TAXILA
Les monastères
Les monastères et les stūpa bouddhiques de Taxila témoignent de la vocation religieuse de la cité. Le plus ancien, le dharmarājika stūpa a peut-être été élevé par le roi Aśoka lui-même, sur les cendres véritables du Buddha historique. Tel qu'on le voit aujourd'hui, reconstruit quatre fois jusqu'au vie siècle après J.-C., il présente pourtant les formes des très anciens stūpa de Sāñcī : dôme très plat, soubassement peu élevé, atteint par quatre volées de marches et qui supporte le couloir de circumambulation. Il est entouré d'une multitude de chapelles pour les images (certaines sont absidales), de stūpa votifs et de monastères. Que ceux-ci se trouvent près du Dharmarājika, dans l'intérieur des murs de Sirkap (Kunala) ou dans les vallées retirées de la colline Hathial, ils présentent toujours un plan semblable et répondent aux mêmes besoins des moines : une cour publique pour le stūpa principal, les stūpa votifs et les chapelles contenant les images ; séparées mais très voisines, une ou plusieurs cours privées bordées de cellules d'habitation pour les moines, avec puits et piscine, cuisine, salles de réunions et bibliothèque. Ces monastères, de dimensions souvent réduites, se trouvent à Jauliān et à Mohra Moradu, à Kalawan et à Giri, à Pipala et à Bhamalā et dans bien d'autres endroits (Hiuan Tsang, au viie s. apr. J.-C., parle de 1 000 ou 1 500 monastères dans la région). Ils sont couverts d'un décor de schiste ou de stuc, et les images qui représentent le personnage du Buddha y sont des témoins précieux de l'art du nord-ouest de l'Inde, dit art du Gandhāra. Certaines de ces statues, malgré leur fragilité, sont encore en place, en particulier à Jauliān ; les artistes ont su tout à la fois garder l'esprit profondément religieux des représentations du Buddha et exprimer le charme quotidien des petits personnages qui illustrent certains épisodes de la légende bouddhique. Certaines figures étant des portraits, il est possible d'identifier les différentes ethnies qui se croisaient sur la route des caravanes.
Taxila a livré un ensemble irremplaçable d'objets de toutes sortes (la plupart sont conservées au musée installé à Taxila par les soins du Service archéologique du Pakistan) : céramique, petits bronzes d'inspiration hellénistique, objets de toilette, de ménage, jeux, bijoux d'or et perles de toutes matières, qui permettent d'évoquer avec plus de réalité la vie du peuple de la ville.
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Écrit par
- Francine TISSOT : chargée de mission des Musées nationaux, musée Guimet
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