TAXIES
Une des caractéristiques marquantes des animaux est leur activité motrice : mouvements partiels d'une région du corps, mouvements complexes aboutissant aux déplacements d'ensemble par rapport à l'environnement. Cette propriété dérive de l'irritabilité fondamentale du protoplasme, que Claude Bernard a, le premier, distinguée nettement des autres aspects du métabolisme cellulaire. Dans un certain nombre de cas, la forme de ces mouvements n'est tributaire que des fonctions neuromusculaires dont dépend le déplacement des éléments squelettiques ; mais très souvent l'organisme révèle ainsi les relations spatiales strictes qu'il entretient avec le milieu dans lequel il vit. Ces relations peuvent se traduire simplement par la localisation ou la position de l'individu vis-à-vis des facteurs abiotiques, mais elles peuvent également s'exprimer dans la manière dont le prédateur parviendra à rejoindre sa proie, le mâle sa femelle, le parent son jeune. Il est nécessaire de chercher quand et comment s'établissent de tels déplacements orientés, auxquels les éthologistes modernes réservent le nom de taxies. Il faut ensuite découvrir quels sont les mécanismes nerveux capables de récolter et d'utiliser les informations en provenance du milieu et de les transformer en ordres moteurs. Cependant, la manière dont les chercheurs ont abordé ces études diffère suivant les écoles philosophiques auxquelles ils se rattachent. Les mécanistes ont voulu faire des comportements dits « élémentaires » la forme la plus simple et la plus facile à interpréter des actes des animaux et ils ont tenté d'expliquer l'ensemble de l'activité par une recombinaison de ses éléments. Les finalistes, par contre, y ont recherché les mêmes caractères de complexité qu'ils trouvaient dans les activités globales supérieures. C'est ainsi qu'est née au début du xxe siècle la querelle des « tropismes » qui a obscurci pour cinquante ans l'analyse des comportements d'orientation parce que chacun a voulu apporter sa pierre à un édifice construit sur de mauvaises bases et parce que personne ne s'est soucié de définir les aspects écoéthologiques du problème. Fort heureusement, la querelle est aujourd'hui dépassée et les comportements d'orientation trouvent la place qu'ils méritent dans les travaux modernes.
Les origines
Sous l'impulsion du cartésianisme qui distingue l'animal de l'homme grâce à l'automatisme qui caractériserait le premier, et à la suite de l'anthropomorphisme à la G. J. Romanes qui prête à tous les êtres vivants les modes de comportement humain, au cours de la seconde moitié du xixe siècle se dégagent quelques efforts d'objectivité. On commence à s'intéresser aux facteurs de l'environnement qui sont à l'origine des réactions des êtres vivants et, dans cette perspective, des chercheurs comme Paul Bert, F. Plateau, G. Graber peuvent être cités parmi les pères de la psychophysique. Sir John Lubbock, dont l'œuvre concernant les Insectes sociaux est considérable, ouvre la voie aux interprétations objectives, même si, comme les auteurs susmentionnés, il conserve encore souvent une terminologie anthropomorphique.
Ce sont toutefois les botanistes qui, dès le début du xixe siècle, ont ouvert la voie dans laquelle vont s'engager les zoologistes et, le premier, Jacques Loeb. Dès 1806, T. A. Knight jette les fondements de l'interprétation scientifique des réactions des plantes à l'action de la pesanteur ; A. P. de Candolle (1832) décrit pour sa part les effets de la lumière sur les végétaux. Mais c'est à J. Sachs (1887) que revient le mérite de l'énoncé des trois lois fondamentales de l'action de la lumière solaire sur les plantes (héliotropisme). À peu près simultanément, O. Strasburger[...]
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Écrit par
- Gaston RICHARD : professeur à la faculté des sciences de Rennes
Classification
Médias
Autres références
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ORIENTATION ANIMALE
- Écrit par Georges THINÈS
- 6 633 mots
- 3 médias
...particulier lorsque l'animal exécute des mouvements de correction pour amener la ligne de regard dans la direction du stimulus avec une précision accrue. Dans les comportements taxiques, la réaction intéresse toujours l'ensemble de l'organisme ; de plus, dans toute taxie véritable, la locomotion et l'orientation... -
VARIATION, biologie
- Écrit par Jean GÉNERMONT
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Dès la fin du xixe siècle, des éléments simples du comportement animal furent mis en évidence, des réactions d'orientation, ou taxies, vis-à-vis d'un facteur physique ou chimique (lumière, température, concentration en oxygène, etc.). On connaissait par ailleurs des réflexes...