TAXIES
Les organes sensoriels et l'intégration nerveuse
Pour répondre de façon orientée aux stimuli en provenance de l'environnement, l'animal doit posséder des mécanismes recevant et codant les informations du milieu extérieur, des mécanismes permettant de modifier sa position spatiale dans l'environnement et des mécanismes assurant la liaison entre les deux premiers.
Les mécanismes récepteurs d'information ne peuvent être analysés ici dans leur fonction de codage. Seules seront évoquées les structures d'intégration qui permettent à l'animal d'effectuer une discrimination dans ses réceptions et d'organiser ses mouvements orientés en séquences cohérentes.
Les éléments périphériques de cette intégration sont de deux sortes : ceux qui assurent des analyses par comparaison lointaine entre les excitations de deux récepteurs de même nature, voire de localisation symétrique ; ceux qui assurent des analyses par comparaison proche des états d'excitation ou d'inhibition de deux cellules ou groupes de cellules voisins. Beaucoup de partisans de Loeb ont cru montrer cette importance d'éléments sensoriels à fonctionnement comparatif en procédant à des vernissages totaux ou partiels d'un ou des deux yeux de leur animal en expérience. Cette suppression d'organes produit souvent une anomalie dans la réponse orientée (mouvements tournants), mais, d'une part, beaucoup d'animaux sont susceptibles de récupérer un comportement normal soit par suite de répétitions de l'excitation dissymétrique, soit grâce à une compensation liée à d'autres organes (Rabaud, Buddenbrock), et, d'autre part, il est certain que les organes sensoriels ne sont pas seulement utilisés pour effectuer des mesures absolues de l'environnement externe. Le principe de réafférence d'E. von Holst et H. Mittelstaedt leur prête également le contrôle des déviations, des erreurs qui se manifestent à la comparaison entre le mouvement commandé à réaliser et le mouvement en cours de réalisation : cela leur ferait jouer le rôle de réglage des feedback dans le servomécanisme constitué par l'animal qui effectue un déplacement orienté.
De très nombreuses expériences et mesures réalisées sur la perception visuelle (comportement optomoteur : Buddenbrock, B. Hassenstein, G. Birukov...) ou chimique (D. Schneider, Claudine Masson) permettent de situer ces phénomènes.
Bien des auteurs se sont demandé par quels mécanismes pouvaient se combiner les divers comportements taxiques dans le cadre écologique évoqué plus haut. Depuis K. von Frisch, on sait que les Abeilles butineuses sont capables d'établir une liaison à valeur communicative entre l'orientation de leur trajectoire horizontale hors de la ruche par rapport au soleil et celle de leur trajet rectiligne par rapport à la pesanteur, dans la ruche, au cours des « danses ». D. M. Vowles (1954) a recherché avec des Fourmis, qu'il orientait tantôt par un faisceau lumineux, tantôt par la composante gravifique d'un plan incliné, un modèle de ce comportement des Abeilles. Ayant remarqué la liaison automatique entre l'orientation prise sous l'influence d'un de ces facteurs et l'orientation prise sous l'influence de l'autre, Vowles postule l'existence dans le système nerveux de « centres taxiques » chargés, dans les régions ganglionnaires d'intégration, de composer les divers éléments de réponse aux facteurs du milieu. Ces centres sont restés hypothétiques. Cependant, les travaux de l'école allemande (Mittelstaedt, Hassenstein...), au milieu du xxe siècle, ont fait progresser nos connaissances sur les moyens sensoriels et centraux de l'intégration nerveuse des comportements orientés.
Quelles que soient les localisations nerveuses en cause, on peut assurer que le rôle des centres[...]
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Écrit par
- Gaston RICHARD : professeur à la faculté des sciences de Rennes
Classification
Médias
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