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TAPISSERIE

La tapisserie moderne (XVIe-XVIIIe s.)

La Renaissance

<it>Le Bain</it> - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Le Bain

Dès les premières années du xvie siècle, les tapissiers de Bruxelles imposèrent leur production de qualité, abondamment enrichie de fils d'or et d'argent, sur le marché et supplantèrent les ateliers de Flandres et du nord de la France, de Tournai et d'Arras principalement, qui avaient livré les plus belles pièces à l'époque précédente. En 1528, le magistrat de Bruxelles obligea les liciers de la ville à tisser dans la bordure de leurs tapisseries leur monogramme et la marque de leur cité composée d'un petit écusson rouge accosté de deux B (Bruxelles, Brabant). Les autres ateliers des Pays-Bas méridionaux connurent une histoire parallèle à celle des ateliers bruxellois. Les tapisseries brugeoises au coloris puissant furent particulièrement remarquées. La production massive de scènes de chasse et de verdures des manufactures d'Enghien et d'Audenarde était destinée à une clientèle aux revenus plus modestes. L'économie des Pays-Bas fut toutefois mise à rude épreuve lors des guerres civiles et religieuses de la seconde moitié du siècle. De nombreux liciers, convertis au protestantisme, furent contraints d'émigrer ; cette émigration se prolongea au cours des siècles suivants. Les Flamands Jean et Nicolas Karcher et Jean Rost furent engagés en 1536 par le duc Hercule II d'Este à Ferrare ; Nicolas Karcher travailla ensuite à la cour de Mantoue, puis avec Rost à Florence, où en 1546 Cosme de Médicis fonda sa manufacture de tapisseries. En 1601, Marc de Comans, licier d'Anvers, et François de La Planche, originaire d'Audenarde, s'associèrent et ouvrirent un atelier à Paris au faubourg Saint-Marcel. L'Électeur de Bavière Maximilien Ier recruta en 1604 des tapissiers d'origine bruxelloise pour établir une manufacture à sa cour. En 1619, lorsque le roi Jacques Ier d'Angleterre confia la direction de la manufacture de Mortlake à sir Walter Crane, ce dernier appela principalement des ouvriers flamands ; les ouvrages de cet établissement, qui brillent surtout par leur qualité technique et l'élégance de leurs bordures, furent particulièrement recherchés par les collectionneurs du xviie siècle.

En 1539, le roi de France François Ier établit une manufacture à Fontainebleau, qui ne servit vraisemblablement qu'à exécuter la tenture de la Galerie de Fontainebleau (Kunsthistorisches Museum, Vienne) ; son initiative fut reprise par Henri II, qui fonda, en 1551, un atelier dans l'hôpital de la Trinité, à Paris, où quelques fabriques privées étaient en activité durant la seconde moitié du xvie siècle. Mentionnons encore les ateliers espagnols de Salamanque et de Madrid, qui livrèrent, durant les vingt dernières années du siècle, sous la direction de Pierre Gutierrez, une production d'une certaine importance.

Si l'art de la tapisserie de la seconde moitié du xve siècle fut dominé par le style de la peinture franco-flamande, le rayonnement de l'art italien allait bientôt modifier la situation. On vit tout d'abord des recours isolés à des modèles tirés de tableaux italiens, comme la Pietà de Pérugin. Mais ce fut Raphaël qui apporta un changement radical dans l'art de la tapisserie en donnant les cartons de la tenture des Actes des Apôtres commandée par le pape Léon X, pour orner les parois de la chapelle Sixtine au-dessous des fresques, et tissée dans l'atelier du licier bruxellois Pierre van Aelst (1515-1519). Les vastes compositions du maître romain, en opposition complète avec les compositions encombrées des tapisseries bruxelloises de la Pré-Renaissance, introduisaient dans la tapisserie le système perspectif mis en place par les peintres de la Renaissance italienne. La tenture de Raphaël connut un immense succès : elle fut maintes fois retissée au cours des siècles[...]

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