TAXALES
Appareils reproducteurs
Ce n'est que chez de rares exemplaires de Cephalotaxus que l'on observe la coexistence des deux sexes (monécie) ; ailleurs, la régression évolutive de l'autre sexe rend tous les individus unisexués (dioïques). Les inflorescences ont, elles aussi, tendance à se simplifier. Les plus complexes, celles de Cephalotaxus, sont ramifiées jusqu'au troisième degré, en particulier dans les formes fastigiata du C. drupacea. Dans ce genre, dont le nom évoque la tête que forme le regroupement des sacs polliniques, les inflorescences mâles forment de petits cônes à l'aisselle d'une feuille ; chacun comprend un axe principal A1 portant des écailles stériles à la base et constituant un périanthe rudimentaire que l'on retrouve chez toutes les Taxales ; puis ces écailles se transforment en bractées axillant des axes secondaires A2 staminés avec lesquels elles se soudent ; enfin elles remplacent ces axes pour devenir les homologues de filets staminaux. Chez l'Amentotaxus et l'Austrotaxus, les appareils mâles sont des chatons (ramifiés 2 à 4 fois dans le premier genre) constitués de nombreuses bractées (12 à 15) axillant chacune une fleur monostaminée. Le nombre des bractées n'est que de 3 ou 4 chez le Nothotaxus. Chez le Torreya et l'if, les étamines, peltées chez ce dernier, sont toutes insérées en un même point au sommet de l'axe et portent à leur face inférieure des sacs polliniques (3 à 5 chez le Torreya ; 6 à 10 chez l'if).
Au sein des sacs polliniques (microsporanges) se forme un pollen aux grains bicellulaires (Cephalotaxus, Torreya) ou unicellulaires (if) toujours globuleux, à exine finement grumeleuse, sans ballonnets et dispersés par le vent.
Les tubes polliniques, émis lors de leur germination, représentent des gamétophytes mâles réduits à une anthéridie comportant une enveloppe unicellulaire (la cellule tube), une cellule socle (spermatogène stérile) et deux spermatozoïdes constitués soit de deux cellules associées (Cephalotaxus), soit de deux noyaux libres semblables (Torreya) ou dont l'un est déjeté (if). Ces faits reflètent une sexualisation de plus en plus précoce du gamétophyte mâle et annoncent la suppression de la mitose du noyau spermatogène ; celui-ci et le noyau socle constitueront les deux noyaux spermiques angiospermiens.
L'appareil femelle constitue encore un petit cône chez le Cephalotaxus, formé d'un axe principal A1 et de plusieurs axes secondaires portant chacun un ou deux ovules ; chez le Torreya, l'axe principal a disparu et il ne subsiste que deux axes secondaires uni-ovulés ; chez l'if, l'axe A1, porteur d'écailles à phyllotaxie spiralée, n'émet plus qu'un seul axe secondaire, à écailles décussées, uniovulé.
Les ovules des Taxales sont orthotropes et mesurent 1 à 2 mm. Au moment où les sacs polliniques (microsporanges) dispersent leur pollen, leurs homologues femelles, les nucelles (macrosporanges), ébauchent une déhiscence : le sommet du nucelle se corrode et produit une gouttelette mucilagineuse qui fait saillie sur le micropyle, augmentant beaucoup sa surface de réception. Lorsque des grains de pollen spécifiques viennent adhérer à ces gouttelettes, elles se résorbent (par un mécanisme encore inexpliqué), entraînant les grains de pollen au contact du nucelle. Seuls les ovules pollinisés poursuivent leur développement. La macrospore est à l'origine d'un gamétophyte femelle relativement développé (11 mm × 4 mm) chez le Cephalotaxus, très réduit (0,8 mm) chez le Torreya et l'if et comportant de un à douze archégones très différenciés chez le Cephalotaxus, beaucoup moins, car précocement fécondables, chez le Torreya ; chez l'if, le noyau ventral du canal n'est pas formé, et c'est la cellule centrale qui joue le rôle d'oosphère.
Selon[...]
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Écrit par
- Michel FAVRE-DUCHARTRE : professeur de botanique à la faculté des sciences, université de Reims
Classification
Média