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KENZO TAKADA (1939-2020)

L'impact du couturier Kenzo Takada dans le milieu de la mode occidentale illustre l'émergence de la création japonaise au cours des années 1970. Kenzo a su allier dans des vêtements optimistes et contrastés la tradition japonaise au goût de l'exotisme et des couleurs.

Après un début de carrière qui passe par la formation à l'école de mode Bunka Fashion College de Tōkyō (1958), Kenzo Takada (né le 27 février 1939 à Himeji, près d’Osaka) se rend à Paris en 1965. La mode est alors sous l'influence de trois couturiers révolutionnaires : Paco Rabanne, André Courrèges, Pierre Cardin. Kenzo assimile d'abord les éléments de cette esthétique nouvelle, moderniste, dynamique, et il cherche à s'intégrer dans une entreprise : il est recruté comme responsable de style pour les textiles chez Pisanti.

Kenzo Takada - crédits : Christophe Boisvieux/ Gamma-Rapho

Kenzo Takada

En 1970, Kenzo ouvre à Paris, dans la galerie Vivienne, la boutique Jungle Jap, qui propose des vêtements empruntés aux safaris et aux danses exotiques, présentés sur un fond musical extrait de Il était une fois dans l'Ouest ; d'autres boutiques suivront rapidement, mais c'est à partir de 1976 que Kenzo atteint la consécration : il s'installe place des Victoires avec tous ses services. L'année suivante, à New York, il est célébré au cours d'une présentation de sa collection pour l'inauguration du Studio 54, une boîte de nuit qui combine l'avant-garde, la provocation et un sens publicitaire très averti.

Le succès de Kenzo dans les années 1970 est dû en partie à la personnalité solaire du créateur, épanoui, optimiste, extraverti, à son aptitude à intégrer dans la mode les éléments les plus séduisants des multiples cultures du Tiers Monde. Le milieu de la mode vit alors une crise d'identité : la création de vêtements originaux est considérée comme une activité frivole dans un monde pessimiste, « interpellé » par des urgences politiques, économiques. Kenzo a le privilège de balayer le préjugé ambiant qui condamnait la mode comme un luxe vain, honteux, l'expression même de la décadence de la société de consommation. Avec lui l'imagination revient au pouvoir pour une mode volontairement tapageuse, décomplexée, et dont les solides qualités d'invention structurelle satisfont l'éclectisme des rédactrices de mode : il adapte le saroual, la veste courte, le kimono, les grands drapés, les djellabas... Bien loin de proposer une image servilement folklorique, Kenzo élabore une synthèse personnelle à partir des éléments empruntés à différentes civilisations ; l'unité naît de la stylisation générale imposée par le couturier et de sa palette chromatique toujours très contrastée, qui produit un effet de kaléidoscope.

Désireux, dans les années 1980, d'élargir ses activités, Kenzo tourne un film d'un exotisme un peu facile, Rêve après rêve (1980), et publie un bel album qui retrace les premiers jalons de sa carrière (1985). En 1983, il lance une ligne de vêtements pour hommes, témoignant ainsi, parmi les premiers, de l'intérêt des créateurs de mode pour la silhouette masculine, qui avait été jusque-là plutôt négligée, ainsi qu'une collection Kenzo enfant. Il crée également plusieurs parfums : « Kenzo Kenzo » (1988), « Kenzo Homme » (1991), « Parfum d'été » (1992), « Le monde est beau » (1997). Enfin il multiplie les points de vente, à Paris, en province et dans le monde entier.

Le style de Kenzo, révolutionnaire lorsqu'il s'est exprimé au cours des années 1970, va rester fidèle à ses premiers principes tout en acquérant le statut d'un nouveau classicisme : dans un vêtement citadin, les associations de couleurs vives, acidulées, les écossais pimpants, les semis de fleurs multicolores, une amusante adaptation des habitudes vestimentaires rurales et folkloriques. Kenzo en effet a su résister au[...]

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Écrit par

  • : conservateur du musée de la Mode et du Costume, palais Galliera

Classification

Média

Kenzo Takada - crédits : Christophe Boisvieux/ Gamma-Rapho

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