TALMUD
Petits traités et Midrashim
À la littérature talmudique entendue dans un sens très large se rattachent encore un certain nombre de petits traités, ébauches de codification méthodique, qui datent pour la plupart de l'époque des ge‘onim. Les plus importants sont les suivants : Soferim (Scribes), Kalla (Jeune Mariée), Derekh Eres (Bonnes Manières), Semahot (Joies, euphémisme pour Deuil). Ils traitent, le premier, des procédés et des méthodes réglementaires pour écrire les rouleaux sacrés et des textes bibliques lus dans les synagogues ; le deuxième, de l'éthique sexuelle et du mariage ; le troisième, des règles de bienséance pour diverses circonstances ; le quatrième, des devoirs envers les morts, de l'inhumation, des oraisons funèbres, de la semaine de deuil, etc.
En outre, d'innombrables matériaux haggadiques de provenances et de dates très diverses ont été comme mis bout à bout pour former un commentaire suivi – mais dont le lien avec le texte biblique est plus ou moins lâche – du Pentateuque (Midrash Rabba et Midrash Tanḥuma), des Cinq Rouleaux : Cantique des cantiques, Ruth, Lamentations, Ecclésiaste, Esther (on compte trois midrashim pour le premier), des Psaumes, etc. La rédaction de ces commentaires homilétiques s'échelonne entre le ve siècle (Genèse Rabba) et le xiie siècle (Nombres Rabba) : les uns ont été compilés en Palestine, d'autres dans l'Empire byzantin, certains ont même vu le jour en Languedoc. Deux recueils particulièrement importants sont également à signaler : la Pesiqta de-rab Kahana et la Pesiqta Rabbati ; ils regroupent des commentaires haggadiques sur les lectures synagogales de certains sabbats spéciaux. Mais ce ne sont là que quelques titres dans une production littéraire prolifique.
Le Talmud est, à côté de la Bible, l'œuvre la plus gigantesque du judaïsme. Produit de plusieurs siècles d'intense activité intellectuelle, il renferme non seulement le compte rendu très vivant de discussions très variées, mais encore une masse considérable de matériaux qui permettent, à condition d'être soigneusement critiqués, de reconstituer pour une bonne part la civilisation juive sous tous ses aspects pendant une longue et riche période de son histoire, sans parler de la lumière qu'ils projettent sur les origines du christianisme. Son étude a constitué l'objet principal, sinon exclusif, de l'enseignement dans les écoles juives de tous les pays du monde. Dans certains en effet, en particulier en Europe centrale et orientale, il a supplanté parfois la Bible elle-même, sous prétexte qu'il l'impliquait toute.
Les raisons de l'attachement profond des juifs au Talmud sont multiples. Pour eux, il représente en quelque sorte leur patrimoine personnel et inaliénable, alors que leur Écriture sainte, une autre religion rivale a prétendu l'annexer. Les attaques constantes dont le Talmud a été la cible, les censures qui maintes fois se sont acharnées sur lui au point qu'aujourd'hui encore il reste amputé dans les éditions ordinaires de plusieurs passages importants, les destructions par le feu qu'il a subies (en 1242 à Paris sur l'ordre de Saint Louis, en 1320 dans la France méridionale sur l'ordre du pape Jean XXII, en 1415 sur l'ordre du pape Benoît XIII, en 1553 à Rome, en 1559 à Crémone, etc.) l'ont rendu encore plus cher aux yeux des juifs. Mais ces raisons, dont certaines ne sont que négatives, ne sont pas encore suffisantes pour expliquer le rôle de tout premier plan qu'il a joué dans la vie juive jusqu'à l'Émancipation et qu'il continue à jouer aujourd'hui dans les milieux pratiquants. Les juifs ont consacré au Talmud des efforts extraordinaires parce que cela satisfaisait en général tous leurs besoins : quand les autres sciences leur étaient fermées, le Talmud comblait leurs besoins intellectuels par sa dialectique serrée qui aiguisait leur esprit, leurs besoins affectifs[...]
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Écrit par
- Charles TOUATI : docteur en théologie, docteur en histoire de la philosophie, docteur d'État ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)
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