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BUNCHŌ TANI (1764-1840)

Peu connu des historiens d'art occidentaux, Bunchō fut considéré par ses contemporains comme le plus grand peintre japonais de son temps. Mais il est malaisé de le classer dans une école. S'il a tout du lettré, vaste culture, formation intellectuelle (confucéenne), son art dépasse le cadre de l'école des Lettrés dite Bunjinga ou Nanga. Faut-il le considérer comme un rénovateur de génie de l'école Kanō, qui a su assimiler les traditions sino-japonaises ? En fait, son œuvre très abondante et composite reflète toutes les tendances picturales de son époque. L'éclectisme surprenant de Bunchō peut s'expliquer par sa formation artistique, sa culture et sa curiosité, son souci de la synthèse et la subtilité de son talent.

L'influence chinoise

Très jeune, il manifesta des dispositions pour la peinture, que son père, samouraï et fin lettré, lui fit apprendre chez Katō Bunrei (1706-1782). Ce dernier le forma aux traditions de l'école Kanō. Mais cet adolescent talentueux ne pouvait suivre l'enseignement d'une école vivant d'une tradition bien établie sans chercher à la renouveler. Esprit curieux, le jeune Bunchō voulut parachever sa formation et diversifier sa technique au contact d'autres sources. Tout naturellement, il se tourna vers la peinture chinoise, qu'on regardait alors avec des yeux neufs, et tout spécialement vers l'école du Sud dite des Lettrés, méconnue au Japon jusqu'en ce xviiie siècle. Un voyage à Nagasaki, qu'il entreprit à l'âge de vingt-cinq ans, eut une influence décisive sur son orientation, en lui ouvrant de nouveaux horizons. Au cours de ce voyage, il s'initia à l'esthétique des Lettrés et subit l'influence du peintre chinois Chang Cougu dont il devint l'élève. À la même époque, il rencontra Shiba Kōkan (1747-1818), qui l'introduisit dans les ateliers qui pratiquaient la peinture européenne à Nagasaki.

Sans être un véritable théoricien, Bunchō explique dans ses écrits comment il devint et comment on peut devenir un maître. Pour lui, il faut d'abord apprendre son métier au contact des Anciens et copier sans relâche leurs œuvres afin d'en pénétrer le secret, puis observer la nature en essayant de traduire ses moindres nuances, enfin confronter puis synthétiser ces deux expériences. Le peintre, riche d'un tel bagage, cherchera son style en créant ses premières œuvres personnelles. Cette ligne de conduite fut celle que Bunchō observa toute sa vie. Ainsi copia-t-il toutes les écoles et tous les grands maîtres passés et contemporains et pratiqua-t-il tous les genres : de l'école classique ( yamato-e) à Hanabusa Itchō et Maruyama Ōkyo, au Japon ; des maîtres de l'époque Song à ceux de l'époque Qing, en Chine ; de l'art du paysage à celui du portrait en passant par la peinture bouddhique et par celle de fleurs et d'oiseaux. De ses nombreux voyages, il nous laissa quantité d'albums, révélant l'observateur pénétrant et le grand amoureux de la nature.

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Écrit par

  • : conservatrice des collections Japon, Chine et Corée aux Musées royaux d'art et d'histoire, Bruxelles, gestionnaire des musées d'Extrême-Orient

Classification

Autres références

  • HOKUSAI KATSUSHIKA (1760-1849)

    • Écrit par et
    • 1 406 mots
    • 2 médias
    ...romans de Santō Kyōden et de Kyokutei Bakin et par ses surimono(estampes de vœux, de faire-part, etc.) sous le nom de Sōri. Si grande était déjà sa réputation en ce début du xixesiècle qu'il fut convié par le shōgun à participer à un concours de peinture avecTani Bunchō (1764-1840).
  • KAZAN WATANABE (1793-1841)

    • Écrit par
    • 1 291 mots
    ...épanouissement dans le Kansai (région de Kyōto-Ōsaka) au xviiie siècle, n'avait conquis Edo qu'avec un retard considérable, et ce grâce à Tani Bunchō (1764-1840). Ce dernier lui donna, en fait, une empreinte spéciale faite d'éclectisme : aux traditions Nanga, il mêla les techniques nationales...