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TAT (Thematic Apperception Test)

Publié en 1935 par C. D. Morgan et H. A. Murray, le thematic apperception test, dit T.A.T., se compose de reproductions destinées à stimuler la production imaginaire. C'est à la suite d'une cure analytique entreprise avec C. G. Jung et poursuivie avec F. Alexander que Murray, directeur de la Harvard Psychological Clinic, orienta ses travaux dans le sens de la mise au point du T.A.T., influencé aussi en cela par le test de Schwartz, qui comprend une série d'images représentant des garçons dans différentes situations et qui est employé pour l'expertise de jeunes délinquants (Detroit, 1932).

Le T.A.T. comporte trente et une planches : dessins, photographies, reproductions. Le sujet étant invité à raconter librement une histoire pour chaque planche, ce test a pour ambition de révéler « certaines composantes fondamentales de la personnalité : pulsions, émotions, sentiments, complexes et conflits [...], les tendances refoulées que le sujet ou le malade se refuse de reconnaître ou est incapable d'admettre parce qu'ils sont inconscients ».

Dans son ouvrage principal, L'Exploration de la personnalité (Explorations in Personality, 1938), Murray expose la théorie des « besoins et pressions » qui préside aux interprétations du matériel du T.A.T. : en imaginant telle ou telle histoire, le sujet s'identifie à un héros par l'intermédiaire duquel il exprime ses propres besoins ; ce héros entre en interaction avec d'autres personnages qui représentent les forces du milieu familial et social dont le sujet ressent la pression. Le heurt entre les besoins et les pressions détermine des conflits dont il importe de connaître la nature et le mode de solution. L'analyse du contenu des récits se fait alors d'après cinq registres : les motivations et sentiments du héros ; les forces de l'entourage exerçant leur influence sur le héros (agression, affiliation, domination...) ; le déroulement et le dénouement de l'histoire (style de conduite du héros, manière dont se produit le dénouement, volonté du héros) ; nature du thème qui constitue l'unité dramatique du récit ; intérêts et sentiments du héros à l'égard des images maternelles, ou paternelles, etc. Outre cette analyse du contenu, Murray propose une analyse formelle, mais celle-ci demeure très superficielle : elle intéresse la construction du récit, la justesse des perceptions, le style, les détails, etc.

Ces lignes d'interprétation ont été plus ou moins modifiées et complétées par différents auteurs, notamment Tomkins, Bellak, Ombredane, Shafer, Shentoub, Piotrowski. Shafer, aux États-Unis, fut un des premiers à mettre l'accent non plus sur l'analyse des thèmes mais sur l'analyse des éléments formels ou éléments d'organisation du récit, lesquels sont pour lui seuls capables de contribuer à l'établissement du diagnostic différentiel. C'est aussi ce que tendent à montrer, en France, dans ses travaux sur le T.A.T., V. Shentoub pour qui considérer le contenu thématique seul, les « besoins pressions » et les conflits qui en résultent, n'apporte pas grand-chose à la connaissance d'un individu. Par là, en effet, on ne peut atteindre que des données universelles et banales telles que le complexe d'Œdipe ou la rivalité fraternelle. Plutôt que la problématique d'un sujet, mieux vaut donc chercher à connaître la manière dont il s'en sert et s'en défend, autrement dit quels sont ses mécanismes de défense et quelle en est l'efficacité. Ces modifications dans l'interprétation du T.A.T. correspondent peut-être à une certaine évolution de la psychanalyse : de même que celle-ci a commencé par s'intéresser au refoulé et à l'inconscient pour en venir, chez certains, à se préoccuper surtout du moi et des mécanismes de défense, de même le T.A.T., avait pris en considération d'abord les thèmes puis, par priorité, la structure de l'histoire et de tel comportement fictif.[...]

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