TANIS
Les ruines de l'ancienne ville de Tanis, berceau des rois de la XXIe dynastie et dont le nom est à plusieurs reprises mentionné dans la Bible, forment un ensemble de 177 hectares ; elles occupent le site actuel de Tell San el-Hagar, près du lac Menzaleh dans le Delta oriental, une localisation établie dès 1722 par le père Sicard et confirmée par les membres de la Commission des sciences et des arts de l'Expédition d'Égypte qui y effectuèrent deux reconnaissances.
Jusqu'à la montée sur le trône de Smendes, premier pharaon de la XXIe dynastie, Tanis n'était qu'une petite bourgade de pêcheurs ; pour la transformer en capitale à la mesure de leur rang, les souverains de la IIIe Période intermédiaire démantelèrent Per-Ramsès, la ville construite sur la branche voisine du Nil par Ramsès II à proximité de l'ancienne capitale des Hyksôs, Avaris, si bien qu'abusés par le nombre de réemplois, les premiers fouilleurs de Tanis se crurent à Per-Ramsès, une erreur confortée par deux passages du psaume LXXVIII (versets 12 et 43) qui situent les miracles de Moïse dans « les champs de Tanis ». Dans la mesure où la pratique des réemplois était monnaie courante en Égypte, Ramsès II avait déjà utilisé pour sa nouvelle résidence de nombreux monuments antérieurs, notamment ceux du Moyen Empire que les Hyksôs avaient déplacés à Avaris ; c'est pourquoi Tanis était au Ier millénaire un véritable musée archéologique.
L'implantation des édifices religieux à Tanis, lesquels ont été constamment remaniés jusqu'à l'époque ptolémaïque, est inspiré du plan de Karnak. À l'intérieur d'une enceinte en briques crues édifiée par Psousennès Ier se dresse le temple principal dédié à Amon, pourvu de son lac sacré et jouxté au nord par le temple de Khonsou, le dieu-fils de la triade thébaine ; le temple de la déesse Mout se trouvé érigé, quant à lui, à l'intérieur de son propre temenos, au sud-ouest. C'est à l'intérieur de l'enceinte du temple d'Amon que Pierre Montet découvrit en 1939-1940 la nécropole royale des XXIe et XXIIe dynasties, qui livre quatre trousseaux funéraires complets — ceux des rois Psousennès Ier, Amenemope (tous deux de la XXIe dynastie), Chechanq II (XXIIe dynastie) et celui d'un haut dignitaire de la XXIe dynastie, le général Oundebaounded — une partie du mobilier de Siamon et Psousennès II (pharaons de la XXIe dynastie) ainsi également que les restes du trésor du prince Hornakht, fils d'Osorkon II (XXIIe dynastie). Cet ensemble exceptionnel d'or et d'argent, dont une partie fut exposée dans les galeries nationales du Grand Palais à Paris en 1987, montre qu'en dépit de l'affaiblissement politique de l'Égypte, la cour de Tanis perpétuait les fastes du Nouvel Empire. La Mission française des fouilles de Tanis, qui a repris les recherches archéologiques sur le terrain depuis 1965, s'est fixé entre autres objectifs l'étude du développement de la ville et de l'histoire du site.
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Écrit par
- Yvan KOENIG : docteur de troisième cycle, chargé de recherche au C.N.R.S, professeur à l'École pratique des hautes études (IVe section)
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