TAPIS
L'époque tardive du tapis d'Orient
Après la fin de la dynastie Safavide dans la première moitié du xviiie siècle la Perse perd sa prépondérance artistique. La ruine de la plupart des manufactures importantes entraîne une dispersion d'éléments décoratifs, venus en particulier de Perse méridionale et orientale, vers le nord-ouest du pays et leur pénétration jusqu'au Caucase. Plus encore que dans les productions de la Perse septentrionale, comme les tapis-jardins ou arbres dans les régions du Caucase, tous les dessins sont poussés dans le sens d'une stylisation rigide et anguleuse. Ici, l'originalité et la puissance décorative créatrice demeurent encore intactes et vivaces jusqu'au xixe siècle dans l'assimilation de ces motifs et, plus tard, de dessins d'Asie Mineure ; plus encore cette originalité est marquée par l'invention de nouveaux thèmes décoratifs, étant donné que bien des productions persanes subissent déjà des influences manifestement européennes.
Outre les dessins provenant du xvie siècle, le type du tapis de prière acquiert une importance particulière en Asie Mineure au xviie siècle. À partir de la reproduction de la niche consacrée à la prière (mịhrāb), les différents centres – comme Ghiordès, Ladik, Koula – créent des motifs particuliers qui, sauf changements mineurs, seront utilisés jusque dans le courant du xixe siècle. Une variation de ce modèle de base est due à la répétition symétrique de la niche des deux côtés dans le sens de la longueur du champ, variante que l'on trouve surtout dans les tapis dits de Transylvanie. Les fabrications des tribus nomades turkmènes ne peuvent être appréhendées avant le xviiie siècle, alors que leur dessin à base d'hexagones et d'octogones ou de losanges est sans aucun doute inspiré de traditions plus anciennes et a assimilé des influences issues de l'Asie Mineure. Si l'impression d'ensemble est déterminée en général par le rouge sombre du fond, selon les tribus les tapis présentent des particularités transmises de génération en génération. Les tapis des régions du Turkestan oriental conservés depuis le xviie siècle trahissent fréquemment l'influence des tapis à points noués du Proche-Orient. En Chine même au contraire, la confection originale de tapis à points noués ne se développe pas avant le xviiie siècle. L'effet d'ensemble est dominé en général par le coloris froid du décor bleu souplement dessiné sur fond jaune sable. De plus grands motifs, parfois à figures, apparaissent en revanche dans le type spécial des draperies placées autour des piliers.
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Écrit par
- Dora HEINZ : directrice de la collection des textiles, Musées autrichiens d'art appliqué, Vienne
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