TAXILA
Les villes de Taxila
Bhir Mound
Sur la rive gauche du Tamra nala, Bhir Mound est la grosse bourgade assez fruste dont l'aspect sale et désordonné choqua Alexandre ! Elle est construite en pierre mais l'appareillage en est grossier. Les toits de chaume reposent sur des colonnes de bois dont la base en pierre s'enfonce dans le sol des petites cours intérieures. Les puits et le dispositif d'évacuation des eaux sont encore rudimentaires. Les habitants ont perdu depuis longtemps les traditions architecturales des civilisations harappéennes, mais ils témoignent d'un certain sens de la polychromie : les murs des maisons, recouverts de stuc ou de terre battue, sont peints de vives couleurs.
Sirkap
Abandonnant le site primitif, selon la coutume ancienne, les Gréco-Bactriens, au iie siècle avant J.-C., franchissent la rivière et établissent la nouvelle cité au pied et au flanc de la colline Hathial. Cette dernière se trouve en partie enfermée dans des gros murs de pierre à l'appareil plus soigné, renforcés de bastions carrés ou polygonaux. Les Parthes, au ier siècle après J.-C., élargiront la cité vers la colline, et, étalée dans la plaine au pied d'une acropole fortifiée, elle présentera alors le plan géométrique des villes hellénistiques. Les rues sont larges et bordées de boutiques. Les maisons spacieuses possèdent un certain confort. Des temples et des stūpa s'élèvent dans la ville. Tel le grand temple absidal sur le modèle des caitya rupestres indiens, ou le stūpa dit « de l'aigle à deux têtes », au décor syncrétiste. Ailleurs on distingue, dans les ruines arasées, un palais aux pièces plus vastes qui rappelle les dispositions des palais iraniens, et sur la colline, derrière la citadelle, on imagine les vestiges du palais où, selon la légende, Gondopharès reçut Thomas l'Incrédule.
Aux portes de Taxila, dominant la route des caravanes, un temple insolite se dresse à Jandial : le plan de ce temple est grec, et son portail est orné de quatre colonnes aux chapiteaux ioniques ; on l'attribue à un culte étranger, peut-être au culte du feu des sectateurs de Zoroastre ; on suppose en effet que, sur son naos, particulièrement renforcé, s'élevait une tour qu'on apercevait de très loin (fin du ier s. av. J.-C. ou début du ier s. apr. J.-C.).
Sirsukh
La troisième ville de Taxila, qui s'étend au nord des deux premières, date du iie siècle après J.-C. ; elle est d'époque Kuṣāṇa. Elle n'a malheureusement pas pu être étudiée car ses ruines se trouvent dissimulées sous des villages et des cimetières musulmans. On a seulement dégagé la muraille sud, scandée par des tours semi-circulaires, typiques de l'architecture des Kuṣāṇa.
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Écrit par
- Francine TISSOT : chargée de mission des Musées nationaux, musée Guimet
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...qu'Alexandre soumettait les vallées subhimalayennes où il s'imaginait suivre la trace du dieu grec Dionysos, Héphæstion préparait le franchissement de l'Indus. L'armée réunie fut ensuite hébergée par le roi de Taxila. Puis il fallut affronter Porus, retranché derrière le fleuve Hydaspe (Jhelum) avec ses chars... -
MAURYA
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