement sino-américain depuis 1972, consacre la quasi-disparition de Taïwan des relations diplomatiques internationales. En 1988, il ne reste plus que quelques petits États du Pacifique, d'Amérique latine, l'Afrique du Sud, la Corée du Sud et l'Arabie Saoudite pour maintenir celles-ci avec Taipei. La Chine populaire, déjà présente à l'ONU, va entrer dans tous les grands organismes internationaux, du FMI à la Banque mondiale, obligeant ainsi Taïwan à s'en retirer au nom de l'unicité de la nation chinoise.
Pourtant, cette débâcle diplomatique va se muer petit à petit en une situation plus nuancée. L'évolution des relations avec les États-Unis est éloquente. Dès décembre 1978, Jimmy Carter a indiqué qu'il subsistait un désaccord avec la Chine concernant les livraisons futures d'armes américaines à Taïwan. Au Congrès, les partisans de Taïwan imposent le Taiwan Relations Act qui institue une fiction promise à un bel avenir : sous couvert d'associations privées, les États-Unis resteront parfaitement représentés à Taïwan, de même que bientôt le Japon et d'autres nations occidentales. La campagne électorale de Ronald Reagan, très influencé par les thèses protaïwanaises, est marquée de déclarations imprudentes contre l'accord signé avec Pékin, mais consacre aussi la poursuite de livraisons d'armes à Taïwan. Celles-ci ne ralentiront, après d'innombrables pressions chinoises, qu'à partir de 1983 ; encore les transferts de technologie et l'effort de recherche et développement militaire taïwanais sont-ils alors en mesure de combler cette diminution. En 1988, outre des rumeurs renouvelées concernant la mise au point de l'arme nucléaire, Taïwan se trouve en possession d'un missile sol-sol de 1 000 kilomètres de portée, par exemple, qui constitue sans doute une assurance contre une solution par la force du problème taïwanais.
Mais, surtout, le dynamisme économique de l'économie taïwanaise assure le maintien de l'île dans les courants internationaux. D'environ 1 500 dollars par habitant en 1978, le PNB taïwanais atteint 5 000 dollars en 1987, dépassant par exemple la Grèce, le Portugal et l'Irlande. Taïwan est devenu le plus grand exportateur mondial par habitant, le deuxième détenteur mondial de réserves en devises (plus de 75 milliards de dollars à la fin de l'année 1987). Loin de décliner, les relations avec les États-Unis se sont intensifiées, l'île étant responsable à elle seule de près de 19 milliards de dollars du déficit commercial américain en 1987. Pour une part, cette évolution est due aux préoccupations stratégiques : si Taïwan est aujourd'hui le plus fidèle acheteur mondial de bons du Trésor américain, acceptant ainsi, entre 1985 et 1988, de voir son capital dévalué de près de 30 %, si les autorités monétaires taïwanaises ont poursuivi une politique très conservatrice, minimisant l'inflation, accumulant des réserves stérilisées et acceptant une très forte réévaluation de leur monnaie, c'est non seulement pour forger un capitalisme national puissant, mais aussi pour rendre Taïwan indispensable aux financiers internationaux.
Aussi le courant semble-t-il s'inverser en 1988. Pour la première fois, Taïwan obtient de rester dans un organisme international, la Banque asiatique de développement, quand la Chine populaire y entre en 1988.[...]
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Écrit par
- Philippe CHEVALÉRIAS : docteur en études chinoises (Institut national des langues et civilisations orientales, Paris), maître de conférences en langue et civilisation chinoises à l'université Charles-de-Gaulle Lille 3
- Évelyne COHEN : chercheur de troisième cycle à l'université de Paris-VII
- Jean DELVERT : docteur ès lettres, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne
- François GODEMENT : maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales, maître de recherche à l'Institut français des relations internationales
- Adrien GOMBEAUD : journaliste
- Frank MUYARD : maître de conférences, responsable du centre de Taipei de l'Ecole française d'Extrême-Orient
- Angel PINO : professeur émérite des Universités, université Bordeaux Montaigne
- Isabelle RABUT : professeure émérite à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO)
- Pierre SIGWALT : docteur de troisième cycle en études sur l'Extrême-Orient et l'Asie-Pacifique, consultant-formateur Chine, journaliste
- Charles TESSON : critique de cinéma, maître de conférences en histoire et esthétique de cinéma, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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