- 1. Caractéristiques physiques et humaines
- 2. Chinois et Occidentaux
- 3. Une colonie japonaise
- 4. La république de Chine
- 5. De l'isolement international à la reprise de liens informels
- 6. Les prémices de la démocratisation
- 7. Politique et société contemporaine
- 8. Le développement économique
- 9. La littérature
- 10. Le cinéma
- 11. Bibliographie
TAÏWAN [T'AI-WAN]
Nom officiel | Taïwan, République de Chine (TW) [n'est plus membre de l'O.N.U. depuis 1971] |
Chef de l'État | Lai Ching-te, également connu sous le nom de William Lai (depuis le 20 mai 2024) |
Chef du gouvernement | Cho Jung-tai (depuis le 20 mai 2024) |
Siège du gouvernement | Taipei |
Langue officielle | Chinois mandarin |
Unité monétaire | Nouveau dollar de Taïwan (TWD) |
Population (estim.) |
23 356 000 (2024) |
Superficie |
36 198 km²
|
La littérature
L'étude de la littérature taïwanaise devrait théoriquement envisager la diversité ethnique de l'île, y compris dans sa composante autochtone. En réalité, celle-ci a été pratiquement ignorée jusqu'aux années 1980, époque à laquelle des écrivains d'origine aborigène, mais s'exprimant en langue chinoise, ont commencé à attirer l'attention. La tradition orale de ces peuples a alors fait l'objet d'une collecte et d'une mise en forme. C'est donc, pour l'essentiel, de la littérature des immigrés chinois, largement majoritaires sur l'île, qu'il sera question ici, même si l'identité taïwanaise demeure éminemment problématique.
L'occupation japonaise
On sait que l'immigration en provenance du continent atteignit des proportions importantes à partir de la dynastie des Ming (1368-1644). Sous l'influence de Zheng Chenggong (Koxinga), l'île est devenue par la suite un bastion de la résistance aux Mandchous. C'est un fonctionnaire réfractaire à la dynastie mandchoue des Qing (1644-1911), Shen Guangwen (Shen Kwang-wen, 1612-1688), qui, après s'être exilé à Taïwan, y introduisit la culture lettrée chinoise.
Lorsque Taïwan passe aux mains des Japonais, en 1895 – après l'éphémère expérience républicaine –, la culture traditionnelle est donc solidement implantée. Elle sera remise en cause lors du mouvement dit de la « nouvelle littérature » (Xin wenxueyundong), qui démarre avec le lancement en 1920, par des étudiants résidant à Tokyo, de la revue Taiwan qingnian(Jeunesse taïwanaise), et qui promeut l'usage de la langue vernaculaire, l'éducation des masses et la critique sociale menée sur un mode réaliste. À la résistance armée, sporadique durant les vingt premières années d'occupation, succède alors la résistance culturelle. Toutefois, à Taïwan comme sur le continent, et probablement à un degré plus élevé, ce projet patriotique revêt une nécessaire ambiguïté, liée au fait que la défense de la nation passe par sa régénérescence, et donc par la dénonciation de son système social et de ses valeurs passées (féodalisme, confucianisme) autant que par l'ouverture à une modernité incarnée précisément par l'occupant nippon.
La parenté entre le mouvement de la nouvelle littérature taïwanaise et la révolution littéraire née du mouvement du 4 mai 1919, sur le continent, est évidente : Zhang Wojun (Chang Wo-chun, 1902-1955), un de ses principaux artisans, avait fait ses études à Pékin, où il résidera de 1926 à 1946. De son côté, Lai He (Lai Ho, 1894-1943), considéré comme le père de la littérature taïwanaise moderne, est comparé à Lu Xun. Néanmoins, le problème de la langue et de l'identité taïwanaises ne pouvait manquer de se poser rapidement : si Zhang Wojun estimait que le parler local de Taïwan ne réussirait à entrer dans la littérature qu'à la condition de se réformer, d'autres, surtout dans les milieux de gauche – Huang Shihui (Huang Shih-hui, 1900-1945) ou Guo Qiusheng (Kuo Chiu-sheng, 1904-1980) –, préconisent, à l'aube des années 1930, son usage immédiat. Ce qui n'était pas sans comporter de réelles difficultés linguistiques, la forme écrite du parler taïwanais étant encore largement à construire.
La question est restée d'ailleurs en suspens, le japonais ayant peu à peu supplanté le chinois au cours de la décennie suivante : à partir de 1930, en effet, l'emprise coloniale se renforce, et l'enseignement en langue japonaise se généralise chez les élites et dans la classe moyenne. Les écrivains, formés au Japon, utilisent ordinairement le japonais dans leurs œuvres, et concourent même pour des prix littéraires décernés dans ce pays – Yang Kui (Yang Kuei, 1905-1985), Lü Heruo (Lu Ho-jo, 1914-1950), Long Yingzong (Lung Ying-tsung, 1911-1999). C’est[...]
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Écrit par
- Philippe CHEVALÉRIAS : docteur en études chinoises (Institut national des langues et civilisations orientales, Paris), maître de conférences en langue et civilisation chinoises à l'université Charles-de-Gaulle Lille 3
- Évelyne COHEN : chercheur de troisième cycle à l'université de Paris-VII
- Jean DELVERT : docteur ès lettres, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne
- François GODEMENT : maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales, maître de recherche à l'Institut français des relations internationales
- Adrien GOMBEAUD : journaliste
- Frank MUYARD : maître de conférences, responsable du centre de Taipei de l'Ecole française d'Extrême-Orient
- Angel PINO : professeur émérite des Universités, université Bordeaux Montaigne
- Isabelle RABUT : professeure émérite à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO)
- Pierre SIGWALT : docteur de troisième cycle en études sur l'Extrême-Orient et l'Asie-Pacifique, consultant-formateur Chine, journaliste
- Charles TESSON : critique de cinéma, maître de conférences en histoire et esthétique de cinéma, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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