- 1. Caractéristiques physiques et humaines
- 2. Chinois et Occidentaux
- 3. Une colonie japonaise
- 4. La république de Chine
- 5. De l'isolement international à la reprise de liens informels
- 6. Les prémices de la démocratisation
- 7. Politique et société contemporaine
- 8. Le développement économique
- 9. La littérature
- 10. Le cinéma
- 11. Bibliographie
TAÏWAN [T'AI-WAN]
Nom officiel | Taïwan, République de Chine (TW) [n'est plus membre de l'O.N.U. depuis 1971] |
Chef de l'État | Lai Ching-te, également connu sous le nom de William Lai (depuis le 20 mai 2024) |
Chef du gouvernement | Cho Jung-tai (depuis le 20 mai 2024) |
Siège du gouvernement | Taipei |
Langue officielle | Chinois mandarin |
Unité monétaire | Nouveau dollar de Taïwan (TWD) |
Population (estim.) |
23 356 000 (2024) |
Superficie |
36 198 km²
|
Les prémices de la démocratisation
Taïwan vit depuis 1949, sur le plan des institutions politiques, dans le mythe de la réunification du continent sous l'égide de la république de Chine. Le Kuomintang, vaincu de la guerre civile, y a appliqué depuis 1948 la loi martiale, dont un des effets est l'interdiction des autres partis politiques et des manifestations. Les législateurs élus lors de la défaite pour « représenter », dans l'exil, leur province de Chine sont restés en place de façon ininterrompue.
Pourtant, la libéralisation qui s'engageait depuis le début des années 1970 a franchi des étapes décisives. Depuis 1969, des élections complémentaires permettaient, tous les trois ans, de choisir des représentants pour la « province » de Taïwan, c'est-à-dire pour la population de l'île. Le mouvement des dangwai, candidats « hors parti », a souffert de la reconnaissance de la Chine populaire par les États-Unis : elle a été en effet le prétexte utilisé par le gouvernement pour annuler les élections prévues à cette date. L'interdiction de la revue Formose et le procès qui suivit les manifestations de protestation marquèrent l'apogée de la confrontation avec le gouvernement.
Depuis lors, le président Chiang Ching-kuo (fils et successeur de Chiang Kai-shek), poussé il est vrai par les progrès de l'électorat d'opposition et par les pressions américaines, a franchi les étapes d'une libéralisation prudente : jusqu'en 1986, celle-ci a concerné les libertés d'expression et le droit d'organisation officieux plutôt qu'une refonte du système politique. Certains incidents ont plutôt servi à affirmer cette tendance. Ainsi en fut-il de l'assassinat aux États-Unis de Henry Liu, auteur d'une biographie critique de Chiang Ching-kuo : sous la pression américaine, des responsables des services secrets taïwanais furent jugés et condamnés ; parallèlement, Chiang Ching-kuo se voyait contraint d'écarter ses fils de la succession politique.
C'est à partir de 1986 que surviennent les événements décisifs de la démocratisation. La chute du régime de Ferdinand Marcos aux Philippines, les grandes manifestations coréennes et même l'atmosphère de dégel en Chine populaire encouragent intellectuels et jeunes Taïwanais. Avec la levée des restrictions concernant les voyages à l'étranger et l'enrichissement des classes moyennes, Taïwan est devenue une société informée et partiellement internationalisée. Sans doute la volonté de Chiang Ching-kuo de construire lui-même la transition politique a-t-elle joué : l'homme qui avait été le chef de la police de son père a joué un rôle constamment réformateur dans ses dernières années, appuyé sur Lee Huan, secrétaire général du Kuomintang, et Lee Teng-hui, vice-président de la République et Taïwanais de souche. À partir de mars 1986, c'est Chiang Ching-kuo qui a annoncé au KMT le passage à des institutions démocratiques ; en septembre 1986, les opposants fondent le Parti démocrate progressiste (DPP, Democratic Progressive Party), sans encourir les foudres des autorités. La levée de la loi martiale, annoncée dès octobre 1986, est effective en juillet 1987 ; toutefois, une loi de sécurité nationale interdit de prôner le séparatisme taïwanais et laisse aux autorités le contrôle des voyages hors de l'île.
Le rythme de la libéralisation s'accélère alors, bien que les élections provinciales ne donnent pas plus d'un tiers des voix à l'opposition : celle-ci ne peut être représentée dans toutes les circonscriptions. Le DPP est divisé entre une faction modérée, dirigée essentiellement par le vétéran Kang Ning-hsiang, et des Jeunes-Turcs plus favorables à l'affrontement et à l'indépendance. Mais le Kuomintang est, lui aussi, traversé de courants, la vieille garde conservatrice regroupée autour[...]
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Écrit par
- Philippe CHEVALÉRIAS : docteur en études chinoises (Institut national des langues et civilisations orientales, Paris), maître de conférences en langue et civilisation chinoises à l'université Charles-de-Gaulle Lille 3
- Évelyne COHEN : chercheur de troisième cycle à l'université de Paris-VII
- Jean DELVERT : docteur ès lettres, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne
- François GODEMENT : maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales, maître de recherche à l'Institut français des relations internationales
- Adrien GOMBEAUD : journaliste
- Frank MUYARD : maître de conférences, responsable du centre de Taipei de l'Ecole française d'Extrême-Orient
- Angel PINO : professeur émérite des Universités, université Bordeaux Montaigne
- Isabelle RABUT : professeure émérite à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO)
- Pierre SIGWALT : docteur de troisième cycle en études sur l'Extrême-Orient et l'Asie-Pacifique, consultant-formateur Chine, journaliste
- Charles TESSON : critique de cinéma, maître de conférences en histoire et esthétique de cinéma, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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