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TALONS AIGUILLES, film de Pedro Almodóvar

Pedro Almodóvar commença par refléter le désir de changement de l'Espagne franquiste, avec une série de dix courts-métrages dont le premier avait pour titre, en 1974, Film político. Mais le décès du caudillo, l'année suivante, allait précipiter les choses, et la Movida, le renouveau artistique madrilène, propulser Almodóvar alors âgé de vingt-cinq ans sur le devant de la scène espagnole. Ce fut sa période de « formation ». La vie nocturne, les discothèques, la drogue, la musique étaient les éléments les plus importants de la culture de cette époque, et ils ont eu beaucoup d'influence sur moi » (propos recueillis par Louis Guichard et Frédéric Strauss, Télérama hors-série Cannes, mai 2004).

En 1980, son second long-métrage connaît un grand succès, mais semble encore trop underground pour les distributeurs européens du circuit de masse : Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón). « Par la suite, il est rare que mes films aient reflété aussi précisément l'Espagne réelle », dit-t-il, mais en contrepartie ils rencontreront le public international. Almodóvar se tirera même des griffes de son propre style et des figures auxquelles ses films risquaient de se voir réduits : personnages de travestis et de prostituées, appartements design ripolinés en grands à-plats de couleurs vives, péripéties mélodramatiques... Talons aiguilles (Tacones lejanos) se situe pour sa part au milieu de cette évolution esthétique. Des lambeaux de baroque à la façon postmoderne s'y accrochent encore çà et là, cependant que la rigueur s'installe dans la mise en scène.

« Maman, aime-moi »

Rebeca voue depuis toute petite une admiration sans bornes à sa mère Vicky ; elle est prête à tout pour gagner ses faveurs, même à la débarrasser d'un amant encombrant. Mais Vicky est surtout préoccupée par sa carrière de chanteuse...

Devenue adulte et décidée à égaler sa mère, sinon à la surpasser, Rebeca est devenue présentatrice de télévision, et a poussé le désir d'identification jusqu'à épouser un ancien amant de Vicky, Manuel... Mais le courant ne passe toujours pas entre la mère et la fille. Il faudra le meurtre de Manuel pour que l'incompréhension cesse, ainsi qu'une cascade d'événements en chaîne : l'incarcération de Rebeca, le coup de foudre du juge d'instruction pour cette dangereuse veuve, la maladie fatale de Vicky...

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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