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NASREEN TASLIMA (1962- )

Taslima Nasreen - crédits : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Taslima Nasreen

Écrivaine bangladaise, Taslima Nasreen fut contrainte de s'exiler en raison de ses écrits controversés qui, aux yeux des fondamentalistes musulmans, jetaient le discrédit sur l'islam. Son sort a souvent été comparé à celui de Salman Rushdie, l'auteur des Versets sataniques (1988).

Fille de médecin, née le 25 août 1962 à Mymensingh, dans le Pakistan oriental (auj. Bangladesh), Taslima Nasreen entame à son tour carrière médicale. Gynécologue, elle travaille dans un centre de planning familial de sa ville natale jusqu'à ce qu'elle soit affectée dans une clinique du gouvernement, à Dacca (Dhaka), en 1990. Elle décide de quitter la fonction publique trois ans plus tard.

Auteur de chroniques littéraires, de poèmes et d'œuvres de fiction, Taslima Nasreen commence à publier ses textes à la fin des années 1970. Elle signe des diatribes cinglantes dénonçant la loi islamique et l'oppression à laquelle elle soumet les femmes, les réduisant quasiment à l'état d'objet. Elle se penche de plus en plus sur les abus sexuels, et conteste sans relâche le pouvoir dévolu aux hommes. Ses écrits et son comportement offensent les fidèles les plus croyants et déclenchent leur colère ; en 1992, des fondamentalistes s'en prennent aux librairies de Dacca qui proposent ses œuvres dans leurs rayons. Dès l'année suivante, Taslima Nasreen publie le roman Lajja (1993, Lajja. La Honte), qui décrit la persécution d'une famille hindoue par des musulmans. La fatwa que lancent alors contre elle les chefs religieux du pays suscite l'émoi de toute la communauté internationale.

L'écrivain accroît la fureur des traditionalistes en mai 1994, lorsqu'elle déclare dans un journal de Calcutta, le Statesman, que le Coran « devrait être révisé en profondeur ». Ces propos déclenchent des réactions encore plus véhémentes, certains exigeant même que Taslima Nasreen soit exécutée. Une récompense est offerte à quiconque voudrait la tuer. Taslima Nasreen a beau insister sur le fait que ses mots se référaient à la sharia et non au Coran proprement dit, le tollé général qu'elle a provoqué se poursuit au point que le gouvernement lance un mandat d'arrêt contre elle, invoquant une loi du xixe siècle sur le blasphème. Après s'être cachée pendant deux mois, Taslima Nasreen se présente en août devant la Haute Cour de Dacca ; elle est libérée sous caution et autorisée à conserver son passeport. Quelques jours plus tard, la jeune femme quitte le pays et trouve refuge en Suède. Elle continue à vivre dans la clandestinité, déclarant que, lorsque la situation sera plus sûre, elle retournera au Bangladesh afin de poursuivre sa lutte pour les droits des femmes. Pendant ce temps, le gouvernement bangladeshi demande son extradition. Imperturbable, l'écrivain reprend ses activités de plus belle et déclare en novembre de cette même année que le Coran ne possède qu'une valeur historique.

L'exil de Taslima Nasreen se prolonge cependant après 1994. Elle s'installe en Inde en 2004, mais sa présence y est vivement critiquée par les islamistes. En 2007, des émeutes éclatent dans la ville de Kolkata (Calcutta) lorsque ces derniers demandent à ce qu'elle soit chassée du pays. Placée en résidence surveillée pendant plusieurs mois, Taslima Nasreen se résout à quitter le pays pour les États-Unis en mars 2008, puis pour Paris à partir de février 2009.

Malgré ces événements, l'écrivain continue de publier ses textes. Elle signe ainsi une autobiographie en plusieurs volumes : Amar meebela(1999, Enfance, au féminin), Utalhawa (2002, Vent en rafales), Dwikhandito (2003, également paru sous le titre Ko), SeiSobOndhokar (2004, Rumeurs de haine) et Ami bhalonei, tumibhalothekopriodesh (2006, « Je ne vais pas bien, mais tu te portes comme un charme, mon cher pays »). Taslima Nasreen[...]

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  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Média

Taslima Nasreen - crédits : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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