- 1. D'« Antarctica » à « Tara »
- 2. Les premières expéditions de « Tara »
- 3. L'expédition « Tara Arctic » (2006-2008) : dix-huit mois de dérive à travers la banquise
- 4. L'expédition « Tara Oceans » (2009-2012) : une exploration de l'écosystème planctonique
- 5. L'expédition « Tara Oceans Polar Circle » (2013)
- 6. La mobilisation en faveur des océans
- 7. Bibliographie
- 8. Sites internet
TARA, goélette
L'expédition « Tara Arctic » (2006-2008) : dix-huit mois de dérive à travers la banquise
Pendant cinq cent sept jours (du 3 septembre 2006 au 21 janvier 2008), Tara et son équipage dérivent au milieu de la banquise pour étudier l'état de la glace, mais aussi celui de l'océan et de l'atmosphère aux abords du pôle Nord. Tara s'est fait volontairement emprisonné par les glaces et a dérivé pendant un an et demi, avec le mouvement de la banquise. Organisée à l'occasion de la quatrième Année polaire internationale (qui s'est déroulée en fait de mars 2007 à mars 2009), cette dérive est couplée au programme scientifique européen Damocles (Developing arctic modelling and observing capabilities for long-term environmental studies) ayant pour mission d'observer et comprendre les effets du réchauffement climatique en Arctique.
Sur les traces du « Fram »
La première dérive arctique a été réalisée par l'explorateur norvégien Fridtjof Nansen lors de l'expédition maritime menée de 1893 à 1896 à bord du Fram, une goélette à trois mâts aux formes rondes et à la coque en bois de plus de 80 centimètres d'épaisseur. Nansen et ses douze équipiers dérivèrent durant trois hivers sans néanmoins atteindre le pôle Nord. Il faudra beaucoup moins de temps à Tara (seulement dix-huit mois) pour réitérer cet exploit historique. Le 11 juillet 2006, Tara quitte le port de Lorient avec à son bord des scientifiques, des marins, un médecin, un cameraman et un opérateur radio russe. À terre, Étienne Bourgois et Jean-Claude Gascard, chercheur à L.O.C.E.A.N. (laboratoire d'océanographie et du climat, expérimentations et approches numériques) et coordinateur du programme Damocles, chapeautent cette mission.
Une fois les 800 de latitude nord atteints, après deux mois de navigation depuis la France, le voilier polaire s'amarre à un floe, une plaque de glace de plus de 15 kilomètres carrés. L'équipage y installe sa base scientifique. Mais la banquise est loin d'être figée. À plusieurs reprises, le floe se disloque, obligeant Grant Redvers, le chef d'expédition, et ses équipiers à déplacer le matériel scientifique et à établir une nouvelle base.
« Tara », une base scientifique au milieu de la banquise
Au cours de la dérive, les scientifiques mènent des études sur les trois éléments qui les entourent : l'air, la glace et l'eau.
Pour l'air, grâce à un ballon d'hélium, les scientifiques obtiennent des informations sur les différentes couches de la basse atmosphère. Ces données concernent la température, le taux d'humidité, la pression atmosphérique et la vitesse et direction du vent. Les chercheurs se penchent aussi sur la chute de la concentration d'ozone à la surface des océans, qui est responsable de la formation d'un « trou d'ozone » en Arctique.
Pour la glace, les scientifiques mesurent, à l'aide de balises disposées aux alentours de Tara, l'épaisseur de la banquise et sa température. Les chercheurs du programme Damocles s'intéressent également à la composition et aux caractéristiques de la neige, parce que celles-ci influent sur les courants marins. Parallèlement, des radiomètres placés à la surface de la banquise permettent de mesurer son albédo, c'est-à-dire son pouvoir réfléchissant. La banquise réfléchit 80 p. 100 du rayonnement solaire. Si la glace vient à disparaître, ces rayons du soleil pénétreront dans l'océan et viendront accélérer le processus de réchauffement des eaux marines.
Pour étudier l'eau de l'océan, une sonde CTD (conductivity, temperature, depth) a été installée à l'arrière du bateau Tara, à près de 4 000 mètres de profondeur. Cet instrument enregistre la température, la salinité et la pression de l'eau. À bord du voilier, des analyses chimiques sont[...]
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Écrit par
- Anna DENIAUD
: journaliste, correspondante d'expédition à bord de
Tara - Christian SARDET
: coordinateur scientifique de l'expédition
Tara Oceans etTara Oceans Polar Circle
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Médias