TAUX D'INTÉRÊT
Les taux d'intérêt à long terme
Les taux d'intérêt à long terme se forment selon l'offre et la demande sur le marché obligataire, les banques centrales n'intervenant pas sur ce marché. Les entreprises et les États empruntent des fonds sur ce marché, principalement sur des maturités allant de 5 à 30 ans ; les épargnants, ménages, fonds de pension, investisseurs financiers y placent leurs fonds, en espérant un rendement plus élevé que sur le court terme.
Le lien entre taux d'intérêt et prix des obligations
Une obligation est un titre de dette émis à maturité longue, par exemple 10 ou 20 ans, et qui rapporte chaque année un intérêt dit « coupon ». Le coupon versé dépend des taux d'intérêt du marché au moment de l'émission. Lorsque les taux d'intérêt se modifient, le prix de l'obligation fluctue. Supposons une obligation de valeur faciale de 100 euros, de maturité de 10 ans par exemple, qui donne droit à recevoir un versement de 5 euros par an : son taux de rendement à l'émission est donc de 5 p. 100. Supposons que peu après l'émission, le taux d'intérêt des obligations à 10 ans ait augmenté, si bien que les emprunteurs doivent maintenant proposer un taux de 6 p. 100 pour arriver à lever des fonds. Notre obligation devient alors moins intéressante pour les épargnants, et sa revente sur le marché secondaire est soumise à une décote. Au lieu de valoir 100 euros comme précédemment, son prix baissera de façon à ce que son achat aujourd'hui procure exactement le même rendement que les 6 p. 100 du marché. Les prix des obligations dépendent donc négativement des taux d'intérêt et varient continûment de façon à ajuster exactement les rendements aux conditions de l'ensemble du marché. Ces conditions dépendent de l'arbitrage avec les marchés de court terme.
La théorie des anticipations
L'évaluation des prix d'actifs repose toujours sur le principe de l'arbitrage. L'arbitrage est une opération qui vise à réaliser un profit en tirant parti de la différence entre les rendements attendus sur les différents placements. En l'absence d'aversion pour le risque, ces opérations pratiquées par un grand ensemble d'agents conduisent à égaliser les rendements attendus entre les différents actifs. Si un placement était considéré plus rentable qu'un autre, tous les agents se le procureraient, ce qui ferait monter son prix et baisser son rendement, jusqu'à rétablir la parité.
Il en est de même entre le taux des obligations et les taux courts. Considérons le rendement d'une obligation d'un État, dont le risque de non-remboursement est négligeable, et des agents neutres vis-à-vis du risque. Dans ce cas, le rendement annuel d'une obligation de maturité n années doit être égal au rendement moyen anticipé obtenu en plaçant la même somme à court terme pendant n années consécutives.
Dans cet arbitrage, un terme est connu aujourd'hui – le taux de rendement de l'obligation sur n années, mais l'autre est inconnu : personne ne sait en effet ce que sera le taux à court terme dans les prochaines années. Ce terme doit donc être anticipé. Ainsi, le taux d'intérêt d'une obligation à n années est égal à la moyenne des taux à 1 an anticipés pour les n années suivantes.
Ce raisonnement est valable à toutes les maturités et toutes les périodes : un placement à 1 an doit aussi rapporter le même rendement anticipé qu'un placement renouvelé sur le marché monétaire chaque mois pendant un an. Comme les taux d'intérêt à court terme sont déterminés par la politique monétaire, les anticipations des taux à court terme reviennent à prévoir ce que sera la politique monétaire dans les périodes futures. Les intervenants de marchés suivent donc assidûment les déclarations des banques centrales,[...]
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Écrit par
- Virginie COUDERT : conseiller scientifique, direction de la stabilité financière, Banque de France, professeur associé, université de Paris-XIII
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