TARAISE (730 env.-806) patriarche de Constantinople (784-806)
Né à Constantinople, Taraise appartient à une famille de l'aristocratie civile qui donnera à l'Église un autre patriarche, son petit-neveu Photius. Son père fut préfet de la ville. L'impératrice Irène prend Taraise pour prôtoasecretis (premier secrétaire), puis en 784, à la faveur d'une vacance provoquée, l'élève de la condition laïque au trône patriarcal. La succession est ingrate : depuis le concile iconoclaste de 754, les relations sont rompues entre les grands sièges apostoliques et celui de Byzance ; au-dedans, l'épiscopat s'est coupé des moines et des traditionalistes.
Irène et Taraise unissent leurs efforts pour en finir avec cette situation. Le patriarche renoue avec la papauté, qui consent à fermer les yeux sur le caractère peu canonique de sa promotion pourvu qu'il assure la restauration de l'orthodoxie. On s'entend pour réunir un concile œcuménique. Le premier, ouvert à Constantinople en août 786, est dissous par l'armée. Un autre commence à Nicée, en septembre 787, et se déroule avec succès. En dépit du nombre considérable des Pères et des attentions accordées aux légats des patriarches, c'est incontestablement Taraise qui conduit les « débats ». Il le fait avec habileté et célérité. Les iconodoules obtiennent satisfaction sur le fond : on leur rend les icônes. Les hésitants sont ménagés : le décret doctrinal du VIIe concile œcuménique est très mesuré ; il est en retrait par rapport aux outrances de la pratique. Les évêques compromis sont accueillis avec compréhension. Enfin, l'honneur de l'Empire et du siège œcuménique est sauf : le pape Hadrien Ier réclamait un retour aux frontières juridictionnelles d'avant l'iconoclasme ; il fut tacitement débouté, personne ne souffla mot de ses doléances.
À peine le concile était-il terminé que l'élite du corps monastique reprocha à Taraise sa faiblesse envers les évêques simoniaques (en fait, presque tous ceux des règnes précédents). Le patriarche louvoya, aux dépens de la réputation du VIIe concile. Les stoudites ne se cachaient pas pour en contester la régularité. Taraise aggrave son cas dans l'affaire du remariage de Constantin VI (795) : il dégage sa responsabilité en laissant le grand économe Joseph le célébrer. Sans doute excommuniera-t-il le prêtre en 797 ; mais, dans l'intervalle, Constantin VI a eu les yeux crevés sur les instructions de sa mère, et Taraise n'a rien dit. En 803, il couronne l'usurpateur qui a renversé Irène, Nicéphore Ier. Son influence est désormais négligeable.
Le pragmatisme peu scrupuleux, et parfois lâche, de Taraise ne doit pas faire oublier l'intégrité certaine de sa foi, son souci de relever le niveau du clergé et de l'institution monastique. Grâce au patriarche, le restaurateur de l'iconoclasme, Léon V, trouvera en face de lui, en 815, un épiscopat courageux et éclairé.
Taraise est un homme d'action, pourvu d'une honnête formation rhétorique et théologique, sans plus. On a de lui une Réfutation de décret de 754, une homélie, des fragments de discours de circonstance, des lettres de fonction et un poème liturgique.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean GOUILLARD : docteur ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)
Classification
Autres références
-
ICONOCLASME
- Écrit par Jean GOUILLARD
- 1 624 mots
...la garnison se laisse épurer par surprise par l'impératrice Irène. En 787, un concile œcuménique, réuni à Nicée, et manœuvré par le patriarche Taraise, casse l'acte de 754 et rétablit les images : elles sont déclarées légitimes par droit de tradition, et leur culte est justifié en considération... -
THÉODORE STOUDITE saint (759-826)
- Écrit par Jean GOUILLARD
- 1 084 mots
Moine et écrivain byzantin, né à Constantinople, au cours de la querelle de l'iconoclasme, dans une caste de fonctionnaires des finances fort attachée aux traditions. Son œuvre témoigne d'une culture générale remarquable pour cette époque d'ordinaire taxée d'obscurantisme : Théodore connaît...