- 1. D'« Antarctica » à « Tara »
- 2. Les premières expéditions de « Tara »
- 3. L'expédition « Tara Arctic » (2006-2008) : dix-huit mois de dérive à travers la banquise
- 4. L'expédition « Tara Oceans » (2009-2012) : une exploration de l'écosystème planctonique
- 5. L'expédition « Tara Oceans Polar Circle » (2013)
- 6. La mobilisation en faveur des océans
- 7. Bibliographie
- 8. Sites internet
TARA, goélette
L'expédition « Tara Oceans » (2009-2012) : une exploration de l'écosystème planctonique
En septembre 2009, Tara largue de nouveau les amarres à Lorient pour un tour du monde de deux ans et demi. Soutenue par les organismes de recherche nationaux (C.N.R.S., C.E.A.) et internationaux (E.M.B.L., pour European Molecular Biology Laboratory, Laboratoire européen de biologie moléculaire), et de nombreux autres partenaires, l'expédition Tara Oceans a pour objectif de faire une analyse exhaustive des écosystèmes planctoniques marins, cet état des lieux servant de référence pour montrer les effets du réchauffement climatique sur ces écosystèmes. Au cours des 115 000 kilomètres parcourus, l'équipage de Tara a récolté plus de 27 000 échantillons. L'enjeu est majeur pour l'avenir de la planète, puisque le plancton, premier maillon de la chaîne alimentaire des océans, produit aussi 50 p. 100 de l'oxygène sur Terre. On estime également que le plancton séquestre la moitié du dioxyde de carbone rejeté dans l'atmosphère.
Des prélèvements dans tous les océans
Si le parcours de Tara Oceans a été pensé en fonction des vents dominants, afin de limiter au maximum l'utilisation du moteur, son trajet a aussi été choisi par Éric Karsenti, le directeur scientifique de cette expédition avec une vingtaine de coordinateurs scientifiques, dans l'optique d'étudier des milieux et des phénomènes océaniques variés. De la mer Méditerranée à l'océan Pacifique, en passant par les océans Atlantique et Indien, les scientifiques ont croisé sur leur chemin des provinces océaniques distinctes, des zones acides, des déserts océaniques, mais aussi des remontées d'eaux profondes riches en plancton (comme le long des côtes africaines et américaines) ou riches en déchets plastiques comme au centre du gyre (tourbillon d'eau océanique formé d'un ensemble de courants marins) du Pacifique Nord.
Tout au long de ce voyage, à l'aide de sondes placées sous la coque du bateau, la salinité et la température de l'eau sont mesurées. Les données obtenues sont directement envoyées par satellite aux laboratoires partenaires qui guident la mission. Deux à trois fois par semaine, l'équipage de Tara effectue des prélèvements d'eau de mer dans une région océanique bien choisie : centre ou périphérie d'un gyre, zone de mélange d'eaux froides et chaudes... Cet échantillonnage dure de un à trois jours, se poursuivant souvent la nuit. Pour pêcher le plancton, les scientifiques utilisent des pompes et une batterie de filets aux maillages plus ou moins larges, qui sont traînés à différentes profondeurs à l'arrière du bateau. La rosette – instrument constitué par une sonde CTD, une caméra et une batterie de capteurs entourés de bouteilles de prélèvement – analyse et échantillonne aussi l'eau de mer jusqu'à 1 000 à 2 000 mètres de profondeur. Parallèlement, un système de filtration installé dans le laboratoire humide du bord, appelé ainsi car il est situé à l'extérieur sur le pont arrière, permet de collecter les bactéries, les virus et les protistes (organismes unicellulaires possédant un noyau) constituant une large partie de la biomasse marine. Dans le laboratoire sec, installé à l'intérieur de Tara, des instruments d'imagerie, cytomètre et flowcam, analysent les micro-organismes, et des loupes et microscopes, équipés de caméras, permettent d'identifier, de photographier et de filmer le plancton collecté. Les meilleurs documents sont montrés au public, via le site de la mission, pour le sensibiliser aux problèmes des océans.
Lors des missions corail, les scientifiques plongent en bouteille pour prélever des échantillons de récifs. Quatre missions d'études des récifs coralliens et cent cinquante-trois stations de prélèvements[...]
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Écrit par
- Anna DENIAUD
: journaliste, correspondante d'expédition à bord de
Tara - Christian SARDET
: coordinateur scientifique de l'expédition
Tara Oceans etTara Oceans Polar Circle
Classification
Médias